Crise du gouvernement Marocain: On joue les prolongations..
C'est fait, Chabat quitte l‘alliance..et puis après ?..cette crise de la majorité gouvernementale n’a pas eu d’incidence sur le pays, sur son fonctionnement, ni sur sa position internationale ou ses engagements avec le reste du monde. Rien n’a donc changé sur le plan stratégique ou des grandes orientations de l’Etat.
Mais, ce qui est triste, c’est qu’au Maroc, depuis les élections du 25 novembre 2011, la politique dépend de deux personnages (Hamid Chabat et Abdelilah Benkirane) qui sont de moins importance intellectuellement, politiquement et socialement.
Nous sommes arrivés là parce qu’à la base tout séparait le PJD et le Parti de l’Istiqlal, contrairement à ce qui a été écrit et dit ici et là. L’alliance Istiqlal/PJD était un mariage contre-nature. Le PJD dit qu’il est venu aux affaires pour mettre fin aux privilèges, à l’économie de rente, aux concessions et aux agréments de quelque nature que ce soit. Son principal allié dans la majorité n’est autre que le Parti de l’Istiqlal, qui, lui, a vécu depuis 1956 avec les privilèges et la rente.
Des législatives anticipées, pourquoi pas? Je pense qu’elles pourraient être une des solutions les plus appropriées à la situation actuelle. Et à supposer que le PJD ait une large majorité, ce sera une avancée spectaculaire dans la vie démocratique du Maroc.
Dans le sens où cette victoire du PJD mettra fin à un mythe qui n’a que trop duré, celui de la “légitimité historique”. Pourquoi l’Istiqlal nous rebat les oreilles tout le temps avec cette notion de légitimité historique? Il faut passer à la légitimité démocratique, celle des urnes. S’attacher à cette légitimité historique conduit au fascisme et à l’embourgeoisement. Je précise que contrairement à la bourgeoisie dans son acception originale, chez nous les embourgeoisés ne produisent rien, n’innovent en rien et tirent profit des facilités octroyées par l’Etat. C’est notre problème au Maroc depuis 1956.
L’élection n’est que le début de la démocratie. Il faut que celui qui a été élu soit réellement démocrate et qu’il le reste pour toujours. Un démocrate c’est celui qui est convaincu qu’il n’est rien face au reste, ce reste qui est l’humanité… Alors, est-ce que nos élus font de cette notion leur devise? La connaissent-ils déjà?
Ceci pour vous dire qu’avoir tant de députés au Parlement ne confère pas forcément une légitimité démocratique du moment que la pratique démocratique n’est pas notre point fort. Quand un programme électoral n’est ni chiffré, ni déployé selon des axes bien définis, quand la relation du parti politique avec la population se résume à la campagne électorale, on ne peut pas s’attendre à des miracles…
Il a refusé de démissionner au motif qu’il est nommé par le Roi et que ce n’est pas à M. Chabat de lui dicter ce qu’il a à faire. M. El Ouafa ne voit pas Hamid Chabat comme un leader du parti de l’Istiqlal. Je vais même plus loin en disant qu’un cadre de la trempe de M. El Ouafa, avec son expérience de plusieurs décennies au sein de l’Istiqlal, qui claque la porte, cela veut dire qu’il ne croit plus au parti tel qu’il est aujourd’hui. L’Istiqlal de Hamid Chabat n’est pas celui de M. El Ouafa. Ce dernier est convaincu que si des élections législatives anticipées avaient lieu maintenant, le PJD sortirait plus fort puisqu’il est vu comme la victime d’un complot et les Marocains se solidarisent toujours avec la victime…
Et finalement, le chef du gouvernement a reconnu à travers la déclaration de son ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha el Khalfi, avoir bien reçu les démissions individuelles de cinq de ses ministres. Ainsi, ces démissions sont bien devenues officielles, après tout un flot de supputations et de spéculations sur le fait qu’elles seraient collectives, sur le nombre des ministres démissionnaires, à savoir les six de l’Istiqlal ou les 6 de l’Istiqlal moins le ministre de l’Education nationale Mohamed Louafa…
Aujourd’hui, il appartient à Benkirane de ne pas se retrancher dans son bureau pour méditer ces démissions, aujourd’hui effectives, et de ne pas ignorer le fait et de le contourner, vaquant à ses occupations, comme si de rien n’était… Ce serait là une fuite en avant et une incapacité à assumer les faits et à digérer la réalité, surtout en ce mois où les indigestions sont fréquentes et diverses.
Parmi ces choses indigestes, on relève la position de Louafa qui a refusé d’emboîter le pas à ses pairs istiqlaliens au gouvernement pas plus qu’il n’a accepté de s’engager sur la voie de Chabat ; Louafa a donc délibérément ignoré une décision de son parti, prise dans les règles de l’art, progressivement, légalement, et aboutissant à la résolution du Conseil national du parti de l’Istiqlal de retrait du gouvernement.
Il n’avait pas semblé, du moins jusqu’à récemment, que Louafa avait un avis différent de celui de la majorité des Istiqlaliens ; il n’avait jamais exprimé un tel avis, ne serait-ce qu’une fois. Il n’avait jamais rien dit, rien laissé paraître ni filtré, pas de petites phrases ou de courte allusion, rien… sachant pourtant que l’homme a une façon de communiquer toute particulière, toute personnelle, dans laquelle les gens des médias trouvent toujours un sens.
Seulement voilà, Louafa a choisi et décidé de surprendre son monde et tout le monde en frappant un grand coup de poing sur la table, perturbant la douceur et le confort de l’unanimité. Par son acte, les observateurs se sont finalement aperçus qu’il existait une voix discordante au sein de l’Istiqlal, très certainement minoritaire, mais une voix qui dit en substance que cette décision de retrait est incontrôlable et aventureuse, une décision qui doit être refusée, quel qu’en soit le prix, et même si cela est allé jusqu’à l’exclusion du parti ou le gel des activités au sein du parti pour cause de «sortie de l’unanimité». Or, dans la tradition humaine et politique, tout individu qui quitte l’unanimité de sa collectivité est voué aux gémonies et livré aux lions et à la vindicte populaire afin d’être déchiqueté.
Mais cette fois-ci, il apparaît que Loufa ne craint ni lions, ni arène, ni opprobre publique. Il est même possible qu’en adoptant l’attitude qui est désormais la sienne, il souhaite exprimer l’opinion d’une petite minorité emportée, voire même écrasée par la lourdeur de l’unanimité. Et quand il se lève, sûr de lui et assuré de son bon droit, en disant haut et fort « non » à une résolution claire et explicite, cela ne peut signifier que deux choses :
1/ En décidant de rester au gouvernement, l’homme indique par là qu’il existe au sein de son parti un courant particulier de refuzniks, comme il y en a partout dans les sociétés humaines, mais que la capacité de Chabat à tout renverser devant lui a conduit les voix discordantes à s’incliner face à la puissance du choix démocratique ; quand on a recours aux urnes, tout s’arrête aux chiffres et aux résultats, qui imposent leur fait. Et donc, ni Loufa ni ceux qui penseraient comme lui, dans ce courant qui le rejoindrait, ne seraient en mesure de changer les résultats du vote du Conseil national duParti de l'Istiqlal ;
2/ Dans une réaction qui se caractérise par une grande finesse politique, Louafa aura pu absorber le choc et transformer son cas d’une lutte où il y aurait un perdant et un gagnant en une position où il apporte sa vérité, quitte à passer pour un martyre. C’est là un fait très important, et Louafa, ici, joue le temps et mise sur une évolution de l’air du temps au sein de son parti où d’autres voix importantes, des voix sages commencent à s’élever ici et là pour mettre en garde contre l’orientation qu’est en train de prendre l’Istiqlal. Et c’est dans cette phase sensible, celle de la démission de ses collègues, que Mohamed Louafa a choisi de monter sur les planches de la scène politique et de dire et de proclamer qu’il quitte la belle unanimité des siens et qu’il reste au gouvernement.
En agissant de la sorte, Louafa souhaite-t-il dire qu’il existe au sein de l’Istiqlal un courant qui, bien que minoritaire, est en faveur d’un maintien au gouvernement, et que lui, Mohamed Louafa, en est le porte-étendard ? Et qui peut nier que ce courant, aujourd’hui minoritaire, pourrait un jour renverser la tendance et devenir majoritaire ? En effet, la pratique marocaine nous a appris que chez nous, les majorités et les opinions dominantes se font au caprice et à l’humeur, se fondent sur les intérêts et le sentiment des dangers qui guettent. Loufa vengera-t-il donc Benkirane et Benkirane le récompensera-t-il en en faisant un atout gagnant lequel, un jour prochain, qui sait, deviendrait incontournable sur l’arène politique ?
Chabat fait confusion entre l'exécutif et le patronat?..Ce fameux Chabat ignorait surement l'importance qu'avait accordé Sidna à Mr.Abdel Illah Benkirane et à cette première expérience démocratique de la nouvelle Loi Fondamentale, en l'occurence la constitution du 25/11/2011. Pour lui et pour ceux qui ont la mémoire courte, la rédaction a le plaisir de revenir, pour mémoire, aux premières circonstances qu'ayant précédé la nomination et l'installation de ce gouvernement PJD en reproduisant les moments et les séquences forts qui ont marqué cette particularité Marocaine.
Les Marocains ont certainement remarqué que cette particularité échappe à Chabat, une particularité qui n'est nullement au niveau intéllectuel et politique d'un syndicaliste féroce qui se comporte en sa qualité d'ancien cycliste de Fes qui voulait, du jour au lendemain, détruire l'espoir d'une monarchie et d'un peuple «unique» dans la région nord-africaine, qui ont su conjointement comment en tirer profit de ce qu'on appellait "Le printemps arabe" et vaincre le danger en ce moment de turbulances arabes.En effet, personne n'a le droit de nier que le peuple Marocain est sorti indemne, rescapé et vainqueur, Dieu merci, de son propre printemps en confirmant derièrre son Roi l'exception du Maroc. A savoir :
Pas d'amitié ni d'inimitié!.. Bracelet nimbé de la baraka de Dar al-Makhzen, parfum précieux et rare, cravate en soie, costume sur mesure provenant des couturiers les plus et mieux renommés… Ainsi était paré l’ancien «parrain» du parti du Tracteur (le PAM), actuel conseiller du roi, alors qu’il jetait un œil à sa montre sur son chemin vers une villa du quartier des Orangers pour un rendez-vous particulier, exceptionnel.
A l’accueil, un homme en sandales de cuir, un chapelet à la main, l’éclat de rire retentissant et bruyant, qui venait d’effectuer une courte prière et de manger un (gros) morceau…
Benkirane est tendu et Fouad Ali el Himma ne l’est pas moins que lui. Deux styles différents ; deux hommes qui ne partagent pas la même vision des choses, qui n’ont pas les mêmes orientations… Deux hommes dont personne n’a encore oublié les joutes récentes, parfois dures, quelquefois acerbes, avec des mots souvent blessants.
La rencontre a lieu suite à l’audience accordée par le roi à Benkirane, une rencontre au goût des conflits passés et à la saveur de l’amitié naissante, une rencontre empreinte quand même de confusion…
Le visiteur est Fouad Ali al Himma, et l’hôte Abdelilah Benkirane. Le premier n’a pas oublié le flot d’accusations dont l’accablait le second lors des activités de son parti, le PJD, pendant cette phase particulière du Mouvement du 20 février, avant les élections législatives et sa désignation à la tête du gouvernement.
Ce jour-là, el Himma n’est pas seul ; une femme aux traits durs, rudes, impénétrables l’accompagne, cette même femme que les Marocains se sont accoutumés à voir à l’ombre du roi, comme si elle était son ombre… Pourquoi est-elle là, avec Fouad Ali al Himma, pour rencontrer Abdelilah Benkirane ? Est-ce parce que le conseiller considère la dame, Mme Zoulikha Nasri, comme ayant une capacité particulière à faire fondre la glace, à choisir des mots et à former des phrases qui feront oublier les attaques du passé ? Ou alors parce que Sa Majesté le roi, en pareilles circonstances, aime avoir plus d’une seule version, comme cela se produisait sous le règne du défunt Sa Majesté le Roi Hassan II que Dieu ait son ame ?
Quoi qu’il en soit, au début de la rencontre, un silence pesant s’installe ; les personnes présentes à la réunion se toisent, se regardent… avant que la dame ne brise le silence, et la glace avec , en se lançant dans une longue tirade de félicitations à l’adresse du nouveau chef du gouvernement pour la confiance à lui accordée par le souverain, puis pour celle que lui a témoignée la population en votant pour lui et en propulsant son parti en pole position aux élections, les premières élections anticipées du règne de Mohamed VI.
Un sourire, des reproches, puis une tentative de colmater les brèches, de panser les blessures occasionnées par l’un à l’autre, soit parce que le Tracteur (PAM) avait voulu écrasé la Lanterne (le PJD), soit en raison du fait que la flamme de cette lanterne a mis le feu au tracteur…
Avant que ne démarrent les tractations et autres concertations pour dessiner les contours du nouveau gouvernement, une rencontre de réconciliation devait absolument se tenir, et la conseillère du Roi se devait également d’y être présente, d’en être témoin… Et c’est lors de ce face-à-face qu’est venue l’expression « tout recommencer depuis le début, remettre le compteur à zéro »…
Mais, est-il vraiment possible de revenir au point zéro après tout ce qui a été dit, après tous les propos acrimonieux échangés dans la passé entre les deux hommes ?
Réaménager la relation… et la maison..En deux semaines, al Himma rend plusieurs fois visite à Benkirane mais sans Mme Zoulikha Nasri… Ironie du sort, pendant que la relation entre les deux nouveaux hommes forts est en train d’être réaménagée, Benkirane entreprenait quelques aménagements aussi dans sa maison, comme si les murs devaient se renouveler en même temps que les rapports entre les deux hommes.
Et puis, les concertations pour la formation du nouveau gouvernement se transportent de la villa de Benkirane au palais royal, et Benkirane se retrouvera derrière les hauts murs de l’enceinte de ce palais, face à une autre personne dont il avait également demandé le départ à maintes occasions, une personne que le nouveau chef du gouvernement avait également accusée de porter préjudice au pays, au roi et à la monarchie.
Comme avec al Himma, Benkirane a rendez-vous avec un homme au nom composé, un homme qui s’est toujours trouvé face à lui, qui l’a dérangé, qui l’a heurté, un homme qui tient un rôle important dans toutes les grandes décisions. L’homme aux 3 M : Mohamed Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi et gestionnaire de sa fortune personnelle… Benkirane se place donc sous les feux de la rampe, en compagnie de cet homme qui a toujours travaillé dans l’ombre et qui a eu à gérer de gros, de très gros dossiers.
La rencontre avec Majidi ne dure pas longtemps, mais assez pour que la glace fonde aussi entre lui et Benkirane, pour que les plaies soient colmatées mais sans que les raisons et les origines de ces plaies ne soient résorbées et apurées.
Benkirane rencontre donc al Himma, puis Majidi puis Rochdi Chraïbi, afin de préparer la grande audience accordée par le roi.
L’inimitié est bien là, mais dans le respect des formes..Le langage produit par Benkirane, sa façon de communiquer et parfois ses discours ont souvent heurté l’autre bord, en dépit du fait que les proches du chef du gouvernement disent qu’il est ainsi et qu’ainsi est sa manière de se comporter, depuis longtemps, depuis toujours ; sa spontanéité le précède et l’a toujours précédé, au Secrétariat général, au Conseil national, dans les meetings populaires… avant l’arrivée du PJD au gouvernement, et aussi après.
Les amis de Benkirane soutiennent que cette spontanéité est la marque de fabrique de l’homme, son arme absolue, son atout principal, mais que s’il lui arrive de fauter, il ne trouve aucun empêchement ni inconvénient à présenter ses excuses.
La politique, ce sont des signaux ; or, certains de ces signaux ne sont pas forcément acceptés par tout le monde, surtout quand ils dénotent d’une rivalité entre le chef du gouvernement et le conseiller du Roi, quand ils indiquent l’échec ou le succès de l’entreprise dans sa globalité et quand ils laissent croire que les relations ne sont pas au beau fixe entre Benkirane et al Himma. Et tout cela est compliqué par les propos tenus par Abdelilah Benkirane au quotidien espagnol el Païs, reprenant les propos datant de l’époque des manifestations de rues dans les colonnes d’un média espagnol traditionnellement hostile au système de gouvernance au Maroc. Ecoutons ce qu’a dit Benkirane à el Païs : « Il existe une compétition entre al Himma et moi-même et parfois, il arrive que nous échouions à maintenir des relations cordiales ». Des propos difficilement acceptables malgré l’explication avancée de la spontanéité du chef du gouvernement !
La fraîcheur des relations entre les deux hommes se renforce, s’affirme et se confirme, et Benkirane en rajoute régulièrement, par ses saillies sur les crocodiles et sur les démons… Les Marocains comprennent ces mots, en creux ou en clair, comme s’ils étaient applicables à al Himma, que c’est lui qui est visé !!
Et puis le chef du gouvernement continue d’insister sur le fait qu’il était en désaccord avec al Himma et qu’il l’est toujours tout autant… au point qu’on dit qu’un jour, les deux hommes se sont rencontrés et que le conseiller a dit au chef du gouvernement : « Ssi Benkirane, serais-tu en train de dresser les gens contre moi ? ».
Mais Benkirane n’a pas compris l’allusion, et en un an et demi de présidence du gouvernement, il n’a cessé de lancer des mots, de laisser planer des doutes, de parler en langage codé, comme son récent discours devant les cadres de son parti, où il s’est interrogé à voix haute : « Est-ce que moi, selon vous, je refuse d’organiser les élections communales ? J’aimerais bien, pourtant, mais c’est cela la politique, les amis ! ».
Et c’est bien cela qu’on reproche à Abdelilah Benkirane, d’être au cœur du pouvoir, tout en ne réussissant pas à se départir de son langage d’opposition.
Les crises..Les conciliations et réconciliations se suivent et se ressemblent, mettant du baume au cœur de Benkirane alors qu’il s’apprête à donner naissance à ce nouveau gouvernement, le premier de la première constitution de Sa Majesté le Roi Mohamed VI… Un jour, le chef du gouvernement interroge le chef de l’Etat : « Que souhaite Monseigneur ? ». Réponse : « Je ne brigue ni ne souhaite aucun ministère ! ». Mais, entre les propos du roi et la confrontation directe entre son principal conseiller et le nouveau chef du gouvernement, les choses n’allaient pas bien se passer et les heurts et les malheurs reviennent en force.
Les prémisses du conflit apparaissent quand Benkirane adopte un mode particulier de désignation des ministres, afin d’éviter la confusion et le désordre dans son parti. En effet, une commission est créée au sein de la formation islamiste, chargé de désigner les candidats au gouvernement ; elle est formée de 18 membres du Secrétariat général du PJD, en plus d’une trentaine d’autres membres venus du Conseil national. La mission de tous ces gens est de choisir les cadres du parti pouvant être nommés ministres.
Un acte éminemment démocratique, mais qui présente toutefois un inconvénient majeur, à savoir celui de placer le Souverain face à la délicate situation de devoir choisir un candidat entre plusieurs qui lui sont imposés par cette commission. Le Roi perd donc un peu de sa liberté de choisir qui il veut pour le poste qu’il veut, ce qu’il ne saurait apprécier.
Et ainsi donc, inscrire sur une liste de ministrables les noms de Boulif et de Ramid pour, respectivement, les portefeuilles des Finances et de la Justice, sans possibilité de choisir d’autres noms pour ces départements, est une pratique inconnue au palais royal. Cela allait donner lieu à des affrontements dont Ramid n’est que la partie visible du bras de fer, sachant que toute liste préétablie qui entrerait en contradiction avec les us et coutumes voulant que le Roi désigne qui il veut où il veut, ne pouvait qu’augurer de joutes et de luttes à l’avenir.
Et alors, de nouveau, tension et confrontation entre les deux hommes al Himma et Benkirane, même si ces conflits se déclinent sous forme de regards hostiles, de signes convenus et malvenus, et de messages tantôt codés, tantôt émis le plus clairement du monde. Quand un désaccord naît sur le nom d’un ministre, le chef du gouvernement rétorque que « j’ai demandé à Sa Majesté, qui ne m’a exprimé aucune réserve pour tous les ministères ».
Ceux qui connaissent bien al Himma le présentent en les termes suivants : « Un homme d’Etat, qui ne fait pas de sentiments, pas plus qu’il n’a d’états d’âme en politique. Il ne peut donc nourrir ni haine ni affection envers les islamistes, malgré l’histoire qui les a unis ». Les proches du conseiller ajoutent qu’il « n’altère jamais la volonté du roi ni n’interprète à sa manière ses instructions ; il ne fait jamais de déclarations qui pourraient être mal interprétées et donc donner lieu à des décisions ou prises de position malheureuses »… Aussi, et se fondant sur ces deux « définitions » de Fouad Ali al Himma, les observateurs s’interrogent, sans attendre de réponse particulière, une interrogation en forme d’affirmation : « Est-il possible que les termes de la négociation d’al Himma pour la formation du gouvernement s’écartent de la volonté du roi qui semble avoir préféré ne pas entrer dans les détails avec le chef du gouvernement ? »…
Ramid, la source de la crise..Benkirane s’enferme chez lui, enfouit sa tête dans la capuche de sa djellaba et refuse mordicus d’accepter un autre nom que celui de Ramid à la Justice. Il a un argument en béton pour défendre son idée et son choix, et cet argument est que Ramid serait bien plus dangereux pour le gouvernement s’il en est écarté et milite à l’extérieur de l’Exécutif. Pour sa part, al Himma, qui comprend vite ce genre d’allusions, accepte de se poser avec Benkirane, même si celui-ci l’installe dans un salon obscur et exigu, un autre que celui où il avait reçu le même al Himma et Zoulikha Nasri. Le conseiller agit avec la finesse de l’homme d’Etat et l’intelligence du politique dans ses tractations avec le chef du gouvernement pour les ministères autres que la Défense, le Secrétariat général, les Habous et l’Intérieur, pour lequel on a soufflé à Laenser de se porter candidat, en compagnie d’un homme de confiance d’al Himma Mr.Charki Draiss.
Et à chaque fois qu’on demandait à Ramid de choisir un autre ministère que celui de la Justice, l’homme se révoltait et se défendait de demander un quelconque département : « Je n’ai rien exigé et je n’ai même pas la prétention d’entrer au gouvernement ». Au final, Ramid est retenu pour la Justice, partant du principe qu’il serait moins dangereux au gouvernement que s’il en était exclu. C’est le roi qui a pris la décision finale, bien qu’il y ait eu une certaine opposition de départ sur le nom du personnage.
Malgré ces accidents et ces heurts, Benkirane n’hésite pas à dire et à redire à ses proches que « al Himma est un type bien… un homme qui a joué le rôle du facilitateur, à maintes occasions ».
Bouanou gâchera-t-il la nouvelle idylle entre le PJD et le RNI?..Les déclarations par presse interposée entre le RNI et le PJD ne facilitent pas les négociations entre les deux formations. Elles créeraient même des tensions à deux jours du Conseil national du RNI qui a tranché de la participation à la formation du prochain gouvernement PJD deux.
Le RNI semble prêt à former une nouvelle coalition gouvernementale avec le parti de Benkirane. Cependant, les déclarations du chef du groupe parlementaire du PJD, le tonitruant Abdellah Bouanou, ont irrité les Bleus.
Lors du 4e congrès de la jeunesse du PJD à Meknès, Bouanou a ainsi affirmé que trois choses rendent difficile la coalition avec le RNI. D’abord, le très éphémère «G8» conduit par le RNI et qui a mené une lutte inexpiable contre le PJD. Ensuite, les prévision inexactes sur le déficit et la croissance qui ont été présentés par Mezouar dans la loi de finances de 2012, et enfin «le scandale» de l’échange de primes entre le chef du RNI et le trésorier général du Royaume, Nourredine Bensouda.
Les déclarations de Bouanou ont provoqué l’ire de plusieurs membres du Conseil national du RNI qui, selon des sources internes du parti contactées par H24info, s'interrogent désormais sur la pertinence de rejoindre le gouvernement Benkirane. Ils craignent même que cette coalition ne finisse par provoquer une scission au sein de leur parti, tant la charte morale de la majorité n’est pas encore claire.
Fini les orages ? ça suffit!..tout le monde était sur le pont du PI pendant 4 mois ou presque: tonnerre, éclairs, pluie diluvienne. Pas de dégâts ici, à part une petite inondation au sous sol PJD due à la curiosité mal placée de ses gars qui ont trouvé intéressant d’ouvrir la porte par le lancement, à tort et à travers, des incursions verbales gratuites, sans voir que l’eau était montée jusqu’au niveau de la chatière… mini tsunami aussitôt maîtrisé par le refermage de la dite porte.Du moinjs pour l'instant. Bonne lecture.
Cordialement,Chihab25