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  • La France et les frontières Maroco-Algériennes : 1837 -1902.

                                  La France et les frontières Maroco-Algériennes : 1837 -1902.                                                                         

    (Les français de l'ère De Gaules, doivent êtres les premiers à la  barre des accusés, avant les algériens )

     

    Une mouvance dite « Association Nationale des Territoires Marocains orientaux Spoliés » dirigée par un certain Ali Ben Brik, un marocain originaire de Kenadsa, au Sahara oriental Marocain, résidant au Maroc,.aurait fait durant les dernières années,des sorties médiatiques spectaculaires pour attirer l’attention de l’État Marocain sur la nécessité de soulever  « l’affaire du Sahara Marocain oriental spolié » avec les autorités algériennes. ? Il aurait même choisi, les 21 et 22 septembre 2002 pour tenir son assemblée à Oujda avec la participation de ses acteurs, et des représentants des partis politiques nationaux, des institutions officielles Marocaines.


    Des convocations seraient  également prévues pour êtres adressées aussi,aux ambassadeurs des pays de Turquie,de France,d’Espagne et de l'Algérie accréditées à Rabat,pour y participer aux travaux de cette assemblée qui devait avoir pour thème «  Présenter l’affaire du Sahara Marocain oriental » aux assises de la Cour Internationale  de Justice ( CIJ ) de la Haye en Hollande.

     

    Malheureusement cette initiative aurait été enterrée par une interdiction ferme des autorités publiques Marocaines, après avoir enregistré que des revendications dépassant ce stade, présentées par une autre organisation  -non connue jusque là- sous le nom de  FLAM.  (Front de Libération de l’Algérie Marocaine) dirigée par Mr. Mohamed Allouah, président du Parti Libéral Réformiste Marocain,ne diffèrent pas de celles de la précédente organisation. Sauf que le dit front menace d’user de la force militaire, par le bais de ses milices militantes, à l’intérieur du territoire Algérien,au cas ou l’Algérie n’abandonne pas les réfugiés Marocains sahraouis qui se trouvent,malgré eux à Tindouf depuis la marche verte en 1975. Ce FLAM aurait du déclencher une crise diplomatique avec l'ambassade d'Algérie à Rabat.

     

    Si ces deux tentatives se sont bien interdites par les autorités Marocaines pour des raisons probablement, ayant atteinte aux principes de la politique étrangère nationale ? le cas pour nous internautes serait différent,car par ce moyen nous exprimons librement sans faire de bruits gênant à notre État Marocain, qui se comporte sensiblement  parait-il avec de pareils sujets,alors que sa préoccupation primordiale –comme nous la voyons clairement- se dirige principalement vers notre première cause nationale.. Nous ne voulons pas, par cela êtres des mauvais initiateurs, comme cela était le cas de Ali Ben Brik qui aurait été manipulé sûrement par intérêt personnel -pour objectif dans l'esprit de Jacob-,a mal choisi sa cible, et  de Mohamed Allouah,qui lui fut récompensé par huit mois de prison pour sa mauvaise contribution échouée.

     

    Pour ce fait, je me  disposerai entièrement  pour emprunter le chemin le plus sur, afin de soumettre à mes frères Marocains - internautes,,à ceux qui ne veulent pas entendre parler du langage inutile,voir vulgaire qui se passe quotidiennement dans les rooms de discussion de la catégorie Sahara au Pal talk !!, à ceux qui y en auraient marre des connards : Dany usa,casa fine,Rghewa,Lawlad et  les autres pions polisariens !! leur soumettre  tous,ma modeste collaboration à  la recherche,et à l'exposition de la vérité historique,  et à la consolidation de l'appartenance pure et simple du sahara Marocain oriental à sa patrie mère, le royaume chérifien du Maroc. Et cela pour que les haut-parleurs prépayés, et  les agents mobilisés tous les soirs par les services secrets militaires algériens n'auront plus de chance d'y injecter,ou de  faire passer des messages, sous leur pression de propagande, messages combinés des fausses informations anti-nationales,messages porteurs des futilités d'histoire taillées à la mesure, aux  Marocains des quatre coins du monde qui se rassemblent journellement,et à chaque soir au Paltalk, dans le but  de leur semer le doute sur la marocanité de notre Sahara occidental,et en dominer en sorte, toute l'assistance, par désintégrer les esprits faibles en l’objet.

     

               Ici ,pas comme ailleurs.. on ne parle que du vrais et du sérieux, même si nos services parallèles sont totalement absents, notre patriotisme,notre fierté de la grandeur de notre pays,nous obligent à en parer à toutes éventualités qui nous émanent de la part de nos ennemis, tendant à entacher l'histoire de nos deux Saharas Marocains,occidental et oriental.. tout en exposant à nos concitoyens Marocains en général,et aux originaires de l'oriental en particulier,et à tous nouveau venu,usager de l'inter net, d’amples renseignements,dont je disposerai, sur la réalité de notre Sahara Marocain oriental spolié toujours par l’Algérie,en elargent davantage le champs de leur connaissance en l'objet.,. puisque pour moi,et pour d’autres Marocains,le problème du Sahara Marocain occidental,est réglé par « Sidna Allah inassrou », au niveau local et national,selon ma conviction exprimée dans les deux derniers petits paragraphes de la note précitée concernant le «assahra almaghrebia wa attarikh (4)».

     

    En tout état de cause, et avant de développer le coté historique de cette partie de notre territoire, je demanderai aux internautes visiteurs du blog de m’excuser, si  par le fait je consacrerai ce premier chapitre à la phase générale qui mène  tout droit au problème de frontière Maroco-Algérienne.Car, en premier lieu, les algériens eux doivent regarder la réalité en face et retourner à la raison. La réalité, c’est que le Sahara Marocain oriental,dont nous parlions est constitué de :la Saoura avec ses capitales Colomb-Béchar et Kenadsa – Le Touat – Tidikelt  – Ain Salah – Timimoune, et de Tindouf. Dont la superficie approximative s’élève à environ un million de kilomètres carrés.

     

    Ce Sahara n’a jamais était que Marocain, et les algériens savent bien remuer cette vérité.puisqu'ils n’ont pas pu avoir accès aux archives turcs,comme ils l’ont fait avec la France pour en déformer l'histoire à leur guise. Les turcs qui étaient les anciens colonisateurs de l'Algérie, et qui devaient eux aussi êtres conviés à l’assemblée avortée de Ben Brik , ont une histoire riche , et ils savent  plus que d’autres, la marocanité de ce Sahara conformément leurs archives qui ,sans aucune équivoque parlent de ça, de façon à constituer une preuve à l’appui, que les algériens ne parvenaient guère à en défigurer,après avoir échoué d'obtenir gain de cause, auprès des Turcs,chez qui le pétro-dinars algérien ne vaut rien devant leur authenticité historique

     

    Nous internautes, nous ne pouvons pas rentrer en conflit armé avec les algériens, et nous ne sommes pas des bandes armées organisées non plus. Nous sommes que des sujets, des simples sujets, de Sa Majesté le Roi que dieu le protège. Et c’est à l’État  d’en assumer sa responsabilité dans ce sens. Malheureusement les partis politiques Marocains qui en général, ont les moyens d'en délibérer,sont plongés dans un grand sommeil,et n’osent plus d’user de leur force politique pour en parler clairement de ce sujet .Il s’agit bien-là, de revoir et de mettre à niveau les traités de déclarations communes sur les frontières  avec l'Algérie, d'autant plus réactiver les bons offices arabo-africains déployés en l'objet depuis la guerre des sables de 1963 à nos jours.et que l'Algérie ne peux dans les circonstances actuelles de vérité et de dissipation de mensonges,continuer à se sauver en avant ! elle doit faire courageusement un arrêt de réflexion et  de s'habiller clairement de la raison :

     

    1)Traité Maroco-Algérien du 6 juillet 1961 signé à Rabat par le G.P.R.A. de Ferhat Abass(Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne).considéré par Boumédiane, comme un chiffon de papier et pas un engagement d'état.et pourtant, il a sa valeur juridique,il fut  homologué, par ceux qui ont même négocié avec la France et signé le traité d'Evian sur  la fin de la guerre de l'Algérie et de son indépendance .

     

     2)La déclaration Algéro-Marocaine du 25 juin 1972 sur le traité d’Ifrane de 1969.Non encore approuvé par le parlement Marocain! et fut pris unilatéralement ,comme officiel par l'Algérie qui le matérialisait à sa façon sur terrain.

     

    C'est ces deux actes-accords qui font mal aux dirigeants algérienset qui leur en font aussi goutte d'acide acétique dans leur gorge.L'homme le plus raisonnable de l'Algérie qui était présent lors de l'élaboration de ces traités est bien Mr.Abdelhamid MEHRI, homme politique algérien,ex-ministre, ex-secrétaire général du F.L.N.A. (Front de Libération Nationale Algérien)  qui se trouve hélas en asile politique en France,et qui n'a pas pu encore en témoigner ouvertement ,comme d'autres,sur la légitimité des frontières Ouest de l'Algérie avec le Maroc,qui constitue le point de blocage éminent de toute entente avec nos voisins de l'est.

     

    Certains vont se demander, pourquoi évoquer maintenant le problème de nos terres orientales spoliées par l’Algérie,étant donné que la page du problème du Sahara Marocain occidental n’est pas encore tournée définitivement à l’échelon  ONUSIEN? hé bien, Je peux leur dire en réponse, ou plutôt leur rappeler le bon sens du proverbe marocain qui disait « frapper l’âne sur la paille, pour qu’il abandonne l’orge » ou plus encore « faire retourner la sorcellerie sur le sorcier » et c’est ça que l’Algérie nous a voulu faire -et elle a réussi - quand elle a créée le problème du Sahara Marocain depuis 1975 ! Pourquoi pas nous ? nous ne bouleversons pas le verset. Et faire vibrer et paniquer ces connards algériens devant l’opinion publique internationale, et devant la Cour Internationale de Justice à la Haye .comme le souhaitait Ali Ben Brik,par son mousqueton qu’il ne l’utilisait jusque là, qu’à partir d’un coin de rue ,quelque part de Rabat.

                                                                         

     Pour bien comprendre la problématique du Sahara marocain oriental occupé par l’Algérie, il faut bien revenir un plus loin sur l’historique de cette région du royaume chérifien du Maroc. C’est-à-dire au-delà de 1903, date de l’occupation définitive de la ville de Colomb-Béchar, capitale de ce territoire qui, fut hélas amputé par la France coloniale, pour être ajouté à l’Algérie éternellement Française, durant ses perspectives et ses intentions d'enquérir après, le reste du royaume, selon l’accord de Berlin de 1845, passé entre la France et l’Allemagne sur la répartition de l’Afrique

     

    Et pour ne dire n’importe quoi dans ce blog, que la fréquentation devient de plus en plus remarquable par de nombreux usagers de l’inter net.   Je  me suis basé dans mes recherches sur le récit oral hérité de génération à autre –«  de grand père au petit fils, de bouche à oreille » – et matériellement sur certains ouvrages de référence, édites par le Centre régional de Publications de Marseille,auprès du Centre National Français de la Recherche Scientifique.( tel que l’ouvrage de Mr .Said Sayeh Marocain,docteur en histoire,en Aix-en-Provence). Et ce afin d’observer une crédibilité honnête aux sélections du blog.

     

     Devenue par sa colonie Algérienne, une puissance déterminante du grand Maghreb ; la France se devait d’acquérir une positon privilégiée au Maroc. Mais les frontières Maroco-Algériennes , mal définies par le traité de Lalla Maghnia en 1845, se révèleront un important enjeu dans la politique marocaine de la France.

    Devait-on respecter l’esprit ou la lettre des accords ? Fallait-il  jouer la carte du sultan ou celle des tribus. Cette note  disant un peu longue, étouffée d’une importante documentation, apporte des éléments de réponses et aborde sous un jour nouveau les problèmes actuels des frontières avec l’Algérie.

     

    Il est, certes, plus facile d’observer les rapports entre un pouvoir politique d’Etat et ses administrés dans un cadre géographique et historique déterminé, que de disserter sur les généralités des notions courantes dans l’approche de ces rapports.

     Pourtant, force de constater que les recherches variées à propos du Maroc semblent avoir plutôt privilégié la seconde démarche. Et une grande partie de ces travaux s’essayèrent à démontrer en quoi la société marocaine traditionnelle ou moderne répondait aux critères de définition de tel ou tel modèle. Il n’y a pas de doute que des discussions de ce genre permettent à la connaissance du Maroc de forger les mots qui lui permettent de se dire. Mais faut-il encore que ces mots ne soient frappés de stérilité à force de se répéter inutilement.

     

    Les principales motivations du présent travail proviennent de l’actualité politique toujours présente et déjà ancienne de plusieurs années.

    Le Maroc à l’heure de récupérer ses territoires sahariens, voit se dresser devant lui des obstacles et des résistances qui donnèrent à l’avènement des dimensions problématiques, qui pour les moins, graves. Des conséquences de cette question, dans l’histoire aussi bien que dans son écritures : la réactualisation de problème des frontières marocaines et des rapports ente le Makhzen et les tribus.  Le royaume de extrême-occident  (al Maghreb  al A9sa), semble ainsi incapable de se défaire de ces deux notions, pourtant  oubliées pendant un moment, comme il semble incapable de se défaire de son histoire. Le présent de ce pays regorge de son passé.

     

    Par ailleurs, les rapports entre le Makhzen et les tribus avaient longtemps défini les limites, instables certes, mais constantes dans leurs variations, du territoire marocain. Ils firent de même avec l’unité de ce territoire et de ses occupants et de l’étendue, de la légitimité, de la souveraineté et de l’effectivité du pouvoir des sultans marocains de l’époque. Tout comme un juste équilibre entre le vaste empire d’El Morabitine et Al Mowahidine aux prolongements Européens et l’enfoncement africain d’El Saadiyne, était introuvable. La réouverture sur l’Europe conquérante après l’occupation de l’Algérie allait-il opérer un nouveau réajustement ?  Le Européens, qui d’habitude venaient du nord, arrivèrent cette foi-ci de l’Est  et du Sud-Est du royaume chérifien Marocain. Et ce ne furent pas des Portugais ou des Espagnols, mais de Français.

     

    Le Maroc a eu beau d’être le seul pays de l’Afrique du Nord à avoir résisté à l’invasion turque, il du se plier, et le choc fut si dur que désarroi s’en suivit.

    L’autorité des sultans Alaouites allait-elle résister devant l’ampleur de la crise qui en d’autres époques aurait amené un changement de dynastie ? (Comme c’était le cas des sultans Moulay Abdelhafid et Moulay Abdelaziz au début du 20° siècle du deuxième  millénaire écoulé.

    Le Makhzen Alalouite  représentait  bien un appareil de gouvernement, avec à sa tête un sultan qui détenait la part la plus importance du pouvoir politique. Celui-ci symbolisait en même temps le prestige de la dynastie et la légitimité, la souveraineté de l’autorité de l’Etat. Tout cela ne le mettait pas à l’abri de la contestation. Son titre était la synthèse de divers prestiges cumulés : chef de toutes les tribus dont il est l’Imam et le Chérif   «Aguellid pour les Amazigh». La faillite de l’une de ces qualités entraînait des troubles, mais rarement  remettait en cause la légitimité du sultan et encore moins celle de la dynastie qu’il représentait.

     

    De même la prépondérance de l’un de ces attributs  par rapport aux autres ne signifie pas leur exclusion. Cela correspondait, toutefois, à l’accroissement de l’influence de l’une des différentes composantes de la société marocaine : tribus, Zaouïa, guiche de tribus ou de Boukhari, commerçants, ou des Ouléma des grandes cités.

    Les luttes entre les familles influentes et bourgeoises (Jam'ai – Ben Moussa – Ben Slimane –et Guebbas sous les règnes des sultans Moulay El Hassan et Moulay Abdelaziz sont bien significatives à cet égard. Ou encore qu’un Cheikh de Zaouia, comme Moulay Abdeslam El Ouazzani ; ou un chef de tribu,comme Beyrouk, ou un prétendant usurpateur de titre de chérif,comme Rogui Bou Hmara, ou un Alim citadin,comme Kettani ,vinrent  briguer la sultanat,leur ambition se trouva déçue par défaut de légitimité.

     

    Au 19°siècle :e Makhzen Marocain semblait hériter à la fois de la légitimité tribale qui avais hissé auparavant les Al Morabitine, Al Mowahidine, et El Meriniyne ; et de la légitimité religieuse populaire qui avait imposé naguère les Saadiyne. Il est vrais que le particularisme n’avait pas disparu, mais était réduit à des proportions très inférieures en comparaison avec la situation du Maroc de la décadence Saadiyne. Mais qu’est-ce qui opposait Makhzen et tribus ?

    Le Makhzen n’était sûrement pas une survivance archaïque. Sa nécessité était perpétuellement renouvelable.  Alors Makhzen et tribus s’excluaient-ils  mutuellement ?

     

    Nul doute que le Makhzen déplorait, condamnait, et combattait ce qui lui-même considérait comme « El Jahilya » des pratiques des tribus. Et c’était, officiellement la pratique de la plus part de ce q’on appelait des « M’halla » chérifienne punitives.  Mais il est fort douteux qu’il en fut nié le fait tribal. Il utilisait certes, admirablement le jeu  complexe de la « loufoufya » ; favorisant la constitution et la destruction des partis opposés, et veillant à la naissance de vastes et puissants commandements comme à leur division en de nombreux petits pouvoirs locaux insignifiants. Il déplaçait et amenuisait des tribus mais jamais ne les détruisait. Et quand bien même il en venait à affaiblir une tribu, il la mettait sous la protection d’une autre. Tout comme il s’adressait et faisait appel à ses administrés en tant que tribus.

                

     Excentricité du Maroc méridional et oriental ne pouvait que mettre en valeur l’autonomie des tribus qui y habitaient vis-à-vis d’un gouvernement centralisé. Aussi les sultans étaient-ils obligés de les ménager. Quelques expéditions pour les rappeler au devoir,sans toutefois forcer,car ces même tribus étaient chargées de prévenir les éventuelles agressions conte l’Empire chérifien. Exception était faite aux ksouriens du Touat, du Gourara, et du Tidikelt qu’une convenance respectée depuis Moulay Slimane, exonérait des impôts

    Dans l’ensemble ces régions ne posaient de problèmes particuliers jusqu’à l’installation Française en Algérie. De grands bouleversements allaient affecter l’Afrique du Nord. Il est vrais que les responsables français se trouvèrent fort embarrassés dans leurs rapports avec l’Empire chérifien. État souverain en principe,et reconnu comme tel, le Maroc l’était effectivement, comparé à ses voisins,et nécessairement au regard des puissances européennes soucieuse de l’équilibre en Méditerranée. Aussi, la France se prononçait-elle continuellement pour le statu-quo au Maroc. Mais cela la gênait énormément pour son avenir en Algérie et en Afrique.


    «Sécurité de l’Algérie » d’abord, « Hinterland de l’Algérie », ensuite « jonction Algérie-Soudan »et « débouché de l’Algérie sue l’atlantique » enfin, autant de principes qui amenèrent la France à étendre son autorité sur des territoires et des tribus qu’elle soustraie de l’autorité du sultan. Elle attendit évidemment pour cela une situation internationale favorable,tout en œuvrant à rompre la solidarité interne de l’Empire chérifien. Celle-ci avait commencé déjà à souffrir de l’incohérence des réactions. Le Makhzen que le sultan Moulay El Hassan passa tout son règne à essayer de réorganiser, ne put maintenir aux tribus leur cohésion, ni sa crédibilité propre auprès d’elles.

    Dorénavant, l’anarchie s’installa. La résistance des troupes françaises sera confondue avec les tentatives de restauration d’un pouvoir en perte de légitimité comme avec les prétentions les plus diverses. Quand la France interviendra, déléguée par l’Europe,pour remettre de l’ordre,le Maroc sera déjà diminué à tous les niveaux.


    D’autres issues auraient-elles été possibles ? Le Maroc aurait-il pu se moderniser et défendre son intégrité territoriale ? Il semble nullement utile de multiplier les hypothèses sur ce qui ne se passa point. Par contre, d’autres questions demeuraient pressantes aussi bien pour comprendre ce passé encore proche que pour éclairer le présent problématique d’une nation au destin original, complexe et fascinant.


    Ci-après les principales tribus frontalières se trouvant du Nord au Sud, classées selon l’emplacement, et le rayon de mouvement de chaque une : Beni Snassen – Angad – M’haia – Ouled Sid Cheikh – Beni Guil – L’Amour – Hamian - Doui Menia – Ouled Jerir – Ait Khabbach.-

    Doit-on souligner que les liens spirituels, l’entretien des bons rapports,les contacts permanents,le payement des impôts canoniques entre, Dar l Makhzen et les tribus de ces territoires,sont des moyens qui confirmaient, et confirment toujours l’appartenance du Sahara marocain oriental au royaume chérifien du Maroc.

     

    La légitimité des frontières Marocaines :

     

    La «Dahra» qui veut dire les hauts plateaux, prolongeant le « tell Oranais » vers le sud jusqu’au bordures du Sahara, et à l’ouest la vallée de la Moulouya séparant le tout du reste du pays. Humainement, elle groupait des tribus d’origines diverses représentées essentiellement par les Arabes de Beni Maâqal et le Berbers Zénètes. L’importance stratégique de cette zone s’était affirmée depuis l’époque romaine. Les luttes incessantes entre les différentes dynasties maghrébines ne firent que la confirmer. Ce n’est qu’après l’occupation de l’Algérie par le Turcs que s’établit une démarcation assez nette entre les domaines marocain et algérien.

     

     En 1647 un accord était conclu entre le sultan Alaouite Moulay M’hammed et les turcs de la régence d’Alger fixant à la « Tafna » la limite entre les deux souverainetés. Cette même limite sera prise par les Français lors du traité portant le même nom entre le Maréchal  Bugeaud  du côté français et l’Emir Abdelkader du côté Algérien en 1837.

     

    Oujda, secondé par les Kasbah de Saidia et celle d’El-Aioune-Sidi-Mellouk (sidi Makhokh d'autrefois),devint le centre autour duquel s’articulaient les activités des populations restées attachées à l’autorité chérifienne. Aussi acquit-elle un rôle important économiquement, d’abord en tant que marché régional,puis en tant qu’étape de l’itinéraire suivie par les pèlerins et les commerçants vers la Mecque, et enfin comme débouché de commerce de Melilla.

     

    Administrativement la ville d'Oujda était dirigée par un caïd jusqu’en 1859, date à laquelle il fut remplacé par un  "Amel "Gouverneur. Celui-ci était entouré par un corps de fonctionnaires, dont l’Amine qui collecte les impôts,les amendes et les droits de douane et de marché, et le cadi qui rendait la justice pour toute la province. Dépendaient de l’autorité du Gouverneur, le caïds de toutes les tribus qui étaient,soit désignés par le sultan en cas de litige à propos du choix de leurs contribues, soit proposés par eux et confirmé par le souverain. La nomination se traduisait par l’octroi d’un cachet et d’un burnous (Sel Ham) à l’occasion des cérémonies de l’allégeance «  La Bay’ a », (la fête du trône selon le protocole de la chancellerie Marocaine actuelle) auxquelles participaient les notables des tribus et les personnalités influentes.

     

    Celles-ci, avaient en outre des Jmaa, formées des cheikhs des différentes fractions. Oujda avait aussi une Jmaa, regroupant les cheikhs des quartiers et qui se réunissait sous l’ordre du l"Amel"Gouverneur et parfois réglait toutes les affaires en cas d’absence ou de faiblesse de celui-ci.

     

    En 1894, on avait recensé vingt-deux caïdats relevant de l’autorité du "Amel" Gouverneur d’Oujda : quatre pour la tribus des Houera ; un pour les Krarma, regroupant les Krarma proprement dit et les Ahlaf ; un pour Beni Bou-zeggou s’étendant à une partie de Beni ya’ala, les Sfassif ; un pour les Beni ya’ala Gharaba un pour les Zekkara ; un pour les M’haia duquel dépendaient les Beni Mathar ; un pour Lasja’a d’El-Aioune-sidi-Mellouk ; un pour les Mzaouir ;un pour les Oulad Mansour ;neuf pour les Beni Znassen en plus du caïdat d’Oujda administré directement par l"Amel" Gouverneur lui-même et comprenant une partie de Beni Khaled ; les Beni Oukil ; les Angad Cheraga et le Beni Hamlil.

     

    Toutefois, il n’est pas facile de déterminer avec exactitude ni le nombre de caïdats, ni celui des tribus relavant de l’administration de la province. L’étendue même de la province n’était pas stable, d’autant plu que la mouvance des tribus rendait inéluctable les fonctionnements et fusions continus. Ce qui entraînait d’une part l’inconstance de l’autorité et la multiplication des objets de rivalités entre les caïds et le Gouverneur, et causait d’autre part des troubles incessants entre les tribus.  Aussi, les estimations des populations de la province ne peuvent-elles qu’approximatives.

     

    Les Angad :

     

    Les Angad seraient des Arabes de Beni Maaqal,installés dans les environs d’Oujda par le roi Zianite Abou Hammou II,vers 1360. Le traité de Lalla Maghnia en 1845 les sépara de leurs cousins les Angad d’Algérie, les oueld Riah et les Aachach répartis entre Sebdou ,Maghnia et El Aricha. Bien qu’occupant deux plaines, celle qui porte leur nom avait l’aspect de désert et celle de Trifa, les Angad renoncèrent à leur tradition de nomadisme.Enclavés entre les Beni Znassen au Nord et les M’haia au Sud, ils ne pouvaient pratiquer qu’un nomadisme restreint, poussant leurs troupeaux de camelin, de bovins, d’ovins et de caprins jusqu’au-delà de la frontière.

     

    Grâce à leur importance numérique, à leur position centrale dans la province d’Oujda et à leur tradition guerrière, les Angad allaient jouer un rôle important dans les rapports entre la France et le Maroc. Ils n’avaient pas cessé depuis 1830 d’êtres mêlés à toutes les questions soulevées par ce voisinage inhabituel. Leur participation à la bataille d’Isly, leur soutien à l’Emir Abdelkader et leur incursion en territoires algériens contre les tribus soumises à la France attirèrent sur eux des expéditions.

              

    Les Beni Znasen, conscients de leur force, entendaient s’imposer à toute la région. Dans ce but, ils participèrent aux cotés des troupes du Makhzen à la bataille d’Isly en 1844 (4 août), soutinrent eux aussi l’Emir Abdelkader, puis se retournèrent contre lui,obéissant à l’ordre du sultan, entre 1945 et 1847 . Les autorités algériennes hésitaient entre les châtiments et le rapprochement avec les chefs des tribus. Les efforts de ceux-ci, et plus particulièrement avec les Ouled El-Bachir aboutirent en 1847 à la nomination de l’un d’autre eux au de poste de Gouverneur d’Oujda,par le sultan Moulay El Hassan. Mais cet acte suscita l’hostilité des tribus voisines, et finit par ruiner le prestige des Beni Znasen.

     

       Les tribus des Chorfas et LM’rabtine :

     

    Celles-ci, présumées descendant du prophète Sidna Mohamed (sws),ou tout simplement détentrices d’un savoir-faire religieux et d’une réputation de dévotion, bénéficiaient d’un prestige,voire même d’un pouvoir qu’elles savaient entretenir. Elles intervenaient dans les conflits intertribaux, normalisaient et moralisaient leurs rapports.  Leur ascendance religieuse et souvent magique leur permettait de les mobiliser au « Jihad » contre les atteintes portées à l’Islam dans territoire chérifien. El représentaient pour cela une véritable force politique que le Makhzen ménageait de s’assurer leurs bons offices. Aussi ne subissaient-elles pas l’autorité des caïds.  Pat contre elles jouissaient du droit de collecter les ziara : aumônes rituelles, et les H’dia : cadeaux. Pour cette raison elles entretenaient de bons rapports avec les zaouïas nationales et particulièrement   :la Ouazzania,la Qadiria, et la Tijania. Mais comme toutes les autres tribus elles étaient divisées en fractions et s’adonnaient à des activités lucratives, notamment le commerce et la transaction de bétail, parmi les tribus, telles que : Les Beni Bou-Hamdoun ; et les Beni Hamlil.

     

    Les tribus tampons :

     

    Disposant d’une force numérique relativement moyenne, des tribus telles que les Beni Bou-Zeggou, les Beni ya'ala, les Beni Mathar, les Sja’â, les Zekkara,  étaient obligées de se composer avec les tribus les plus puissantes comme les Angad et les Beni Znassen. S’alliant tantôt à l’une, tantôt à l’autre, elles provoquaient maints conflits généralisés à toute la région.

     

    Une tribu de transition : les M’haïa :

     

    La tribu M’haïa un conglomérat de groupes d’origines diverses. Seul le petit noyau des M’haïa El-Oust (M’haïa centre) gardait le souvenir de la vague déferlante des Arabes " Beni Hilal ", qui dévastaient l’Afrique du Nord durant les 11° et 12° siècle du deuxième millénaire écoulé. Autour de cette fraction se rassemblèrent les Ouled Barka, qui appartenaient initialement aux Doui Meniai et Ouled Jrir. Une autre fraction des M’haïa ,les Achach, n’était pas hétérogène que les autres, Elle rassemblait en son sein les Ouled Sélim,originaires d’Outat El-haj de la haute Moulouya, les Chouaker venus de Sidi bel-Abbès, les Ouled Braz du Tafilalet ,et enfin les chorfa de Moulay Hachem.

     

     Peu enclins au travail de la terre les M’haïa disposaient d’un des plus grands troupeaux de la province. Leur aire de pastoralisation s’étendait entre la plaine d’Angad et la Dahra jusqu’aux alentours de Figuig. Dans ce long déplacement, ils se mettaient en contacts avec les principales tribus, telles que les Hmian, les Amour-Sahara, les Beni Guil, les Ouled Sid cheikh, les Doui Meniai et les ouled Jrir. Avec celles-ci, nous sommes déjà au Sahara Marocain Oriental,où le traité de Lalla Maghnia voulait qu’il n’y eu pas de limite territoriale pour que la France puisse tailler  à son guise la carte géographique de la région.

     

    Figuig et la Dahra :

     

    L'aglomération de Figuig, située à 375 Kilomètres au sud d’Oujda, Figuig représentait, d’après la convention de Lalla Maghnia, le ksar le plus méridional relevant de l’autorité chérifienne. Cette oasis constituait en réalité,un ensemble de huit ksours : El-Hammam el-Foukani ;El Hammam el-Tahtani ;El Maïz el-Foukani ;: El Maïz el-Tahtani ;Ouled Slimane ; El Oudaghir ; El Abidat ; et  Zenaga, dispersés autour de la Ghaba (forêt), de quelques 15O milles palmiers dattiers.  Elle occupait à 900 mètres d’altitude, une cuvette au pied de l’Atlas saharien, surplombé à l’Ouest pa Jbel Grouz et dominant à l’Est la vallée de l’oued Zousfana.

     

    Généralement, tous les Foaguig qui cultivaient intensivement les champs aménagés à l’ombre des palmiers,devaient la protection de leur oasis, aux grandes tribus guerrières qui sillonnaient la région : les Beni Guil ; les Ouled Sid Cheikh ; les Doui Meniai et les Ouled Jrir. Ils leur devaient aussi leur ravitaillement en céréales ; la production agricole principale de l’oasis était essentiellement vivrière.

     

     Du fait de sa position stratégique, Figuig acquit la renommée de clé du commerce saharien. En effet, elle était un carrefour où se rencontraient les caravanes du Tafilalet et celles des hauts plateaux, qui empruntaient ensuite la vallée ombragée de l’oued Zousfana, puis celle de l’oued Saoura, pour s’arrêter aux oasis de Ben Goummi, de Gourara, du Tidikelt et du Tout, ou pour continuer jusqu’à Tombouctou dans le Mali.

     

    Cette importance ne pouvait s’échapper aux voyageurs européens qui explorèrent la région. A leur tour les autorités Françaises d’Alger, et les responsables de la métropole à Paris ne tardèrent  pas à s’en apercevoir, et à regretter d’avoir reconnu la « marocanité » de Figuig par un traité international. Le principal motif invoqué à cet effet, se rapportait au caractère – présumé – symbolique de l’autorité Makhzenienne, qui laissait une autonomie relative à l’oasis. Effectivement, avant 1882, Figuig dépendait de la province d’Oujda et de ce fait la Jmaa assumait toutes les responsabilités. En outre l’oasis de Figuig ne tarda pas à devenir un centre de résistance,et un refuge pour tous ceux qui s’opposèrent à la présence Française dans le sud oranais qui va s'étendre aprés pour engloutir toute la Saoura et la région de Tindouf. Territoires reconnus jusque-là par la France terres inclues dans l'intérgité territoriale chérifienne.

     

    Les tribus de la Dahra :


     Autour de Figuig, s’organisait la vie des Amour, Hamian, Beni Guil, Ouled Sid Cheikh-Ghraba, Dou Meniai, et Ouled Jrir. Toutes ces tribus sillonnaient la Dahra,vaste terrasse d’Alfa (Lhalfa), qui leur servait d’aire de nomadisation commune. Si leurs migrations traditionnelles, au rythme des saisons, ne manquaient pas d’engendrer des conflits parfois sanglants, le traité de Lalla Maghnia eut pour conséquence un perturbation complète de leurs comportements. Du jour en lendemain, ils se trouvèrent dans une situation complètement paradoxe. L’application du dit traité voulait que ces tribus fussent partagées entre le Maroc et l’Algérie Française, alors que d’autres reçurent une nationalité différente de celle de leurs territoires, dans la perspective de procéder postérieurement par la France à la conquête de tout le  Maroc.

     

     Les A'âmour :

     

    D’importance modeste, la tribu des A'âmour était vraisemblablement la plus attachée à Figuig et ses environs. Elle appartenait, à l’origine à ces Hilaliens qui s’installèrent dès le 12°siècle du deuxième millénaire passé dans les ksours délaissés par les Berbers Zénétes qui eux, gagnèrent la région du tell, au Nord. Des trois fractions qui constituaient la tribu, celle de Souahla vivait dans les ksours de Tiout, de Sfissifa, d’Asla et de Ain-Sefra, situés au Nord et au Nord-Est de Figuig ; pour cette raison ils se dénommaient Cheraga. Celle des Ouled Slim occupait pour sa part les environs d’Ich et des deux Moghar, alors que la fraction des Oued Boubkeur compait dans la montagne de Beni Smir à l’Oueste de Figuig. Cette situation, devenue particulière depuis le fameux traité de Lalla Maghnia de 1845. C’est dire que les A'âmour étaient des Marocains d’origine et de fait, (mais soumis) à l’autorité française.

     

    Les Hmian :

     

    Tout comme les Ouled Sidi Cheikh divisés en Cheraga et en Ghraba, les Hmian furent partagés en Jenba Marocains et Chafa algériens. Ce partage qui découlait d’une ignorance totale de la réalité de la tribu, ne prit même pas compte du fait que la fissure allait s’opérer au sein d’une même fraction. Car les Hmian qui se présentaient comme suit : Hmian Cheraga, comptait trois grandes fractions : les Ouled Ziad – Les Rzaina – et les Trafi. Celles-ci réparties en cinq sous-fractions :Ouled Adelkrim – Derraga – Ouled Maallah – Ouled Serour, et les Akarma. Par contre les Hmian Gharaba, comptait deux grandes fractions : les Chafa du côté algérien regroupait les :Akarma – Ouled Mansourah – Bekakra et Ben Metharef. Par contre les Jenba du côté marocain comptait sept sous-fractions : Ouled Serour – Meghaoulia – Sendan – Ouled M’barek – Beni Okba et les Guiatra.

     

    La tribu Hmian formait avec ses deux parties une puissance tribale restait intacte sous l’administration française. Avant l’occupation de l’Algérie, les Hmian représentaient l’exemple même des grands nomades. Leurs pérégrinations les amenaient au Nord, jusqu’au Tell, où ils s’approvisionnaient en céréales ; après quoi, ils se dispersaient dans les steppes des hauts plateaux, pour ensuite descendre au Sud atteignant ainsi l’oued Namouss dans le grand Erg occidental. Et tous comme les grands pasteurs, ils s’adonnaient à un commerce de caravanes qui les guidait au Tafilalet, au Touat, et même au Beni M’Zab. A ceci, ils alliaient, une activité guerrière particulièrement vive, qui les avait poussé à se mettre au service, entièrement, des Alaouites.

     

    Cette attitude les amena aussi à servir d’auxiliaires aux troupes françaises, d’abord contre l’Algérien l’Emir Abdelkader,l'agitateur en 1847, puis contre les Ouled Sidi Cheikh en 1865 et en 1871, et enfin contre d’autres tribus marocaines telles que les Beni Znassen en 1859, et les Beni Guil en 1870.

     

             L’attitude des responsables français en Algérie, à l’égard des Jenba marocain était une constante méconnaissance du traité de 1845. Et si parfois – ils rappelaient leur appartenance au Maroc, c’était pour mettre au profit – l’équivoque de leur situation, au service d’une fructueuse politique d’indemnisations.

     

     Les Beni Guil :

     

    Voisins des Hmian et faisant partie de la puissante et redoutable confédération de Zegdou, les Beni Guil formaient la plus grande tribu de Dahra. Essentiellement pasteurs, ils avaient des origines diverses : Les Ouled Brahim,chorfa Oudaghir originaires de la région de Figuig ; les Ouled Farès, chorfa de la Saguiet-el-hamra ; les Ouled youb, originaires des Sja’â, alors que les Ouled Hajji et les Ouled Ahmed Ben Abdallah étaient d’origines inconnues.

     

     Cette excentricité venait de l’étendue de leur aire de pastoralisation qui avait pour limite, au Nord, à la région de Ras-el-Aîn, pays de Beni Mathar, au Sud les ksours de l’oued Zousfana, à l’Est, les parages du Chatt-el-Gharbi, et à l’Ouest les Ksours de Ain Ch’air, Bou Anane et Bou Kais aux bordures-Est du Tafilalet. Tout au long de leur parcours, ils se mettaient en rapport avec les tribus les plus diverses ; celles du Tell, comme les M’haia,celles des hauts plateaux et de la Dahra, celles du Sahara et du flanc Sud-Est du haut et moyen Atlas, à savoir : les Ait Atta – les Ait Moghad - les grandes tribus des Ait Seghr’Ouchen – les Ait Khabbach – les Ait Bou Ichaouen, les Ait Bou Meryem et enfin celles des oasis comme les A'âmour, et les Hmian.

     

    Exclusivement éleveurs de troupeaux, d’ovins, de caprins, et de camelins, les Beni Guil dépendaient entièrement des unes pour leur ravitaillement en céréales, et des autres pour les légumineuses et les dattes.

     

    La diversité de leurs origines, l’étendue de leurs parcours, et les multiplicités de leurs contacts se ressentaient profondément dans la vie quotidienne des Beni Guil. Ainsi maniaient-ils avec facilité les parlers Arabe et Berbère, d’une part.  D’autre part ils devaient soutenir des luttes incessantes contre les tribus voisines, et en même temps sauvegarder leur unité. Tâche, que seul un chef ayant une réputation incontestée de bravoure, ou un renommé de sagesse, pouvait réaliser. Mais ceci ne les empêchait pas d’entretenir des bons rapports avec le Makhzen à qui ils payaient régulièrement les impôts. En outre, ils offraient des Ziaras aux Zaouia de Kenadsa, de Kerzaz, et celle d’Ouezzane avec qui ils étaient en bons termes.

     

    Les responsables militaires du cercle de Mechria et ceux de la subdivision d’Aïn Sefra, conscients de l’importance de Beni Guil, en firent une cible de premier choix. La pénétration saharienne ne pouvait se faire qu’au prix de leur réduction.

     

    Les Doui Maniai 


    D’après l’une des traditions courantes sur l’origine des Doui Meniai, ceux-ci auraient quitté la côte atlantique, située entre l’oued Draa et la Seguiet-El hamra,touchée durement par la sécheresse. Ils se seraient installés dans la région de l’oued Guir, fertilisé par une inondation. Une autre légende qui est la plus probable, rapporte que les Doui Meniai auraient accompagnés les chorfas Alaouites, venus d’Orient, d’ « El Hijaz » de la prés-ile arabique au 13° siècle du deuxième millénaire écoulé, pour s’installer avec eux dans le Sijilmassa (le Tafilalet actuel). L’ancêtre des chorfas Alaouites -Moulay El Hassan Ben Mohamed Ben Kacem Eddakhil- aurait désigné «Abdelkarim Ben M'hamed el-Yamani, dit :  Mena’a » à la tête des troupes de cavaliers qui le protégeaient. De lui descendraient les Doui Meniai.


    Au-delà des légendes, il est bien confirmé par les historiens et par les archives de la bibliothèque royale de Rabat, que les Doui Meniai, furent parmi les premières tribus de Beni Maaqal à soutenir les Alaouites dans leur parcours de redressement du pays, et dans l’affermissement de leur hégémonie.  La tribu de Doui Meniai était le princpal pilier de soutien à Moulay Rachid, quand il se charga en 1666 de jetter les bases d'un régime monarque plus solide, et consolider à travers tout le pays la dynastie et le trône Alaouite,focalisant déjà l'attention dans le Tafilalet au Sud-Est du Maroc,. Cela fut en sauvergarde du pays qui se trouvait  hélas ravagé dans ses quatre coins par la propagation de l'anarchie, et du désordre à cause de la faiblesse de la dynastie "Sa'adiyyne". Pour cela, ils avaient pour mission de prévenir les attaques venues de l’Est, et de défendre les voies de communication de l’oued Zousfana qui allonge la région de Figuig,Hamada de Guir dans l’Est de Tafilalet, ainsi que les routes des caravanes qui amènent aux pays subsahariens du Sahel.

     

    L’organisation de la tribu de Doui Meniai était typique. La plupart des études éffectuées sur les archises de la bibliothèque royale, leur attribuaient une division en cinq grandes fractions « Khams Akhmas » ; cinq cinquième, représentés par les groupes suivants : Ouled Youssef – Ouled Jelloul – Idarssa – Oulad Bou anane -  et Ouled Belguiz. Une autre division, en dénombrait trois groupes seulement : Les Ouled Slimane, Ouled Bou ânane,  et Ouled Belguiz, eux-mêmes divisés respectivement en 13,8 et 6 fractions. La division quinaire, semble-t-il, ne s’opère qu’en cas de prise d’armes à laquelle participaient les Ouled Jerir, comme sixième Khoms. Pour que la « Harka »  se présentait, elle doit se former avec pas moins de 1700 cavaliers et 2900 fantassins. Nombre assemblé selon l'importance numérique de chaque fractio


    Ni grands pasteurs, ni oasiens définitivement sédentaires, les Doui Meniai se déplaçaient dans un espace relativement restreint, dont les deux pôles la vallée de l’oued Guir, dont le torrent prend le nom de Zousfana à partir du ksar d’Igli dans la Saoura, et de la région d’El Ghorfa dans le Tafilalet. Les Doui Meniai possédaient le 1/5° des arbres des oasis de cette dernière région, alors qu’ils étaient les principaux propriétaires, de ceux des ksours de la Zousfana, à savoir : Beni Goummi, Zaouia Elfoukania et Tahtania, Taghit, Berrbi, et Bakhti à 60 kilomètres au Sud-Est de la ville de Béchar. A ceci s’ajoutaient des cultures de la rive droite de l’oued Guir et une relative richesse de troupeaux de chameaux, de moutons et de caprins qu'ils gardaient en paturage au rythme des saisons, dans une vallée fertile située à l'aval d'oued Guir "Abadla" batisée par leur initiative au nom des Alaouites El Abdallawiyne. Une richesse faible en comparaison avec celle de Beni Guil.

     

     Malgré leur éloignement des demeures du sultan, les Doui Menia étaient dévoués au Makhzen. Ils payaient régulièrement et volontairement l’impôt et se rendaient même soit à Fès ou à Marrakech, comme toutes les tribus marocaines, tenaient avec fierté des engagements de renouveler annuellement leurs allégeances au sultan Alaouite au pouvoir.

     

     La tribu de Doui Menia, une de ces tribus transhumant dans le sud-est du royaume – là où il y a aujourd’hui le problème des frontières avec l’Algérie, venait pour renouveler son allégeance traditionnelle « la  Bay’à » au sultan et pour recevoir l’investiture de ses caïds. Ainsi en 1876, une délégation de cette tribu fit le voyage à Fès où le sultan Moulay El Hassan,nomma ,parmi les émissaires,quatre caïds :Taleb El Ghazi pour les Idarssa, Si Bou Smaha pour les Ouled Yousef, Salem Ben Rahmoune pour les Ouled Jelloul,et Kaddour Ben Tahar pour les Ouled Belguiz.

     

     Toutefois quand un caïd venait à disparaître, son fils héritait son cachet, au cas ou la Jemaa de sa fraction, l’acceptait comme chef. Celle-là l’assistait dans ses fonctions et veillait à l’application des sentences prononcées par les cadis de Figuig ou de Tafilalet en cas d’appel. Aux Tolbas et M'rabitine revenait la tache de régler les affaires religieuses courantes.

     

    Les Cheikhs des Zaouïas de Kerzaz et de Kenadsa principalement, intervenaient dans les conflits qui opposaient la tribu de Doui Meniai et les autres tribus voisines. Mais généralement ils entretenaient des bons rapports avec leurs voisins de la « Dahra » qui se situe entre « El Mengoub » au Sud et « Ain Beni Mathar » au Nord, et du « Sahara » entre le « Tafilalet » et le « Hamada de Guir » au Sud-Est, principalement les Beni Guil et les Ait Khabbach. Par contre avec les Ghnanma de la Saoura, les hostilités ne cessèrent pas depuis que les Doui Meniai razzièrent leur Ksar de Mezaourou aprés avoir assassiné Ba-Hassoun, le trésorier de Dar El Makhzen, et les obligèrent à se réfugier à Beni Abbés en 1862.

     

    Les ouled Jerir :

     

     Les origines des ouled jerir sont aussi nombreuses que différentes. Ainsi les « M’falha », noyau central de la tribu seraient des Hamian, installés à Figuig l’an 1079 (V° siècle de l’hégire) ,et inféodés aux Doui Menia pour se défendre des attaques de leurs contribules d’origine. Les autres fractions, seraient constituées de groupes venus d’horizons divers, tels que :Cha’anba – Touat –Oudaya –Dkhissa- et de M’haya : Les H’nichat seraient des cha’anba, les Ouled Mellouk des Touatiens, les Ouled Kouider des Oudaya, es Ouled Bouzian,des dkhissa, et Ouled Brahim des M’haya. Se déplaçaient dans un grand parcours de pastoralisation limité par le Moulouya duNord, l’oued Namous à l’Est, Kenadsa à l’Ouest et l’oued Béchar au Sud. Grands éleveurs de troupeaux de moutons et de chameaux, ils possédaient aussi des palmiers dattiers autour des ksour de la vallée d’oued Zousfana :Fendi – Oum el-haïrane –ksar el-A’azouj – Hassi el-Bergui – Hassi el-Mir et N’kheila. Et même dans la vallée de l’oued Saoura, aux environs de Béchar et de Ouakda. Mais les ressources agricoles,produites par eux, pa des khemmas, étaient insuffisantes, ce qui les obligeait à se ravitailler en céréales chez les Doui Meniai, à Oujda et au Tafilalet, et en dattes au Gourara principalement dans l’oued Saoura.

     

    Tribu modeste, les Ouled Jerir, étaient considérés par le Makhzen, comme faisant partie intégrante de la tribu de Doui Meniai. Aussi ne recevaient-ils pas le cachet de caïd. C’est ce qui se passa en 1876, lorsque Slimane Ould Lhoucine de la fraction d’El A'âssa’A'âssa, et Mohamed Ould Lamkaddem de la fraction M’falha, accompagnèrent la délégation de Doui Meniai à Fès. Ils  se contentèrent de recevoir des lettres de commandement sans le cachet de caïd.

     

      Moulay El Hassan et les trbus :

     

    A son arrivée au pouvoir le sultan Moulay El Hasan(Hassan premier) hérita une situation intérieure très complexe, que résumaient les pressions de plus en plus grandes des puissances européennes et les réactions variées des Marocains. Le sultan pouvait-il dans ces conditions opérer la justice ouverte de son pays vers l’Europe, tout en tenant compte de la résistance de l’opinion publique Marocaine et en lui évitant la main-mise exclusive de l’une des puissances.

     

    Les tribus passées en revue ci-dessus représentaient sans doute, la partie de cette opinion publique la plus concernée et la plus sensible au dilemme. Eloignées des centres de décision, et en contact direct avec les Français de l’Algérie Française, pouvaient-ils rester dans le devoir face à une puissance qui ne cachait pas son intention d’étendre son influence au plus loin qu’elle pouvait. A côté de ces grandes tribus,dont l’importance tenait essentiellement à leur prépondérance numérique et par conséquent militaire, se mouvaient d’autres petites tribus en nombre de cavaliers et de fantassins, mais non moins importantes par le rôle politique qu’elles jouaient.

     

     Il est vrais que dans cette période de transformation, décrire avec fidélité les rapports entre le Makhzen et les tribus, n’est pas aisé. Et si l’abondance de la documentation d’origine française, disponible à ce sujet, ne facilite pas cette tâche, elle remplace, toutefois, largement, les archives marocaines, lacunaires et difficilement exploitables.

     

    .

    Le sultan et son Makhzen :

     

     Quelle idée, les Marocains de la seconde moitié du 19° siècle, se faisaient-ils d’eux-mêmes, de leur pays et de leur institution ? L’état actuel de la recherche historique ayant pour objet le Maroc, ne permet pas de donner une réponse satisfaisante si on fait appel aux seuls témoignages écrits et oraux des Marocains. La connaissance du pays reste encore, pour une grande part tributaire de l’image que les Européens de l’époque en donnèrent.

     

     Il est vrai qu’il a fallu des études plus récentes, pour corriger les jugements hâtifs, restituer au pays son originalité, reconnaître les grands changements qui l’affectaient et identifier les principales forces sociales et politiques qui s’y affrontaient. Néanmoins le lien qui unissait à l’époque, progression de la connaissance du Maroc et influence  européenne, donne un double intérêt historique aux observations  européennes. D’abord en tant que témoignages contemporains des événements et en suite en tant que vision des personnes impliquées dans l’élaboration de ces événements.

     

    Les mesures administratives :

                              

    Au début de son règne, le sultan Moulay El Hassan maintint au Touat la relative autonomie,devenue une tradition depuis Moulay Sliman. Et à en croire une lettre des habitants de Ain Saleh aux voyageurs européens, le sultan envoyait régulièrement des émissaires pour régler leurs affaires. Mais la crainte de voir arriver les troupes françaises grandissait, en 1887 une délégation importante des habitants du Hoggar et de Ain Saleh, conduite par Moulay Ali Ben Ismail se rendit auprès du sultan à Fès. Elle lui fait part de son inquiétude et fut accompagnée à son retour par un secrétaire de la cour chérifienne muni d’une lettre sultanienne pour les tranquilliser. D’autres délégués escortés se succèdent à la Saoura, au Touat tandis qu’en 1890, le premier gouverneur (khalifa du sultan) fut nommé à la tête des territoires de Touat et  la Saoura réunis. Une année plus tard le sultan Moulay El Hassan informa les habitants de Touat et la région de  l’arrivée prochaine chez eux de son délégué qui devait s’entretenir avec eux au sujet de la nouvelle formule administrative.  Le contenu de la lettre est significatif :

     

     «A nom de Dieu seul. Nos serviteurs bénis gens de Gourara et de l’ensemble des ksour, des gens de Touat…Et ensuite nous vous avons envoyé, parmi les notables de notre cour chérifienne des délégations et des émissaires, et nous vous avons réservé parmi nos provinces et sujets un intérêt particulier sachant que vous êtes de bien et de religion, remplissant constamment votre devoir d’obéissance selon les prescriptions de Dieu. Vos actions étaient faciles et  affaires entièrement fructueuses. Aussi  nos ancêtres, que Dieu les sanctifie, se contentaient-ils, vu la solidarité de votre foi et votre fraternité en Dieu, de vous laisser faire selon votre choix.


    «Notre maître et ancêtre Moulay Slimane,que Dieu sanctifie son âme, s’était limité à envoyer des Oumana pour recueillir vos Zakat et A’chour, par pitié envers vous quand il a apprit les exactions par les gouverneurs à notre encontre. Cette démarche fut maintenue, du vivant de notre ancêtre et maître Moulay Abderrahmane, que Dieu sanctifie son âme, et poursuivie, du vivant de notre maître et père Dieu inonde ses reliques de sa miséricorde.

    «Lorsque Dieu nous a chargé de vos affaires, nous avons suivi la même voie, et votre situation continuera comme le désirons.


    «Maintenant  pour que votre engagement se renouvelle, nous vous envoyons notre secrétaire, le sage conseiller Taleb el-arbi ben el-Moqdem el-Meniai,  l’un des notables et brillants savants de notre cour chérifienne. Nous lui avons donné des instructions verbales qui feront votre bonheur.  N’épargnez point d’effort à vos conformer aux recommandations de notre messager chérifien afin que vous gagniez la bénédiction de Dieu, de son prophète et la notre.  Seuls réussissent ceux qui obéissent à Dieu et à son prophète et craignent Dieu. Salut (wa assalamou a’alaikoum,wa rahmatou Allah)…le 24 choual 1308. »

                         

    Le Taleb el-arbi el Meniai état chargé de la même mission auprès des Doui Meniai, Ouled Jerir et de la Zaouia de Kenadsa. Une fois sa tourné de Touat terminée, il prit le chemin de retour accompagné de Ba-Hassoun Touati et de cadeaux pour le sultan  Celui-ci nommait les caïds, les cadis, et les nakib des chorfas de tous les districts des oasis, et envoya les insignes de l’investiture avec Ba-Hassoun,  qui fut lui-même nommé caïd avec pour charge extraordinaire, de centraliser les impôts de toutes les oasis de la Saoura.  Cette reprise en main, rendue nécessaire pour éviter les complications diplomatiques, ne manquera pas de provoquer des protestations du gouvernement français.

     

    Les mesures politiques :

     

     La réorganisation administrative et judiciaire opérée par le sultan Moulay El Hassan, fut sans doute dans les circonstances exceptionnelles qui l’entouraient, un acte politique dont le but était d’enrayer la pénétration française au Sahara Marocain oriental.  Mais il se devait aussi, de tenir en échec l’influence du  Chérif d’Ouezzan, qui s’était mis depuis longtemps au service  de cette pénétration, de redonner davantage d’assurance aux Touatas inquiets, et en outre de mener une action diplomatique qui aboutirait à une reconnaissance internationale de ses droits souverains sur le Touat.

     

    Tout d’abord le voyage de Chérif d’Ouezzan aux oasis, préparés par les Français à Alger, aboutit à un échec. Les ksouriens avaient porté plainte contre lui au sultan qui les félicita par la suite, d’avoir refusé de l’accueillir. Mêle le caïd de Timmi, fidèle au Chérif, se démarqua de lui, se qui ne manqua pas de causer une déception à Alger.

     

     Prise d’Ain Salah :

     

    L’équipage du professeur français Flamand, escorté par 100 goumiers commandés par le capitaine Pein, partit d’Ouargla vers la mi-décembre 1899 et arriva aux environs de Ain Salah le 28 du même mois. Quelques jours auparavant, les habitants du ksar prévenus de l’arrivée de la troupe écrivirent au chef de la troupe une lettre qu’ils placèrent à Hassi el-Moungar. La lettre était une mise en garde : «  La limite à parti r de Hassi el-Moungar et de la région environnante formée par le Sahara. Ne la dépassez point car vous empiéteriez sur le territoire appartenant à la souveraineté du sultan, notre seigneur et maître Moulay Abdelaziz que Dieu lui accorde la victoire. Si vous empiétez sur ce pays ne blâmez que vous-même ». La confrontation était inévitable.

     

     Elle eut lieu le jour même, et le lendemain la colonne française vint camper à l’intérieur de Ain Salah dont le caïd el-Haj el-Mehdi ould Ba-jouda était parmi les victimes. Le 5 janvier 1900 eut lieu un combat meurtrier à Deghamcha, ce qui décida le 19° corps à envoyer en renfort 150 tirailleurs sahariens et 150 goumiers commandés par un  capitaine français. Cependant, l’autorisation d’envoyer cette colonne ne fut demandée au département de la guerre d’Alger que le 6 janvier 1900.  Vers la fin du moi, le capitaine français Baumgarten donna un premier assaut à Ain Lghar en dépit de l’ordre du ministère de la guerre de la métropole de limiter l’occupation à Ain Salah.  Entre-temps, à Alger les messages de félicitations se succédaient au gouvernement général. Les premiers furent ceux de la chambre de commerce d’Alger, le Syndicat commercial algérien et de la Société de géographie et d’archéologie d’Oran. Le professeur Flamand, quand  lui, était parti vers El-Goléa d’où il adressa un message au ministère de l’Instruction Publique que sa mission « ne suivait  plus les raisons d’ordre scientifique »

     

     Le combat d’Ain Lghar :

     

    Paris, tout en donnant l’ordre de ne pas étendre l’occupation au-delà de Ain Salah donna l’autorisation de former une colonne à El-Goléa destinée à parer aux éventualités. Ce fut la colonne de Tidikelt commandée par le lieutenant-colonel d’Eu.  Elle fut constituée par les 9° et 10° compagnies des 1ers tirailleurs algériens ; de la 4° compagnie du 2° bataillon d’Afrique ; du 1er escadron du 1erSpahis algériens ; d’une section de 80 de montagne et d’un détachement de Génie. Elle comprenait en outre un convoi de quarante jours de vivres porté par 1700 chameaux. Son départ d’El-Goléa fut échelonné sur trois jours ; les 25, 26, 27 février, de même son arrivée à Ain Salah s’étala entre le 14 et le 16 mars. De là, la colonne se dirigea vers Ain Lghar où elle arriva le 19 mars pour participer à l’un des combats les plus durs de l’épisode de la conquête de Touat. Les opérations commencèrent contre le ksar défendu par le Pacha si Driss Ben el-Kouri, à l’aube, et se terminèrent à trois heure de l’après midi avec le reddition du fonctionnaire chérifien.  A la fin  du combat, on compta 9 tués et 44 blessés dont un lieutenant français,du côté français, et entre 500 et 600 tués,100 blessés,450 prisonniers sans compter les femmes et les enfants parmi les ksouriens de Touat.

     

    Le lieutenant-colonel d’Eu parcourut ensuite la région sans encombre avant de rentrer à Ai Salah. Le rapport del’Etat-Major affirmait à cette occasion : «  A cette date nous pouvions nous dire les maîtres de Tidikelt  ». Mais la soumission des oasis ne pourrait être obtenue sans l’occupation des vallées de la Saoura et de la Zousfana au nord-Ouest du Sahara.

     

    L’occupation des vallées de la Saoura et de la Zousfana :

     

    Les vallées de la Saoura et de la Zousfana réunissaient Figuig et le sud Oranais aux oasis saharien. Cette position unique amena les connaisseurs de la région à exiger l’occupation dès les opérations de Tidikelt. Le général commandant le corps avait, pour sa part, soumis au ministère de la guerre, qui les approuva, les propositions suivantes : renforcer les garnisons  d’Ain sefra et de Jenien Bou-Rezg, établir un poste à  Zoubia, et porter en avant de cette oasis une colonne de protection jusqu’à ksar el Azouj (ksar la vieille). Ces  propositions correspondaient sur le terrain à l’occupation de la Zousfana. Effectivement, les mouvements des troupes commencèrent aussitôt, mais comme on craignait les rapides et meurtrières attaques des tribus de la région, notamment des Doui Meniai, le Gouverneur général de l’Algérie française ordonna l’occupation du ksar d’Igli dans le nord d’oued Saoura. Le 5 avril une colonne e 1775 hommes et 75 officiers prit la possession du ksar.

     

    Un mois après se fut le combat de Ain Lghar, pour lequel si Driss Ben el-Kouri avait rassemblé des combattants de tous les ksour « Ihamed ». Si Mohamed Ben Amor el-Marrakchi demeuré seul au commandement des oasis, essaya en vain de coordonner la résistance et finit par disparaître après l’occupation de Timimoun. Dorénavant le sultan n’aura plus de représentant aux oasis. Seules les tribus Beraber ayant vraisemblablement l’appui implicite de Moulay Rachid, oncle de Moulay Abdelaziz et khalifa du sultan au Tafilalet, opposeront une résistance. Le makhzen qui ne savait dans l’incapacité de soutenir une lutte armée, espérait-il obtenir l’évacuation de Touat par voie diplomatique ?

     

    Tout prête à croire qu’il en fût ainsi.  Le Makhzen ne pensait nullement à une confrontation militaire avec les troupes françaises. Le Tabor du caïd  Reha « Reha = militairement chef de bataillon » El-Mahboub el-Meniaï que le sultan envoya au Sahara, à l’annonce de l’avance française, avait l’ordre de ne pas dépasser ksar Abou-Aâm  à Rissani au Tafilalet. Par ailleurs, le souverain marocain convoqua les délégués de cette région et leur déclara : « Nous vous ordonnons de ne pas quitter vos territoires. .Nous avons soumis la question de Touat à l’appréciation des puissances européennes qui donneront leur avis ».  Le sultan voulait, en se faisant, éviter un débordement des hostilités de la part des tribus qui justifierait l’intervention  des soldats français à l’intérieur même des territoires incontestés. Son action dans ce sens fut en effet énergique. Après l’occupation de ksar Igli, il envoya le caïd El Glaoui au Tafilalet avec pour mission de «  surveiller les tribus et de détourner leurs regards du projet qu’elles ont conçu ». Le chérif El-M’rani envoyé dans la même région reçut mandat « d’empêcher même par la force les tribus voisines…de se livrer à des hostilités ».

     

    A cette même date le gouverneur générale de l’Algérie française remarqua avec étonnement que contrairement à ce qui se passait autrefois « le Maroc fait quelques armements à la frontière algérienne et parait vouloir y entretenir les troupes d’une façon permanente ». L’inventaire détaillé qu’il donna de l’état des troupes, de leur armements, et  de leur ravitaillement régulier, était certainement différent de celui reconnu une trentaine d’années plus tôt. Cette action chérifienne était, d’ailleurs bien vue du côté français. On y voyait des dispositions nouvelles à accepter une nouvelle frontière. Le Bulletin du comité de l’Afrique Française affirma même que la France « n’a aucune inquiétude à voir en ce moment du côté du Maroc qu’elles qu’aient été les apparences et (tout compte fait) ce pays ne semble pas devoir tomber comme on a pu le croire dans une des ces périodes d’anarchie formidable ». Le Bulletin continuera « à se faire croire que le Makhzen était derrière » les tribus quand celles-ci commencèrent à mener leurs attaques contre le Gourara. Ce que l’on craignait plutôt du côté français c’est que le Makhzen recherchait la protection d’une autre puissance. Mais on resta tout de même persuadé qu’à propos de Touat, personne n’avait la moindre intention de s’en mêler  « car nous aurions été obligés de ne tenir aucun compte des observations qui nous auraient été faites à cet égard », ajoutait avec conviction le bulletin de juin 1900.

     

    Cependant les responsables du 19° corps savaient que les colonnes françaises ne pouvaient s’enfoncer vers le sud sans avoir le flanc droit menacé par les Beraber.. En effet, à l’annonce des combats de Timimoun en mars 1901, les tribus du Sahara Marocain oriental et de la Dahra allèrent trouver le Khalifa du sultan au Tafilalet et lui annoncèrent qu’ils aller combattre les français. Moulay Rachid leur répondit qu’elles  «étaient libres de faire à leur guise ». A cette même date, les chorfas filaliens ( ?) qui se trouvaient à Marrakech s’approvisionnèrent en armes et en munitions et se répartirent en groupes avec l’intention de s’unir aux Aït Atta, Aït Izdeg , Aït Khabbach et Beni M’hamed pour une action militaire au Touat.  Le chef de la mission française au Maroc, rapporte qu’ «’ils ajoutent à cet égard, ils n’ont d’ordre à recevoir de personne, pas plus du sultan que de Moulay Rachid ». Un fossé venait de se creuser entre le Makhzen et les tribus, et la rebellion regagnait les esprits.

     

     Après l’occupation :

     

    L’occupation du Touat eut un grand retentissement au Maroc, dont le peuple ne considéra nullement que cette affaire comme «  une opération intérieure de l’Algérie française » Un professeur français chargé de mission qui était à cette date au Maroc dans le cadre de la mission don l’avait chargé le ministère  de l’Instruction Publique pour étudier « les monuments portugais et musulmans du Maroc » rapporta que le «  Makhzen est persuadé qu’après le Touat ce sera le tour de Tafilalet ». D’autre part, la crainte de voir la France étendre son occupation ser les territoires des Doui Meniai, Kenadsa, et Béchar le pousserait à demander une frontière et la placerait   « là où il voudrait la France ». IL remarqua aussi les soucis des fonctionnaires du Makhzen qui pensaient déjà à renouer de bonnes relations avec la France. Le gouvernement Marocain se résignait-il à accepter le fait accompli ?

     

     Ce qui est sûr c’est que l’Empire chérifien vivait une profonde crise. La mort de Ba-Ahmad avait ouvert la lutte entre les familles concurrentes pour dominer les rouages de l’administration Makhazénienne.  Cette lutte prit l’aspect d’opposition entre les partisans de l’appui de l’une ou de l’autre des puissances européennes. Etaient en course les familles les Gharnit , les Ben Slimane, les Güebbas et le M’nebhi dont les affinités n’étaient somme toute, pas stables. Cependant, Moulay Abdelaziz n’arrivait ni à s’imposer ni à trancher au profit de l’une des tendances.  Bilan grave, d’autant plus que les jeunes souverains, à la différence de son père,  était incapable de défendre son pays et son trône par «  les rudes chevauchées » contre les compétiteurs et les rebelles. Cette situation n’avait échappé aux observateurs politiques français résident ou de passage au Maroc. Déjà en 1899 Ségonzac prophétisait : «  Tout le monde admet que le Makhzen prévoit son absorption, dans un  avenir prochain, par quelqu’un des puissances européennes ». Le médecin de la mission militaire conseillait de : « soustraire le sultan au milieu des négociants anglais »  alors que le commandant Saint-Julien reçut pour mission de vérifier les renseignements fournis jusque-là et par-dessus tout de « porter l’attention du sultan sur la situation de la Tunisie ».

     

    Dans ces conditions le Makhzen ne pouvait soutenir aucune résistance à la conquête française de Touat. Son attitude ne pouvait être défendable aux yeux de la A’âmma (l’ensemble). El-Hajoui a cherché, non sans une certaine amertume, une explication : « lorsque j’ai examiné attentivement les raisons invoquées par le gouvernement, j’ai trouvé les arguments des Français appuyés sur une force qu’ils tirent d’eux-mêmes, car leurs preuves sont plus fortes, parce qu’ils ne négligent rien pour les soutenir, tandis que les arguments du gouvernement Alaouite perdent leur force et leur valeur, par son impuissance à les soutenir, conséquence de sa négligence politique. Celui qui manque de vigilance est toujours repoussé dans ses prétentions. L’impuissance du gouvernement des Chorfas Alalouites a pour cause cette négligence pour les affaires, par exemple leur esprit de conciliation et leur inattention pour la terre du Sahara et ses habitants  (..). Un autre exemple de cette négligence est dans leur défaut de résolution ferme et d’autorité en ce qui concerne la défense des intérêts des musulmans et de la consolidation de leurs frontières. Sinon comment est-il permis à un homme d’état d’envoyer un gouverneur au Touat, lieu contesté par l’ennemi,proche de ses frontières, dépourvu de force militaire, alors qu’il connaît parfaitement la faiblesse de ses habitants, leur insuffisance numérique, leur défaut de préparation,et, par contre, la force de l’état qui élève des contestations à ce sujet, l’impérieuses nécessité pour lui d’y pénétrer et la résolution qu’il a prise de s’en emparer ? (…) C’est à la mauvaise conduite des affaires qu’il faut attribuer dans cet événement la prise de possession par les Français des ksour de Touat, sans difficultés qui les ait arrêtés, ni arguments qui les ait convaincus, ni perte qui les ait causé des dommages : « les arguments de la force sont seuls des arguments ».

     

    Quant aux démarches que le Makhzen entreprit auprès des puissances, ce lucide fonctionnaire chérifien les qualifia de « désastreuses » et conseilla finalement de  « s’incliner devant une chose décidée » et de faire confiance à la France car « elle est connue par sa clémence et sa charité ».

     

    La solidarité entre le Makhzen et les tribus allait en s’amenuisant et la rupture sera consumée après la mission d’El-Guebbas en Algérie et la signatures des accords d’Alger. Les Doui Meniai et les ouled Jerir se sentirent abandonnés. En août 1900 à l’occasion du combat d’El-Mongar qui opposa les troupes françaises à ceux des tribus et la protestation de Lamartinière à ce sujet,si Mohamed Torres naïb du sultan répondit qu’en raison du lieu de l’attaque et puisqu’il s’agissait des Doui Meniai, la France n’avait qu’à  «s’arranger »  avec  eux. Cette attitude poussa les Doui Meniai à réclamer l’aide des autres tribus. Mais déjà des notables commencèrent à s’informer sur les conditions de la « soumission » à la France et en octobre 1901 un bon nombre de tentes se rallièrent à cette puissance.

     

    Après le protocole du 7 mai 1902 et l’abandon des territoires situés entre la Zousfana et le Guir, le Makhzen donna la justification suivante : « le gouvernement marocain s’est dessaisi du (territoire) des ouled Jerir, des Doui Meniai et des Kenadsa au profit du gouvernement d’Alger,parce qu’ils ne cessaient de susciter des querelles et des disputes avec les sujets algériens ». Il est vrais que le gouvernement était contraint à de telles concessions, mais son erreur fut de croire qu’en ce faisant il mettrait fin aux appétits de l’expansion française à partir de l’Algérie. Jusqu’à sa déposition en 1908, Moulay Abdelaziz ne cessera de croire que les troupes françaises ne dépasseront pas l’Oued Guir, et assurera les tribus de la région, après chaque exercice du « droit de suite »,de « l’inviolabilité  des droits et des frontières ».

     

    A la fin de l’année 1902, aux pertes territoriales s’ajoutèrent les réformes impopulaires de Moulay Abdelaziz, qui achevèrent de mettre tout le Maroc en ébullition. Révoltes chez les Zemmour, les Ait Youssi, les Beni M’tir, les Beraber du Haut-Atlas et du Sahara. Actions spectaculaires du grand banditisme et de la piraterie Rifaine. Désordre qui culminèrent avec la fronde de Bou-Hmara dont l’action trouva un terrain propice au Maroc oriental. La même situation sévissait dans les capitales chérifiennes qui ne tarderons pas à proclamer Moulay Hafid contre son engagement « déclarer la guerre sainte et de libérer le Touat et la Saoura ».

     

     La pénétration pacifique :

     

    Il ne fait plus de doute pour personne que le Maroc devrait faire partie du lot de la France. Restait à savoir comment cela allait-il se passer. Le Touat fut conquis manu militari ; alors fallait-il définir une nouvelle frontière comblant par la même occasion es lacunes du traité de 1845 de Lalla Maghnia, ou de laisser de nouveau imprécise la situation, comme prélude à une éventuelle prescription acquisitive qui engloberait tout le territoire marocain ?

     

    Il en fut qui soutinrent que le partage était la solution la plus séduisante : « prenons donc la carte et partageons… »  D’autres moins pressés hésitaient entre différentes formules dont la « macédonisation » qui présenterait la France comme « un Philippe de Macédoine contre Démosthène ».

     

    Mais entre-temps un problème restait sans issue : celui du territoire des Doui Meniai.  La solution proposée et appliquée par la France représentait une rupture du bon voisinage entre les deux pays, et annonçait la prise en charge totale des affaires de l’Empire chérifienne par la puissance voisine.  Commença alors la pénétration pacifique suivant un axe Nord-Sud. Le Maroc se retrouvait privé de son Sahara refuge et soupape de sécurité.

     

    La Prise en charge : (frontière ou confins… ?)

     

    La France ne pouvait continuer à défendre le statu-quo au Maroc et prôner à ce pays son intégrité territoriale, sans lui instaurer une frontière sud-orientale que la conquête de Tout avait remise en cause.  Aussi fallait-il savoir où la placer : sur l’oued  Zousfana ?  Sur l’oued Guir.  Ou au pied de l’Atlas ? Par ailleurs fallait-il dénoncer entièrement le traité de Lalla Maghnia et par conséquence pousser l’occupation jusqu’au-delà de la Moulouya ?

     

    La situation appelait sûrement à la vigilance et aussi à la prudence. «  expression géographique »,ventre mou du Maroc, le triangle bordé à l’Est par la vallée de la Zousfana et à l’Ouest par celle de Guir était u territoire de parcours et de culture des Doui Meniai et Ouled Jerir jusqu’à la fin du 19° siècle du millénaire écoulé, les Doui Meniai secondé par l’action religieuse de la Zaouia de Kenadsa matérialisaient la présence de fait du Makhzen dans la région.  De même la France n’avait jamais soulevé aucune objection de leur marocanité.  Bien au contraire la turbulence de ces deux tribus avait maintes fois motivé des réclamations des indemnités. Toutefois, faut-il mentionner qu’en 1892, lors des premiers projets de marche sur le Touat, le général Avezard commandant la subdivision de Mascara  (Mo’âskar) avait fait remarquer que les « Doui Meniai » ne sont pas des tribus marocaines dans le sens strict du mot, leurs terrains de parcours et de cultures sont situés à cheval sur la méridienne passant par Jenien- Bou-Rezg ».

     

    Mais à la fin de l’année 1899, Bou-A’âmama intervint auprès des autorités algériennes pour demander  "l’Amane " ( paix-armistice) au profit de deux notables de la tribu. Le gouverneur général de l’Algérie française à Alger accepta les bons offices de l’agitateur et la soumission des deux notables. Ceci fut un prélude à d’autres soumissions, limitées, il est vrai, mais dangereuse pour la cohésion de la tribu.

     

    Les autorités françaises ne pouvaient que se réjouir de tels événements. L’occupation de Touat n‘était en effet, pas encore terminée, qu’elles pensaient déjà aux Doui Meniai et au chemin de fer d’Igli. Aux exigences de la presse algérienne de protester à la cour de Fès contre le soutien de Doui Meniai et Ouled Jerir aux Touatiens, le chroniqueur spécialisé dans les affaires marocaines du comité  de l’Afrique Française répondit que cela n’avait d’autre intérêt que «  de grossir les sujets de plaintes qui ne manquent jamais ».

     

    Les Français auraient préféré occuper Figuig, principal refuge de tous les mécontents, «  mais il est depuis longtemps trop tard pour réclamer l’abrogation d’une convention dont une longue tradition et une pratique de plus de cinquante années ont consacré, aux yeux de l’Europe,la validité ». Aussi l’occupation du triangle Zousfana-Guir ne tarda-t-elle pas à survenir et avec elle, la signature des traités qui consacrèrent l’abandon par le Makhzen de tous les territoires conquis.

     

    Les accords du 20 juillet 1901 :


    Au mois d’avril 1901, un ressortissant français fut assassiné par les Kebdana, une tribu marocaine du Rif, aux environs de Melilla. L’incident fut bien mis au profit par la France pour faire connaître le fait accompli. Outre les préparations « complètes et promptes » exigées, Monsieur Delcassé,responsable du ministère de ‘Instruction Publique Française fit savoir que « La France maîtresse de l’Algérie Française,et par l’Algérie, limitrophe du Maroc est tenue de suivre ce qui s’y passe avec un intérêt singulier ». C »est ce dont le ministère des affaires étrangères convainquit les envoyés du sultan à Paris, Ben Slimane et Guebbas.

     

    Le 20 juillet 1901, Delcassé e Ben Slimane signèrent à Paris un protocole d’accord sur les frontières sud orientales.  Officiellement, ce protocole fut conclu pour « l’application et l’exécution du traité de 1845 ». Mais en réalité, il instituait un partage inégal entre les deux autorités, et ne faisait aucune allusion aux territoires des oasis du Sahara. Même pas en tant que zone d’influence. Bien au contraire, il n’autorisait le Maroc à construire des poste de garde et de douane qu’à 15 km au Nord d’Igli en suivant la ligne de Figuig – Dehar Talazaza, rive droite du Guir. D’ailleurs pour les autorités militaire de l’Algérie « cet acte ne fixait pas de frontières mais délimitait des zones d’influence et arrêter à 15 km au Nord d’Igli l’action marocaine vers le sud ».

     

    Toutefois le sort réservé aux Doui Meniai et ouled Jerir éclipsaient les autres affaires du territoire.  Les articles 4 et 5, les plus importants du protocole, leur furent consacrés, de même ces deux tribus furent désignées nominalement à l’exclusion de toutes les autres tribus. Il semblait alors qu’à défaut d’une frontière territoriale, l’oued Guir en l’occurrence, qui aurait fini une fois pour toutes avec l’esprit et la lettre du traité de Lalla Maghnia, la France optait pour une frontière de tribu et par con séquent d’autorité. Probablement cette résolution représentait-elle un compromis entre les différents intérêts en jeu : l’hostilité du gouvernement général à toute entrave à l’autorité algérienne dans tout le Sahara ; l’attachement du 19° corps à une ligne fixe sur le Guir et la Moulouya, et le souci du département  des affaires étrangères de recueillir sous son influence l’ensemble de l’Empire chérifien. Cherchait-on à côté de cela, à créer un territoire réellement neutre, et à tenir compte de l’avis des tribus intéressées ?

     

    Quoiqu’on voulait, on savait par ailleurs que « les Doui Meniai et ouled Jerir à l’exception de ceux qui voudraient se retirer sur les terres du sultan, seraient sous la mouvance de la France ». En un  mot, la France cherchait à se substituer progressivement au Makhzen avec le consentement de celui-ci.  Les opérations sur le terrain en vue de l’application des conventions de Paris le prouvèrent.

     

    La commission franco-marocaine :

     

    Une commission franco-marocaine fut constituée dans le cadre des commissions annuelles prévues par le protocole du 20 juillet 1091.  Elle fut présidée par Guebbas et Cauchemez du côté français. La délégation marocaine arriva à Alger le 3 décembre 1901 et prit le départ d’Alger vers Ain Sefra le 19 janvier 1092,où elle rentra en contact avec la délégation française. Cette commission mixte devait en principe résoudre sur place les problèmes et les réclamations qui auparavant motivaient les indemnités, avait pour mission immédiate la tâche délicate de s’installer et de faire admettre aux populations marocaines les stipulations du protocole du 20 juillet 1901. Le gouvernement général avait prévu les difficultés que trouverait la commission sur son chemin. Revoil, le gouverneur général de l’Algérie dans ses instructions au général Cauchemez ne cachait pas ses appréhensions : surveiller la délégation marocaine tout en ouvrant à écarter toute idée de tutelle.

     

    Les questions dont devait s’occuper le chef de la délégation française étaient avant tout celles de : Figuig, du chemin de fer du sud oranais, de Bou A’âmama et de Doui Meniai et ouled Jerir.  L’intérêt porté à Bou A’âmama semblait démesuré. Trois pages lui furent consacrées par le gouverneur général, alors que l’agitateur n’avait pas cessé  de montrer ses dispositions  à servir l’autorité française. Par contre le chemin de fer du sud oranais avait réellement une grande importance et semblait devoir se substituer au transsaharien, en s’infléchissant vers l’Ouest. De même, Figuig bénéficiait d’un regain d’intérêt qui ne manquait pas de rappeler celui qui lui avait été accordé en 1882. En effet, avant même l’installation de la commission à Beni Ounif le 1er février 1902 on constatait une recrudescence des hostilités de la part des Figuiguis, dirigées principalement contre les Européens.. L’arrivée de la commission mixte à Figuig fut d’ailleurs saluée par des démonstrations de violence, où étaient impliqués le Doui Meniai et ouled Jerir, inquiets du sort qu’on leur avait réservé. Conscients de cette difficulté Revoil avait conseillé à Cauchemez «  d’éviter qu’il soit parlé de nationalité, ni de possession du sol (limitant l’action de la commission) à faire régner l’ordre et la sécurité dans la région et à placer les postes voulus pour cela ».

     

    La question de Doui Meniai qui représentait sans doute l’essentiel des accords du 20 juillet 1901 et de la commission mixte, ne s’annonçait pas facile. Bien au contraire, prévoyant toutes les difficultés, le gouverneur général avait fait observer au général Cauchemez ,que «  les jemaâ feront beaucoup de bruit, se querelleront. Il importe de ne pas brusquer les choses (….) et de faire aposter une décision quand les esprits revenus au calme ». Les contestations étaient inévitables car d’une part, la première opération qui devait repérer les points limites des migrations des deux tribus était déterminée à l’avance, et le territoire à délimiter ne correspondait nullement à celui habituellement parcouru par les Doui Meniai et ouled Jerir. D’autre part, malgré les précautions que les chefs de délégations prirent pour expliquer aux populations « qu’il de s’agissait ni de nationalité ni de possession de sol et des sources », le gouverneur général avait pris soin de signaler à l’attention du délégué français « l’utilité de faire respecter aux groupement en cause soit par quelques émissaires choisis, soit au cours des occasions qui pourraient s’offrir…qu’ils seront considérés comme placés sous la juridiction française…et qu’ils conserveront leurs coutumes ».

     

     C’est en réalité, l’interprétation algérienne de l’article 5 du protocole du 20 juillet 1901 était agressive. Revoil n’écrivit-il pas au ministère de la guerre que le but de la commission mixte était de «  faire aux Doui Meniai et ouled Jerir les communications prévues à l’article 5 du dit protocole qui avaient stipulé que les Doui Meniai et ouled Jerir étaient désormais placés sous notre domination et que seuls les habitants des ksour auraient la faculté  d’opter entre les deux pays ».

     

    Pour limiter les risques de violence, les habitants furent rassemblés le 12 mars 1902 à la zaouia de Kenadsa, où les chefs des délégations leur communiquèrent les décisions prévues. Les ksouriens, à qui l’on offrit le choix entre les deux nationalités sans obligation de quitter leurs terres, opèrent tous pour le Maroc. Mais le problème fut celui des tribus à qui l’on imposa le choix entre la soumission et l’émigration. Celles-ci ne cachèrent pas leur désarroi.  Leurs récriminations s’adressèrent surtout aux délégués chérifiens qui «  avaient la mission particulièrement délicate, il faut bien l’avouer, de leur donner à choisir entre leur expatriation et leur soumission à des chrétiens » dût reconnaître le gouverneur chérifien. Au terme de sa tournée,la commission franco-marocaine ne pouvait être considérée comme  une réussite. A son retour à Figuig le 19 mars 1902, elle avait laissé en suspens toutes les questions qu’elle avait pour mission de régler : tout d’abord le partage des Doui Meniai fut abandonné ; la répartition, la juridiction et le statut des propriétés des A’âmour ne furent pas régler et les tribus de Tafilalet firent savoir leur résolution d’interdire les marchés de leur pays à toutes les tribus qui se soumettraient à la France. Ensuie,la commssion dut rentrer à Alger pou signer des accords de réglementation commerciale et de sécurité le 20 avril et le 7 mai 1902.

     

    On ne pouvait  manquer de remarquer la difficulté entre le protocole de juillet 191 et  les récents accords. Alors que le premier stipulait une solution de partage, les seconds confirmaient tout simplement la tutelle française sur le Makhzen, sous le couvert de la collaboration entre les deux pays voisins.

     

    Aux  sceptiques à propos de cette politique, on rappela que  « l’inefficacité de l’intervention du Makhzen ne pouvait que nous être avantageuse,puisque nous étions nous-même délégués par lui pour supplier à son impuissance et imposer sa volonté ». A cette même date, le gouverneur général de l’Algérie informait les ministres intéressés que « Si Guebbas chef de la mission marocaine ne se fait pas de faute de mettre constamment en relief, dans les communications qu’il fait parvenir à ses tribus, notre résolution de seconder  les vues du sultan qui ne pourrait à coup sûr par ses propres moyens, arriver à ses fins ».

     

    La pénétration pacifique…ou la conquête du Maroc :

     

    L’unité du Maroc n‘était plus une affaire intérieure, elle avait commencé à revêtir un caractère internationale incontestable. Déjà au début de la dernière décade du 19° siècle, la France se considérant détentrice de plus de raisons que les autres puissances européennes d’intervenir dans les affaires marocaines, pensait sérieusement à occuper l’Empire chérifien. Et c’était justement l’un des sujets de controverse entre les défenseurs et les opposants au maintien du statu-quo du pays.

     

    En 1899, l’état-major de l’armée prévoyant un éventuel partage du Maroc mettait l’accent sur les intérêts « continentaux et maritimes de la France » et suggérait de s’emparer de la Moulouya avec le territoire d’Oujda et les oasis de Figuig avec les territoires des Doui Meniai et Ouled Jerir. Il prévoyait en outre de réduire le territoire marocain ; d’étendre l’occupation algérienne jusqu’à l’Océan Atlantique et de prendre possession les lignes de partage les plus importantes et les territoires les plus fertiles. Le projet de l’état-major envisageait aussi des arrangements avec l’Espagne et l’Angleterre «  qui aurait plus de peine à se résigner à l’annexion que le Maroc ». Une année plus tard, Pares le chef de la section d’Afrique, présenta un projet semblable dans tous les détails. La seule innovation qu’il présentait était «  le chemin de fer qui,partant de l’océan, traversant le Haut Dra’â,le Tafilalet pour se raccorder par l’oued Guir à Ain Sefra ».

     

    Mais il va falloir attendre le développement de la connaissance géographique et humaine du Maroc, suite aux missions de plus en plus fréquentes à l’intérieur du pays et aux informations accumulées par la mission militaire Française au Maroc, pour voir les projets d’occupations, acquérir plus de précision.

     

     A la fin du 19° siècle, il n’était plus de question de course avec les autres puissances mais plutôt du souci de la sécurité « algérienne ». Segonzac,un haut responsable Français,, en mission au Maroc à cette date, affirmait : » le Maroc revient à la France. Il est inscrit dans son lot africain.  Cette prise de possession ne sera pas une expansion coloniale nouvelle, mais une simple extension de nos deux colonies d’Algérie et du Sénégal réalisant leur suture logique et nécessaire ».

     

    Au début du 20° siècle, le capitaine Laras, chef de la mission militaire française à Marrakech proposa «de marcher sur le sultan, s’emparer de lui, et lui imposer le protectorat  ». Mais ce n’est qu’après la conquête de Touat que les projets d’occupation gagnèrent en détermination et présentèrent des variétés suivant les cas. Ainsi au mois de décembre 1900, l’état-major prépara trois fascicules intéressants sur les possibilités d’opération militaire contre le Maroc.

     

    Le deuxième fascicule projetant une action militaire dans l’hypothèse d’une rupture du statu-quo par une puissance autre que la France, prévoyait la prise de Tanger par la Grande-Bretagne et proposait les deux solutions suivantes : « mettre à profit les circonstances créées par d’autres, soit pour chercher à compléter notre empire nord-africain…soit pour prendre au Maroc une position militaire telle que notre action diplomatique y trouve une aide » et pour cela, la marche sur Fès par la trouée de Taza, la prise de possession de Tetouan et la main-mise sur le sultan semblait les premières opérations à réaliser . Car la prise de Tanger constituerait un «  casus belli » où le détroit « malgré son importance passerait certainement au second plan ».

     

    Le troisième fascicule supposait le cas de l’occupation du Maroc dans l’hypothèse du consentement des autres puissances européennes. Dans ce cas, l’état-major se montrait plus soucieux de la situation interne de l’Empire chérifien : « toutes les difficultés d’ordre extérieur étant écartées, la seule résistance à vaincre est celle du sultan ». A cet effet, deux opérations étaient prévues : marche sur le sultan et occupation des ports avec le concours de la Marine. Et comme «  il n’est pas douteux que la résistance ne soit facile à rompre », les effectifs à fixer pour les opérations s’annonçaient très importants. Ce qui poussa le colonel Bruneau, commandant le 2°étrangers, d’affirmer que « la conquête du Maroc est une œuvre colossale…une rectification de la frontière serait un avantage sérieux et compenserait les sacrifices faits : la Moulouya comme limite nord de l’Atlas, et l’oued Guir au sud ».

     

    C’est qu’à cette phase critique des affaires marocaines, le gouvernement français de la métropole ne voulant pas céder à l’opinion algérienne qui réclamait « une grande situation à Fès et à Marrakech », et craignant une action militaire incontrôlée à partir de la colonie, s’empressa de décréter qu’ « en cas de guerre étrangère, le gouvernement de la métropole a seul la disposition des forces de terre et de mer de l’Algérie ».

     

    Entre-temps, la diplomatie française était arrivée à se concilier l’Italie et partiellement l’Espagne, mais continuait à se soucier du sort de Tanger. Le ministre de la guerre pour parer à toutes les éventualités, songea principalement à relier l’Algérie à l’Atlantique par l’occupation toute entière du Maroc.  Le capitaine Laras, après reconnaissance, réalisa une intéressante note sur le meilleurs débouché que l’Algérie devrait avoir sur l’Atlantique. Entre les trois embouchures de Bou Regrag, du Sebou, et du Loukos, son choix judicieux d’ailleurs, se porta sur celle de Sebou et ajouta : « C’est à Kenitra qu’il conviendrait d’installer un port de ravitaillement pour notre flotte de guerre ». Un élément commençait à faire l’unanimité, celui de la certitude que la France s’imposera tôt ou tard en « héritière de la dynastie Alaouite » mais les moyens proposés pour y arriver ne coïncidaient pas nécessairement.

     

    Les deux politiques :

     

    Les désaccords entre les différentes conceptions de la politique française à propos du Maroc eurent  autant d’impact sur l’évolution de la situation de l’Empire chérifien que les rivalités entre les puissances européennes à propos de ce pays.  La complexité et l’ambiguïté de la politique française avaient leur origine dans les premiers pas de la colonisation Algérienne.

     

    L’opposition entre les idées d’assimilation et d’association à laquelle correspondait la suppression incohérente des régimes civil et militaire de la colonie qui conduisait au problème des rapports entre l’Algérie et la métropole,et enfin, le contentieux frontalier franco-marocain qui héritait du même coup de ces contradictions, leur donnèrent des dimensions nouvelles. La vocation que se sentait la France à devenir le précepteur de l’Empire marocain accéléra en Algérie le succès de l’idée que l’administration directe, imposée par la métropole, était une aberration. Les Français d’Algérie commencèrent à voir au Maroc un moyen de leur émancipation. Mais la question marocaine était complexe justement par ses deux dimensions frontalière et internationale. Conscient de cela, le gouvernement de la métropole était résolu à ne pas céder à l‘aventurisme et opta pour l’appui d’un Makhzen affaibli mais légitime. Ce choix n’arrangeait pas l’Algérie.

     

    Algérie ou métropole ?

     

    Il n’est pas douteux que les discordes animaient des débats entre les différentes instances politiques françaises à propos des différents problèmes concernant le Maroc. Le 19° corps d’opposait au gouvernement général à propos de la délimitation définitive de la frontière. Le ministère des affaires étrangères ne fut jamais du même avis que le gouvernement général au sujet du rôle de la mission militaire française au Maroc. De même, les autorités de la colonie envisageaient les moyens que n‘acceptaient pas celles de la métropole quand il  fut question de l’expansion saharienne.

     

    Il est vrai aussi, que dans l’ensemble ces forces hétérogènes oeuvraient dans le cadre d’une même vision globale qui était celle d’ouvrir le Maroc à la « mission civilisatrice » de la France. Clémenceau qui critiquait Ferry, arriva au pouvoir en 1902 pour parachever l’œuvre de celui-ci. Jaurès, qui de son côté stigmatisait la pratique coloniale, proposa en 1903 le vote des crédits pour « développer l’œuvre de la civilisation chez les tribus musulmanes du Maroc ». Néanmoins, ces rivalités se cristallisèrent semble-t-il, autour de l’opposition entre Français d’Algérie et Français de la métropole, et continueront jusqu’après l’établissement du protectorat français au Maroc. L’épisode de l’opposition entre Delcassé et Lyautey en fut un des points culminants qui déterminèrent la question marocaine avant le traité d’Algésiras.


    En premier lieu, les Algériens étaient conscients que le Maroc privait l’Algérie du commerce saharien, et que dans l’avenir, « il sera le plus terrible concurrent économique » de la colonie. Aussi, ont-ils été rapidement amenés à considérer l’Empire chérifien comme la continuité de l’Algérie, et n’acceptèrent-ils plus que le gouvernement de la métropole, à la manière de l’âne de Buridan, appelât à « rester à la frontière, l’arme au pied… et de pratiquer de temps à autre, quelques corrections à des tribus insoumises…et quelques inoffensives démonstrations navales »,sans se décider à une conquête définitive.

                                                 

    Le voisinage franco-marocain mettait à profit outre les fructueux incidents de la frontière, la collecte des informations sur l’Empire chérifien. « les 9/10ede notre connaissance scientifique du Maroc sont l’œuvre des Algériens ou de personnages qui ont fait leur apprentissage en Algérie » affirma un haut responsable français. Et effectivement, les autorités algériennes avaient toujours encouragé la pénétration aussi bien scientifique, qu’économique du Maroc par l’intermédiaire des savants et chercheurs, d’explorateurs français qui sillonnèrent le Sahara et le Sud-Ouest marocain ; des commerçants et même des simple aventuriers, tel que Nouguaret, qui bénéficiant d’une permission d’embarquement de céréales, s’adonnait à un fructueux trafic d’armes. Qui ne l’empêcha pas d’entrer aux services secrets de l’Algérie et d’envoyer à Alger des rapports sur la rébellion marocaine.

     

    Participaient aussi à cette ouvre l’école des lettres d’Alger, et les sociétés de géographies, principalement celle d’Oran. Ainsi l’Algérie détenait presque l’exclusivité du domaine de la recherche, ou plutôt de l’espionnage sur le Maroc et entendait le garder. Le comité français du Maroc qui se constitua à la fin de 1903 était présidé par Eugène Etienne,un des proche de Lyautey, et avait pour membres d’éminents «  des Algériens » et affirma que « rien n’importe plus actuellement à notre destinée nationale française que l’avenir du Maroc ».

     

    A cette date, le gouvernement général français attendait patiemment que se calmât l’émotion suscitée par la conquête de Touat et la Saoura, et ne se prononçait pas encore sur la politique qu’il allait entreprendre au Maroc. Cette phase connut une compétition sans précédent entre les différents groupes intéressés au Maroc. Les grandes firmes qui jusque-là observaient avec attention et prudence les affaires marocaines devinrent plus actives et furent sollicitées même par les milieux politiques et plus spécialement par le ministère des affaires étrangères. Ce même groupe sera à l’origine de l’établissement de la compagnie franco-marocaine en 1903 et du consortium bancaire qui imposa l’emprunt à Moulay Abdelaziz un an plus tard.


    «Avant de venir à terme de cette série,il s’avérait souhaitable de retenir ces dates qui résument  clairement les étapes importantes de toute cette histoire :


    1666 : La dynastie des Alaouites, se proclamant de Fatima Azzahra,fille d’Ali Ben aby Taleb, gendre du prophète Sidna Mohamed (sws),instaure le régime monarque et prend le pouvoir, profitant des querelles intestines qui gangrènent les Sa’adiyennes. Sa Majesté le roi Mohammed VI,est  l'un des descends de cette lignée qui règnera et  gardera avec jouissance son existence au Maroc jusqu’à l’infini Incha Allah. Les Alaouites, qui éliront en premier lieu « Meknès » comme capitale du Maroc de l’époque, instaurent le - makhzen- (« le dépôt »), une politique centralisée qui durera jusqu’au protectorat Français imposé au Maroc.


    1844 : Les richesses et l’immobilisme du Royaume du Maroc vont attirer les convoitises de nombreux pays européens, avec à leur tête, les Français qui ont battu les armées chérifiennes qui soutenaient l'Emir Abdelkader à la bataille d’Isly au mois d’août de cette année. Plus au nord, les Espagnols s’emparent de Tétouan –Chaouen,et Al Hoceima,et plus loin encore la région de Nador au Nord-Est du royaume. Le colonialisme est en marche. pour clore,ou plutôt  pour couronner  avec succès les démarches françaises entreprises à cette fin depuis 1837.


    1903 : Bechar, reçu le nom de Colomb, premier officier à avoir fait une incursion dans la région dès 1870. C’est le premier pas vers la création de Colomb-Bechar en 1905- Le Nom de Colomb Bechar entre dans l’usage quotidien, et la petite localité qui reçoit dans la même année la visite du gouverneur général d’Alger, en signe d’officialisation et de prise définitive de la région.Les quelques actions de résistance menées par les tribus marocaines en particulier par les Doui Menia n'aboutiront en rien devant la puissance et la politique des Français qui projetaient d'aller jusqu'au bout pour s'emparer de tous l'Empire chérifien affaibli par l'impuissance et la mauvaise gestion des sultans Alaouites.


    1912 : Le 30 mars, le Maroc abdique : Aprés avoir conquis l'ensemble du Sahara marocain oriental. le Traité de Fès inaugure l’ère du protectorat français et espagnol. Le nord, excepté Tanger qui devient  zone internationale, et le Sahara marocain occidental sont placés sous la tutelle ibérienne, tandis que la France hérite du reste du pays, aprés des actions et tentatives acharnées de deux décennies de résistance dans le Tafilalet  par "Belkacem Nguadi"et dans le Saghro au sud-Est de l'anti-Atlas par "Assou Basslam"».


    Il va de soi, vu ce qui précède, les territoires inclus dans le Sahara marocain occidental sont bel et bien des terres qui appartenaient sans aucune équivoque à l’Empire chérifien amputés par la France pour se servir en plate-forme au traité de Fés, qui donna unilatéralement à la France le droit d’occuper tout le Maroc sous prétexte de protectorat, dont les préparations commencèrent dès 1903 par l’invasion officielle de tout le Touat et la Saoura .dont la capitale est devenue désormais Colomb-Béchar.


    Historiquement, la ville de Colomb-Béchar ne figure en tant que telle sur les cartes qu’après la conquête française en 1903 L’action de la résistance des habitants de la région, les troubles causés, particulièrement par des tribus tampons de Tafilalet, aggravaient la situation sur les confins Algéro-marocains, ce qui conduisit les troupes françaises à intervenir et à installer des postes au sud-est du Maroc.


    Avant l’occupation française, le petit ksar de Bechar ne se différenciait en rien des autres ksars de la région, comme en témoigne la première chronique écrite qu’on possède de la région, celle de Colomb : « l’oued Kénadsa qui descend du pâté montagneux dans lequel est situé ce qu’on appelle les ksours du nord : Moghol, Lahmar, Boukaïs, Sfissifa, Beni Ounif,… ».


    A la différence du Ksar de Kénadsa qui est le siège de la prestigieuse Zaouïa Marocaine « Ziania » (de Sidi M’hamed Ben Bouziane) et par conséquent centre culturel rayonnant sur la région depuis le 17éme siècle, Bechar est un ksar anodin, parmi les autres ksour de la région. C’est en fait la conquête française qui a fait sortir ce ksar de l’anonymat. Longtemps avant une population était installée là.


    Les Berbérophones jardiniers, agriculteurs installés à Ouakda dans le nord de Bechar, les Arabophones et musulmans installés dans le Ksar de Tagda. Les besoins important des effectifs militaires attirèrent des commerçants qui vinrent s’installer aux alentours du poste. Avec l’arrivée du Chemin de Fer, le passage des caravanes vers les pays subsahariens qui trouvèrent un marché. Bechar devient la ville rayonnant sur l’ensemble de la région du sud-ouest de l’Algérie française et même du sud-est marocain


    A défaut de documents écris, ce sont les légendes qui peuvent donner quelques éléments d'informations sur l'origine du vieux ksar de Bechar. Mohamed Ould Cheikh, un écrivain natif de la région, dans son roman « Meriam dans les palmes »  paru en 1936, donne une version de la légende de Bechar. "Les Réquass ( les convoyeurs courriers) des régions avoisinantes venaient recueillir sur le site du ksar de Tagda des nouvelles".


    C'est ainsi que l'on donna le nom de Bechar le qualificatif "Bechar" signifiant celui qui apporte la bonne nouvelle (labchara). Ce qui laisse supposer que la région était une étape importante sur la voie de passage très fréquentée par des voyageurs ou des caravanes véhiculant des nouvelles.  Une autre légende recueillie localement, citée dans un livre, avance que le nom de Bechar viendrait du fait qu'un musulman envoyé, par un Sultan, reconnaître cette région entre le 9éme et le 15éme siècle en aurait une outre pleine d'eau limpide, d'où le qualificatif tiré de la racine "béchara" (donner la bonne nouvelle), qui lui aurait été attribué, ainsi qu'à la région


    Le Sud-Oranais était le point de contact de la pénétration saharienne et de la pénétration marocaine. Dès la conquête des oasis, la France avait été amenée à utiliser la ligne de communication naturelle de la Zousfana et de la Saoura pour relier les régions nouvellement occupées au Sud du département d'Oran. Mais on ne pouvait guère s'établir dans le fossé, c'est-à-dire dans la vallée de la Saoura, sans être obligé de s'assurer en même temps le talus qui le borde, c'est-à-dire la région des Ouled-Jerir et des Douï-Meniai. Aussi, dès son arrivée à Aïn-Sefra, le général Lyautey prépara l'installation à l'Ouest du Jebel-Bechar d'un  poste qui fut créé le 11 novembre 1903,et qui prit le nom de Colomb-Béchar.  Le chemin de fer, poussé avec activité, atteignait Jenien-bou-Rezg en 1900(ce Jnien-Bou Rezg est actuellement le camp d’entraînement militaire du Polisario), Beni-Ounif, à 4 kilomètres de Figuig, en 1903, Colomb-Bechar en 1905. Ainsi, depuis 1900,


    Un officier Français qui devint plus tard le Gouverneur de Bechar,laissa entendre qu’ «  en l'espace de cinq ans, nous nous étions installés dans les oasis sahariennes, puis dans la Zousfana et la Saoura et en dernier lieu à l'Ouest du Bechar jusqu’au lieu dit « L’mrija » une très petite localité située au pied de la Hamada de Guir ».


    C’était un résumé d’histoire du Sahara marocain oriental, mettant en exergue la légitimité des terres marocaines spoliées et les frontières marocaines avec l’Algérie, ce mauvais voisin de toujours, que je développais, selon ma modeste connaissance en la matière. Qui se basait en grosso modo sur le résultat de quelques recherches effectuées sur peu de documentation de référence, soit en internet, soit en livres ou missives concrets .


    Je souhaite sincèrement avoir collaboré avec cela, à démentir les alibis mensongères et  les hypothèses inacceptables des algériens, qui se ventent de dire toujours, et sans aucune honte ,que ces territoires sont des terres purement algériennes, héritées du colon français par sacrifices du peuple Algérien. Position négative envenimant toute entente éventuelle entre nos deux pays. Reste à dire que : l’histoire est pas une prédiction,elle n’est pas du tout facile à déformer, ou à tailler à sa mesure.  La spoliation des terres d'autrui  est un crime qui,doit cesser tôt ou tard. L'Algérie doit revenir à la raison pour son bien, et pour le bon voisinage.


    Alors que le droit marocain sur ces territoires ne pointe point le bout de son nez,ne revètant nullement l'aspect subjonctif ,puisqu'il est légitimement persistant depuis l'antiquité. L'Algérie qui est donc prise à partie, doit raisonner pour sortir de la zone d'ombre de cette affaire primordiale,trés chère au peuple Marocain.Bonne lcture

                                                                                Cordialement,Chihab-25