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  • Un chiffon de papier, Est-ce-que vous l'avez entendu "..?"

    Un chiffon de papier, c'est pas moi qui le dit. C'est le terme employé par le maudit Houari Boukharouba quand il parlait du problème  de frontières avec le Maroc.

                                                               -:-

    Le lendemain, 6 juillet 1961, un accord secret sur les frontières entre les deux pays est signé dans lequel le GPRA reconnaît officiellement que «le problème territorial crée par une délimitation arbitraire imposée par la France devait être ultérieurement être résolu par des négociations directes entre le Maroc et l'Algérie». Le même GPRA affirme, de surcroît, que tous les accords susceptibles d'être finalisés entre Paris et Alger ne pourraient être étendus aux frontières territoriales du Maroc. Le texte disait : «…ne sauraient être opposables au Maroc quant aux délimitations territoriales algéro-marocaines». C'était réellement se méprendre sur la nature de l'engagement des dirigeants algériens, notamment après que Ferhat Abbès ait été «limogé» par ses pairs du FLN, écarté à la fois des négociations en cours à Evian avec la France et de toute autre activité.
    Non seulement le gouvernement algérien ne respecte pas son engagement de juillet 1961 avec le Maroc, mais piétine un l'accord avec arrogance.

    En mai 1966, Houari Boumediène, nationalise – c'est son droit – les hydrocarbures et les richesses minières dont l'essentiel se trouve au Sahara, englobant dans la même opération les gisements de Gara de Jebilat qui, à tout le moins, faisaient encore l'objet d'un contentieux avec le Maroc. Procédant d'une politique arbitraire et peu respectueuse des engagements, le fait accompli algérien ne laissait aucune alternative au Maroc. Mais, la même Algérie contestera neuf ans plus tard, avec mépris en plus, le retour du Sahara au Maroc…Comme quoi, le ridicule ne tue plus. 

    L'indépendance algérienne à peine proclamée, en juillet 1962, que l'armée nationale populaire (ANP) algérienne, soutenue par l'armée française se mobilise déjà tout au long de la frontière artificielle où des territoires marocains sont simplement envahis, comme Zegdou, oued Zelmou et Aïn Chaïr. Incidents d'autant plus prémonitoires que, sentant les choses évoluer vite et craignant à la fois un retournement de la France et l'arrivée des troupes algériennes, des tribus marocaines de Colomb-Béchar,de toute la Saoura, en particulier les tribus de:Doui Menia,oulecd Jrir,Laamour,Ahl Gourara dans le Touat,Laghnanma,Chaamba,Ahl Laknadsa,et Ahl Karzaz ( Colomb-Béchar qui abritait d'importantes unités militaires françaises,en particulier au lieu dit "M'eih sifer" ) et de Tindouf, les Rguibat Charq, conduites par le caïd Abdallah ould Senhouri, se rendent à Rabat pour faire acte d'allégeance au Roi du Maroc,feu Mohamed V que Dieu ait son âme.

    Il convient de rappeler que la France, à cette époque, a proposé avec insistance au Maroc de faire partie de l'OCRS ( Organisation commune des régions sahariennes), elle conditionnait ainsi cette adhésion au règlement en faveur du
    Maroc du contentieux frontalier. Notre pays  par la voix de son souverain Mohamed V a refusé et rejeté ainsi un marchandage qui, en cas contraire, aurait permis à coup sûr la réintégration de Tindouf, de Béchar, de Kenadsa, du Touat, de Saoura dans le giron marocain… Sauf à se faire le contempteur de la vérité, la continuité historique est là pour nous rafraîchir la mémoire.Dans une note relative aux frontières orientales du Maroc et adressée, le 4 février 1924, à son gouvernement à Paris, le maréchal Lyautey souligne que la conquête de l'Algérie par la France «introduit en Afrique la notion européenne de répartition de territoires entre les Etats». Après avoir analysé et prouvé que le seul traité à cet effet est celui signé entre la France ( qui parlait au nom de l'Algérie) et le Maroc, le 18 mars 1845 à Lalla Maghnia, fixait la frontière maroco-algérienne de la Méditerranée jusqu'à Teniet-Sassi (soit 150 kms à peine jusqu'à Figuig)…

    Or, se demande le Résident général français, «l'extension de la conquête française vers le sud (dans les territoires marocains), pour assurer la sécurité de l'Algérie Française, devait poser le problème de cette délimitation…». Et la note du Résident général de France, que l'on peut toujours consulter parce qu'elle constitue une pièce officielle française, de préciser sur le ton péremptoire : «il n'est pas douteux qu'à cette époque l'Empire chérifien étendait nettement son influence au Sud de l'Algérie et il coupait celle-ci du Sahara proprement dit : les Oasis sahariennes du Touat, du Gourara et du Tidikelt relevaient depuis plusieurs siècles du Sultanat du Maroc».

    Peut-on être plus éloquent que le maréchal Lyautey ? C'est lui encore qui, en guise de conclusion, dira que «l'histoire des dynasties marocaines suffit à démontrer que, de tout temps, les Sultans marocains ont exercé sur cette partie du continent une action spirituelle et, parfois, effective incontestée». Pour ne citer que l'occupation du Touat, le gouvernement britannique a demandé en 1887 au sultan Moulay Hassan 1er de résister de toutes ses forces et de «refuser toute concession à la France».

    Cependant, il est nécessaire de rappeler que les Souverains marocains ne se sont jamais laissés emporter par un quelconque irrédentisme ou par l'expansionnisme. A leurs yeux, ce qui revient au Maroc sera défendu avec acharnement. Et ce qui ne relève pas de leur souveraineté, on peut le vérifier,conformément à la citation française qui disait "(ce qui à moi est à moi,ce qui est à toi est à discuter!!)" ne donne lieu à aucune tentation, encore moins à une convoitise. Le cas de Tlemcen qui est à Fès ce que Tindouf est à Guelmim, illustre une telle disposition depuis qu'à la fin du 17ème siècle le Maroc a cessé de la revendiquer, alors qu'un siècle plus tôt, elle faisait encore partie intégrante du Maroc.

    Le 2 octobre 1962, quelques mois seulement après la proclamation de l'indépendance et une série de provocations de frontières, un détachement militaire algérien exige du caïd Abdallah Senhouri de Tindouf de retirer le drapeau marocain qui flottait sur le bâtiment officiel, de déposer les armes et de se rendre. Ce qu'il refuse de faire. Il est alors arrêté et fait prisonnier par l'armée algérienne qui, après de violents affrontements qui se sont soldés par la mort de 120 Marocains, quadrille la ville. Ainsi, Tindouf, l'ancienne cité florissante rebâtie sur ordre d'un Roi marocain, après avoir été occupée une fois en 1934 par l'armée française, se trouve vingt-huit ans après de nouveau réoccupée par l'armée algérienne avec laquelle, pourtant, ses habitants fraternisaient jusque-là au nom de l'unité fraternelle maghrébine…Nul mieux que feu S.M. Hassan II n'a restitué l'atmosphère qui régnait alors : «Le règlement fraternel prévu (avec l'Algérie) n'a pas lieu.

    Les Marocains habitants de tout le sahara marocain oriental (de Colom-Béchar à Ain Salah et le Hoggar) qui ne veulent pas participer au référendum préparé par le GPRA sont au contraire attaqués, molestés par l'Armée de Libération algérienne. A Tindouf où le caïd  SENHOURI  avec toute sa tribu ont rappelé qu'ils sont marocains, on dépêche 600 gendarmes algériens pour harceler. Malgré tous les efforts de nos envoyés officiels à Alger, notre ministre de l'Information Moulay Ahmed Alaoui et M'Hammed Boucetta, une opération militaire algérienne sur Tindouf fait 120 morts parmi nos compatriotes Rguibat Charq et quelques Jakana,Doui Menia et Ch'3amb,malgré l'appui logistique de l'ALM (Armée de Libération Marocaine) conduite par feu Lahbib HABBOUHA…»

    En octobre 1963, Hassi Beïda et Hassi Tinjoub sont violemment attaquées et «anéanties» par l'armée algérienne. C'est la «guerre des sables», lancée par l'Adjudant Ben Bella qui, un an auparavant demandait pourtant un «délai» à feu S.M. Hassan II pour mettre en place «les nouvelles institutions» avant «d'ouvrir le dossier des frontières», ajoutant avec solennité «qu'il va sans dire que l'Algérie indépendante ne saurait être l'héritière de la France en ce qui concerne les frontières Maroc-algériennes» ! Proclamation vertueuse, mais mensongère que feu S.M. Hassan II eut «le tort de croire» et de prendre en compte.

    Que oui, en effet, l'Algérie sera bel et bien l'héritière de la politique coloniale de la France au sujet des frontières ! Que oui, donc, elle perpétuera une tradition coloniale, poussant avec obsession son expansionnisme jusqu'à lorgner sur l'ouest, là où se trouve le Sahara marocain occidental occupé par l'Espagne. Dans les longues négociations engagées avec le gouvernement français entre avril et juin 1961, à Lugrin (Haute Savoie) et Evian, les délégués algériens ( Krim Belkacem, Ahmed Boumenjel, Mohamed Ben Yahia, Sâad Dahlab, Ahmed Francis, Teieb Boulahrouf, Réda Malek, Menjli, Kaïd Ahmed, dit Slimane,Abdelhamid Mehri), tous membres du FLN s'en tenaient mordicus à une seule orientation : l'indépendance (souveraineté extérieure et intérieure) et l'intégrité du territoire, comprenant le Sahara et Mers el-Kébir.

    Quand les armées algériennes ont attaqué en octobre 1963 les villes de Figuig, Hassi Beida, Ich et autres, au beau milieu d'une tension alimentée par la presse occidentale contre un «Maroc impérialiste» ( !), une voix s'est élevée dans la cacophonie. Celle de Jean Lacouture, envoyé spécial du quotidien «Le Monde» pour couvrir cette «guerre des sables», qui écrit le 20 octobre 1963 : «Ce qui frappe tous ceux qui vivent ces heures menaçantes au milieu du peuple marocain, c'est l'absence ici d'hystérie nationaliste, naturelle ou organisée. Nulle animosité anti-algérienne. Ni la presse, ni la radio ne suscitent la haine. Les journaux publient presque à égalité les télégrammes d'agence…»