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  • Avant les Français, l'Algérie peine à créer une «fausse identité en falsifiant les faits»

                                                                              drapeau-du-maroc-image-animee-0008

                                                     

                                                                 la «cohérence et l’inébranlabilité» à l'Algérienne!.

    En politique générale, On ne doit pas dire n’importe quoi. On doit peser ses mots, du fait que, ce n’est pas grave de dire la chose et son contraire. Bref, quand on est une personne publique, on doit faire attention, et se dégager des banalités qui n’engagent à rien. Autrement dit, il faut respecter soi-même, évitant de répéter, bêtement, ce qu'on dit de mal de «la grandeur ancestrale du Maroc».

    Ce concept de culture générale, n'est pas éduqué aux K'argholi¹, il est méconnu en Algérie. c'est pour cela que le régime algérien s’est enfoncé dans un profond trou dans l’histoire, à la recherche d’une identité perdue, avec laquelle construire sa légitimité en tant que régime qui a tué 250 000 Algériens au cours de la Décennie noire (1991-2002).

    C’est le même système qui cherche également à légitimer un État algérien que l’homme politique algérien Noureddine Boukrouh décrit comme ayant été établi grâce à « l’immigration illégale dans l’histoire », et dont la préservation de la mémoire est le plus grand ennemi de son existence.

    Le régime militaire au pouvoir depuis 1965, lorsque Boukharouba, dit Boumediene, renversa Ahmed Ben Bella, qui fut le premier président civil après l'indépendance du pays de la France en 1962, est toujours ancré dans la mentalité de la période d'avant la chute du mur de Berlin, et vit dans un état de confusion identitaire, qui l'a rendu… Une lutte acharnée avec l'histoire, et un voyage à la Don Quichotte pour chercher sous chaque brin de paille l'identité perdue d'une «entité dite algérienne» .

    Le psychologue James Marcia affirme que l’identité est une «construction interne qui représente la somme des croyances, des capacités, des motivations et de l’histoire de l’individu». Plus cette construction est solide, plus l’individu est conscient de son caractère unique et de sa similitude avec les autres . Plus cette construction est faible, plus l’individu est confus quant à son identité. » Ce qui le distingue des autres, et plus il devient dépendant de sources extérieures pour s’évaluer et se découvrir.

    C’est une abréviation de ce que vit l’Algérie. Une crise identitaire profonde, et pour compenser ce terrible défaut dans la structure historique de l'individu et du groupe en Algérie, le régime militaire a eu recours à la culture de la rente identitaire pour créer une « identité nationale », après avoir réalisé que le peuple algérien était « affamés » d’une histoire sur laquelle fonder leur expression. Ou tout simplement, il s’agit d’un peuple qui vit une crise d’identité, qui est «un événement en développement dans lequel une personne ne sait pas avec certitude qui elle est», selon le fondateur du concept d’identité, le psychologue Erik Erikson, qui croyait que :

    «La formation de l’identité et la définition de ses traits comptent parmi les crises les plus importantes que traverse un individu» Ou comme l’a dit l’homme politique algérien Noureddine Boukrouh, candidat à l’élection présidentielle de 1995 : « L’Algérie a instauré une culture d’idées rentières. »

    C'est le même concept exprimé par le président français Emmanuel Macron en octobre 2021 lorsqu'il a accusé le régime militaro-politique algérien de créer une « rente mémorielle », lui rappelant qu'« il n'y avait pas de nation algérienne avant le colonialisme français », et que le discours sur l’existence d’une nation avant ce colonialisme n’est qu’une « illusion ».

    L'expression de Macron s'inscrit dans le prolongement de faits historiques déjà confirmés en 1959 par l'ancien président français, le général Charles de Gaulle, lorsqu'il avait déclaré que «depuis le début de l'histoire, il n'y a jamais eu d'État algérien souverain». Une expression très claire qui parle vrai et met à nu les Algériens qui s'en vantent, faussement, avoir une identité incontestablement particulière.

    Et que le pays a été envahi par les empires les uns après les autres tout au long de son histoire, en disant dans ce contexte : « Les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabes du Levant, les Arabes de Cordoue, les Turcs et les Les Français sont tous entrés dans ce pays les uns après les autres, et il n’y a eu d’État algérien à aucun moment ni d’aucune façon.

    Parce que l’État algérien n’a été créé qu’en 1962, et qu’il est un mélange de races et d’ethnies telles que les « K'raghla », terme qui désigne la lignée mixte d’hommes et de femmes turcs qui ont habité l’Algérie et qui sont issus des tribus amazighes, arabes, mozabites et Les Européens qui ont été amenés par les colonialistes successifs sur cette terre, le régime a travaillé sur l'illusion, créant une «fausse identité qu'il considère historique» au lieu de construire l'être humain selon la diversité humaine et ethnique du pays après l'indépendance.

    Et il est entré dans une sorte de démence historique, où il a parlé d'un faux (..) million et demi de martyrs" pendant la révolution algérienne, une déclaration prononcée, à la légère, par Gamal Abdel Nasser, que les Algériens ont transformé en "document historique". Le président actuel, Abdelmadjid Tebboune, a inventé le chiffre de 3,5 millions de martyrs , portant le total à cinq millions de martyrs !

    Ainsi, l'inflation de l'ego et le vide intellectuel et historique sont devenus une culture établie du régime militaire algérien, et le peuple l'a adopté au fil des années après avoir rempli sa conscience d'illusions historiques devenues sacrées, ainsi ils ont cru que le caftan, le zellij , les ahidous et l'art grenadier... sont un patrimoine culturel algérien, et que leur pays est le « pays des cinq millions de martyrs » et « la Mecque des révolutionnaires ».

    Avec ce fantasme, le régime militaire au pouvoir a transformé toutes les préoccupations du peuple algérien en une recherche de savoir si « le morceau de Zlih, le caftan et les tambourins des danseurs d'Ahidous » sont « un patrimoine algérien volé », jusqu'à ce que l'Algérien dépense son argent pour se nourrir. jour dans une recherche permanente et légendaire de qui il est, de ce qu'il possède, et de ce qu'il ne possède pas, quelles sont ses racines historiques, et où est son identité ?

    C'est le disque que les médias algériens répètent des milliers de fois par jour, et les hommes politiques du pays en parlent avec une conviction qui est sourde jusqu'à la moquerie, ce qui a fait dire à l'écrivaine française Céline Pina que les médias algériens sont «plongés dans la haine», ajoutant : “Si l’élite algérienne est à ce bas niveau, imaginons le reste du monde.” Comment va le peuple ?

    Colonisations en abondance : Pendant 315 ans (1515-1830) la domination Turque a façonné l’héritage historique laissé à la société algérienne actuelle, bien plus que la présence durant 132 ans des Français. Elle a aussi modelé des formes d’administration, de rapports à l’autorité tyrannique, et une économie bâtie sur la rente et les magouilles, la loi du plus fort et le rançonnage. Une période sur laquelle revient l’historien hollandais Olfert Dapper dans un ouvrage publié en 1686.

    Avant la France, Alger est un patelin de bandits frappé par la rigueur d’un urbanisme claustrophobe et la brutalité d’un système politique où la piraterie et la corruption structurent la vie quotidienne. C’est ce qui ressort de la centaine de pages consacrées à la régence d’Alger par l’historien hollandais Olfert Dapper dans «Description de l’Afrique», publié en flamand en 1686 à Amsterdam.

    Dans une atmosphère de méfiance permanente, Alger du 17ème siècle se dresse comme une cité inhospitalière, où la rareté de l’eau et l’architecture cloisonnée témoignent d’une volonté de défense extrême. Entre citernes d’eau presque potable et murailles, la régence turque impose un urbanisme rigoureux, tandis qu’un pouvoir militaire– incarné par des janissaires et des officiers corrompus– structure une économie du pillage. Loin d’être un havre pour les voyageurs, la ville se mue en forteresse où la piraterie devient un instrument d’enrichissement et de domination...

    Alger inconfortable et cloisonnée...Au 17ème siècle, sous la régence turque, Alger se présente comme une ville dénuée d’eau: «il n’y a ni fossé ni puits d’eau douce; on y apporte l’eau de dehors et on la conserve dans des citernes», écrit Olfert Dapper. Par ailleurs, c’est une cité cloisonnée, «en forme d’amphithéâtre sur la pente d’une montagne», et cernée par des murailles destinées à protéger la vocation corsaire de son gouvernement. 

    Ses rues, qui «vont en penchant» et «si étroites qu’à peine deux hommes y peuvent passer de front», témoignent d’un urbanisme particulier. Les 13.000 ou 15.000 maisons d’Alger, dit l’auteur, «sont toutes fort petites» et abritent, dans chacune, «d’ordinaire cinq ou six familles».

    Sous le règne des Turcs, «il n’y a point de jardin derrière les maisons, ils sont tous hors de la ville». Le seul édifice qui offre un rare espace de verdure dans cette cité aux contours rigoureux est le Palais du Bacha, «qui est au milieu de la ville (…) et possède des jardins et aussi deux cours, dont la plus grande a 30 pieds en carré».

    La mer en face, unique horizon ouvert sur le monde, fait peur aux habitants et ne signifie pas, comme pour les autres humains, le voyage et la liberté. C’est plutôt le lieu des tragédies et des corsaires, qui brulent les vaisseaux européens, volent, violent les femmes, enchainent les hommes.

    Les visiteurs sont très rares: «Il n’y a ni logis ni auberges dans Alger; de sorte que les Turcs et les Mores qui y passent, sont obligés d’aller loger chez quelqu’un de leur connaissance.» Dans une ville dédiée pendant des siècles à la course et la piraterie en mer, la méfiance prime sur toute hospitalité, traduisant l’héritage d’un passé en perpétuelle alerte, semblant avoir renoncé aux voyageurs.

    On y trouve par contre «beaucoup de cabarets (maisons closes, NDLR) et de rôtisseries» que «les esclaves chrétiens tiennent au nom de leurs maitres». Les janissaires et les Turcs de passage «s’y vont divertir pêle-mêle, et on ne cesse pas de s’y enivrer tous les jours».

    Au royaume des milices et des pirates d’esclaves...Les 3.100 familles mores (Berbères et Andalous artisans et commerçants) sont dominées et surveillées par «la milice des janissaires composée moitié par les Turcs et moitié par les renégats (esclaves chrétiens qui se sont convertis à l’islam pour servir les régents turcs)».

    La cité «est présentement tout entière entre les mains des officiers de la milice, et comme la forme du gouvernement d’Alger est tyrannique, les habitants haïssent extrêmement ceux qui l’exercent», fait savoir Olfert Dapper à son époque. Et de préciser que «le conseil d’État n’est composé que des officiers et des janissaires turcs». Quand un grand nombre de «Turcs naturels» meurent, et que la démographie à Alger est compromise, le régent en ramène «de Constantinople, ou enrôle dans le Levant les premiers qu’on trouve, qui ne sont parfois que des bergers, ou des pauvres ouvriers».

    Les revenus de la ville «proviennent en partie du butin que font les corsaires sur les chrétiens, dont le Bacha tire la septième, et en partie de la douane des marchandises». Environ 135 familles ont acheté du «Bacha le droit de croiser seuls sur les chrétiens dans la mer Méditerranée». Ce privilège, assorti d’un tribut, formalise une sorte de monopole sur l’action corsaire, intégrant la piraterie dans le système économique et politique d’Alger. Autrement dit, ces transactions institutionnalisent le pillage, en faisant de l’attaque des navires européens une activité lucrative encadrée.

    S’enrichir reposait sur une logique de corruption généralisée, tout comme accéder aux sphères de l’administration. Il fallait «acheter du Bacha le commandement d’un de ces camps volants» qui permettaient d’organiser des razzias, et de s’enrichir, dans les douars et les villes en dehors des murailles, pénétrant jusqu’à Tlemcen. Les «expéditions des janissaires prennent dans les douars ce qu’on peut en argent, en blé, ou en bétail. Souvent le cruel soldat enlève jusqu’à leurs enfants.»

    Le butin des commandants des camps volants était partagé avec le Bacha. Ces razzias ont lieu au moment des moissons: «Ils sortent d’Alger et attaquent les villages, les douars, et c’est le secrétaire du Divan qui est l’inspecteur de ces camps, et qui les forme sur le rôle qu’il attend des soldats, chacun étant obligé de faire cette expédition, lorsque son tour vient.»

    L’argent dont se servent les habitants «est presque toute de monnaie étrangère», reflétant une absence totale de système monétaire au 17ème siècle (le Maroc frappe monnaie depuis le 9ème siècle). On trouve à Alger «les Sultanins d’or de Turquie, les pièces de Fès, les pistoles et les reales d’Espagne, les écus de France, les ducats de Hongrie.»

    Cette époque ottomane algérienne s’impose aujourd’hui avec ses paradoxes saisissants. La régence turque d’Alger a instauré un système où les militaires et l’économie du butin se conjuguent, comme au 21ème siècle, pour régurgiter une réalité inhospitalière et enclavée. L’absence d’eau, l’urbanisme étroit où s’entassent plusieurs familles et le pouvoir tyrannique, l’économie informelle et la débrouillardise (sauve qui peut!) ont marqué au rouge tout un peuple et illustrent comment la survie et l’enrichissement se font encore de nos jours au prix d’une vente de son âme, faustienne, au régime militaire. L’histoire, profonde, se répète. L’apprentissage «français» qui a réussi ailleurs dans les colonies, n’a pas pris en Algérie.

    Les sombres perspectives de l’Algérie...La survie du «Système» algérien dépend du prix des hydrocarbures. Ses dirigeants ne peuvent pas avoir oublié que le «contre-choc pétrolier» de 1986 avait débouché sur les manifestations d’octobre 1988, puis sur la guerre civile des années 1990. De même, le cours du pétrole a commencé à baisser au milieu des années 2010, et quatre ans plus tard, il y eut le Hirak…

    Le problème économique de l’Algérie est bien connu: le pays ne produisant quasiment rien, il doit tout acheter à l’étranger (nourriture, vêtements, médicaments, électroménager, pièces de rechange, etc.). Or, ces achats étant payés en devises, et non pas en dinars, il faut donc encaisser des devises…

    Mais ces énormes rentrées en devises n’ont pas été transformées en capital productif, parce que, comme il vient d’être dit, l’Algérie doit tout importer. Résultat, durant la même période, les flux sortants ont atteint 700 milliards de dollars, auxquels se sont ajoutés plus de 100 milliards de dollars qui furent dépensés «à la discrétion des gouvernements» (El Watan, 31 janvier 2016).

    Depuis l’indépendance de 1962, l’Algérie vit donc sur la rente des hydrocarbures qui fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% de ses exportations et environ 75% de ses recettes budgétaires. Et comme la leçon des crises des années 1986, 1990, 1994 et 2016 n’a pas été retenue, son économie n’a pas été diversifiée. D’où l’impasse actuelle.

    Le drame algérien est qu’en 2024, le quart des 45 milliards de dollars de recettes tirées des hydrocarbures servit à la seule importation de produits alimentaires de base dont l’Algérie était exportatrice avant 1962. «Le “Système” algérien ne pourra pas continuer à financer le Polisario, à consacrer des sommes colossales à ses forces armées, tout en achetant la paix sociale.»

    La survie du «Système» algérien dépend donc du prix des hydrocarbures. Ses dirigeants ne peuvent en effet pas avoir oublié que le «contre-choc pétrolier» de 1986 a débouché sur les manifestations d’octobre 1988, puis sur la guerre civile des années 1990. De même, le cours du pétrole a commencé à baisser au milieu des années 2010, et quatre ans plus tard, il y eut le Hirak…

    Or, il vient d’être dit que l’Algérie, qui n’a pas retenu la leçon des crises des années passées, n’a pas diversifié son économie. Une situation qui faisait dire, il y a déjà dix ans de cela, à Sid-Ahmed Ghozali, ancien ministre et président-directeur général de la Sonatrach:

    «Je crains un effondrement. Il est inéluctable (…) Après 53 ans d’indépendance, notre société vit par la grâce d’une richesse épuisable et unique, de surcroît non créée par nous. L’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, à se retrouver dans cette si grande et si dangereuse précarité: 99% de nos importations, y compris le blé de notre pain quotidien, sont payées par les revenus des hydrocarbures! Qui est responsable de cet état de choses? Un pouvoir vautré dans l’économie de la rente.» (El Watan, 28 septembre 2015).. L’heure des choix déchirants approche donc pour le «Système» algérien qui ne pourra pas continuer à financer le Polisario, à consacrer des sommes colossales à ses forces armées, et tout cela en achetant la paix sociale.