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La frontière-est - Page 27

  • IV - La France et la frontière l'Algérie(1837/1902)

     

     

    Les accords du 20 juillet 1901 :


    Au mois d’avril 1901, un ressortissant français fut assassiné par les Kebdana, une tribu marocaine du Rif, aux environs de Melilla. L’incident fut bien mis au profit par la France pour faire connaître le fait accompli. Outre les préparations « complètes et promptes » exigées, Monsieur Delcassé,responsable du ministère de ‘Instruction Publique Française fit savoir que « La France maîtresse de l’Algérie Française,et par l’Algérie, limitrophe du Maroc est tenue de suivre ce qui s’y passe avec un intérêt singulier ». C »est ce dont le ministère des affaires étrangères convainquit les envoyés du sultan à Paris, Ben Slimane et Guebbas.

     

    Le 20 juillet 1901, Delcassé e Ben Slimane signèrent à Paris un protocole d’accord sur les frontières sud orientales.  Officiellement, ce protocole fut conclu pour « l’application et l’exécution du traité de 1845 ». Mais en réalité, il instituait un partage inégal entre les deux autorités, et ne faisait aucune allusion aux territoires des oasis du Sahara. Même pas en tant que zone d’influence. Bien au contraire, il n’autorisait le Maroc à construire des poste de garde et de douane qu’à 15 km au Nord d’Igli en suivant la ligne de Figuig – Dehar Talazaza, rive droite du Guir. D’ailleurs pour les autorités militaire de l’Algérie « cet acte ne fixait pas de frontières mais délimitait des zones d’influence et arrêter à 15 km au Nord d’Igli l’action marocaine vers le sud ».

     

    Toutefois le sort réservé aux Doui Meniai et ouled Jerir éclipsaient les autres affaires du territoire.  Les articles 4 et 5, les plus importants du protocole, leur furent consacrés, de même ces deux tribus furent désignées nominalement à l’exclusion de toutes les autres tribus. Il semblait alors qu’à défaut d’une frontière territoriale, l’oued Guir en l’occurrence, qui aurait fini une fois pour toutes avec l’esprit et la lettre du traité de Lalla Maghnia, la France optait pour une frontière de tribu et par con séquent d’autorité. Probablement cette résolution représentait-elle un compromis entre les différents intérêts en jeu : l’hostilité du gouvernement général à toute entrave à l’autorité algérienne dans tout le Sahara ; l’attachement du 19° corps à une ligne fixe sur le Guir et la Moulouya, et le souci du département  des affaires étrangères de recueillir sous son influence l’ensemble de l’Empire chérifien. Cherchait-on à côté de cela, à créer un territoire réellement neutre, et à tenir compte de l’avis des tribus intéressées ?

     

    Quoiqu’on voulait, on savait par ailleurs que « les Doui Meniai et ouled Jerir à l’exception de ceux qui voudraient se retirer sur les terres du sultan, seraient sous la mouvance de la France ». En un  mot, la France cherchait à se substituer progressivement au Makhzen avec le consentement de celui-ci.  Les opérations sur le terrain en vue de l’application des conventions de Paris le prouvèrent.

     

    La commission franco-marocaine :

     

    Une commission franco-marocaine fut constituée dans le cadre des commissions annuelles prévues par le protocole du 20 juillet 1091.  Elle fut présidée par Guebbas et Cauchemez du côté français. La délégation marocaine arriva à Alger le 3 décembre 1901 et prit le départ d’Alger vers Ain Sefra le 19 janvier 1092,où elle rentra en contact avec la délégation française. Cette commission mixte devait en principe résoudre sur place les problèmes et les réclamations qui auparavant motivaient les indemnités, avait pour mission immédiate la tâche délicate de s’installer et de faire admettre aux populations marocaines les stipulations du protocole du 20 juillet 1901. Le gouvernement général avait prévu les difficultés que trouverait la commission sur son chemin. Revoil, le gouverneur général de l’Algérie dans ses instructions au général Cauchemez ne cachait pas ses appréhensions : surveiller la délégation marocaine tout en ouvrant à écarter toute idée de tutelle.

     

    Les questions dont devait s’occuper le chef de la délégation française étaient avant tout celles de : Figuig, du chemin de fer du sud oranais, de Bou A’âmama et de Doui Meniai et ouled Jerir.  L’intérêt porté à Bou A’âmama semblait démesuré. Trois pages lui furent consacrées par le gouverneur général, alors que l’agitateur n’avait pas cessé  de montrer ses dispositions  à servir l’autorité française. Par contre le chemin de fer du sud oranais avait réellement une grande importance et semblait devoir se substituer au transsaharien, en s’infléchissant vers l’Ouest. De même, Figuig bénéficiait d’un regain d’intérêt qui ne manquait pas de rappeler celui qui lui avait été accordé en 1882. En effet, avant même l’installation de la commission à Beni Ounif le 1er février 1902 on constatait une recrudescence des hostilités de la part des Figuiguis, dirigées principalement contre les Européens.. L’arrivée de la commission mixte à Figuig fut d’ailleurs saluée par des démonstrations de violence, où étaient impliqués le Doui Meniai et ouled Jerir, inquiets du sort qu’on leur avait réservé. Conscients de cette difficulté Revoil avait conseillé à Cauchemez «  d’éviter qu’il soit parlé de nationalité, ni de possession du sol (limitant l’action de la commission) à faire régner l’ordre et la sécurité dans la région et à placer les postes voulus pour cela ».

     

    La question de Doui Meniai qui représentait sans doute l’essentiel des accords du 20 juillet 1901 et de la commission mixte, ne s’annonçait pas facile. Bien au contraire, prévoyant toutes les difficultés, le gouverneur général avait fait observer au général Cauchemez ,que «  les jemaâ feront beaucoup de bruit, se querelleront. Il importe de ne pas brusquer les choses (….) et de faire aposter une décision quand les esprits revenus au calme ». Les contestations étaient inévitables car d’une part, la première opération qui devait repérer les points limites des migrations des deux tribus était déterminée à l’avance, et le territoire à délimiter ne correspondait nullement à celui habituellement parcouru par les Doui Meniai et ouled Jerir. D’autre part, malgré les précautions que les chefs de délégations prirent pour expliquer aux populations « qu’il de s’agissait ni de nationalité ni de possession de sol et des sources », le gouverneur général avait pris soin de signaler à l’attention du délégué français « l’utilité de faire respecter aux groupement en cause soit par quelques émissaires choisis, soit au cours des occasions qui pourraient s’offrir…qu’ils seront considérés comme placés sous la juridiction française…et qu’ils conserveront leurs coutumes ».

     

     C’est en réalité, l’interprétation algérienne de l’article 5 du protocole du 20 juillet 1901 était agressive. Revoil n’écrivit-il pas au ministère de la guerre que le but de la commission mixte était de «  faire aux Doui Meniai et ouled Jerir les communications prévues à l’article 5 du dit protocole qui avaient stipulé que les Doui Meniai et ouled Jerir étaient désormais placés sous notre domination et que seuls les habitants des ksour auraient la faculté  d’opter entre les deux pays ».

     

    Pour limiter les risques de violence, les habitants furent rassemblés le 12 mars 1902 à la zaouia de Kenadsa, où les chefs des délégations leur communiquèrent les décisions prévues. Les ksouriens, à qui l’on offrit le choix entre les deux nationalités sans obligation de quitter leurs terres, opèrent tous pour le Maroc. Mais le problème fut celui des tribus à qui l’on imposa le choix entre la soumission et l’émigration. Celles-ci ne cachèrent pas leur désarroi.  Leurs récriminations s’adressèrent surtout aux délégués chérifiens qui «  avaient la mission particulièrement délicate, il faut bien l’avouer, de leur donner à choisir entre leur expatriation et leur soumission à des chrétiens » dût reconnaître le gouverneur chérifien. Au terme de sa tournée,la commission franco-marocaine ne pouvait être considérée comme  une réussite. A son retour à Figuig le 19 mars 1902, elle avait laissé en suspens toutes les questions qu’elle avait pour mission de régler : tout d’abord le partage des Doui Meniai fut abandonné ; la répartition, la juridiction et le statut des propriétés des A’âmour ne furent pas régler et les tribus de Tafilalet firent savoir leur résolution d’interdire les marchés de leur pays à toutes les tribus qui se soumettraient à la France. Ensuie,la commssion dut rentrer à Alger pou signer des accords de réglementation commerciale et de sécurité le 20 avril et le 7 mai 1902.

     

    On ne pouvait  manquer de remarquer la difficulté entre le protocole de juillet 191 et  les récents accords. Alors que le premier stipulait une solution de partage, les seconds confirmaient tout simplement la tutelle française sur le Makhzen, sous le couvert de la collaboration entre les deux pays voisins.

     

    Aux  sceptiques à propos de cette politique, on rappela que  « l’inefficacité de l’intervention du Makhzen ne pouvait que nous être avantageuse,puisque nous étions nous-même délégués par lui pour supplier à son impuissance et imposer sa volonté ». A cette même date, le gouverneur général de l’Algérie informait les ministres intéressés que « Si Guebbas chef de la mission marocaine ne se fait pas de faute de mettre constamment en relief, dans les communications qu’il fait parvenir à ses tribus, notre résolution de seconder  les vues du sultan qui ne pourrait à coup sûr par ses propres moyens, arriver à ses fins ».

     

    La pénétration pacifique…ou la conquête du Maroc :

     

    L’unité du Maroc n‘était plus une affaire intérieure, elle avait commencé à revêtir un caractère internationale incontestable. Déjà au début de la dernière décade du 19° siècle, la France se considérant détentrice de plus de raisons que les autres puissances européennes d’intervenir dans les affaires marocaines, pensait sérieusement à occuper l’Empire chérifien. Et c’était justement l’un des sujets de controverse entre les défenseurs et les opposants au maintien du statu-quo du pays.

     

    En 1899, l’état-major de l’armée prévoyant un éventuel partage du Maroc mettait l’accent sur les intérêts « continentaux et maritimes de la France » et suggérait de s’emparer de la Moulouya avec le territoire d’Oujda et les oasis de Figuig avec les territoires des Doui Meniai et Ouled Jerir. Il prévoyait en outre de réduire le territoire marocain ; d’étendre l’occupation algérienne jusqu’à l’Océan Atlantique et de prendre possession les lignes de partage les plus importantes et les territoires les plus fertiles. Le projet de l’état-major envisageait aussi des arrangements avec l’Espagne et l’Angleterre «  qui aurait plus de peine à se résigner à l’annexion que le Maroc ». Une année plus tard, Pares le chef de la section d’Afrique, présenta un projet semblable dans tous les détails. La seule innovation qu’il présentait était «  le chemin de fer qui,partant de l’océan, traversant le Haut Dra’â,le Tafilalet pour se raccorder par l’oued Guir à Ain Sefra ».

     

    Mais il va falloir attendre le développement de la connaissance géographique et humaine du Maroc, suite aux missions de plus en plus fréquentes à l’intérieur du pays et aux informations accumulées par la mission militaire Française au Maroc, pour voir les projets d’occupations, acquérir plus de précision.

     

     A la fin du 19° siècle, il n’était plus de question de course avec les autres puissances mais plutôt du souci de la sécurité « algérienne ». Segonzac,un haut responsable Français,, en mission au Maroc à cette date, affirmait : » le Maroc revient à la France. Il est inscrit dans son lot africain.  Cette prise de possession ne sera pas une expansion coloniale nouvelle, mais une simple extension de nos deux colonies d’Algérie et du Sénégal réalisant leur suture logique et nécessaire ».

     

    Au début du 20° siècle, le capitaine Laras, chef de la mission militaire française à Marrakech proposa «de marcher sur le sultan, s’emparer de lui, et lui imposer le protectorat  ». Mais ce n’est qu’après la conquête de Touat que les projets d’occupation gagnèrent en détermination et présentèrent des variétés suivant les cas. Ainsi au mois de décembre 1900, l’état-major prépara trois fascicules intéressants sur les possibilités d’opération militaire contre le Maroc.

     

    Le deuxième fascicule projetant une action militaire dans l’hypothèse d’une rupture du statu-quo par une puissance autre que la France, prévoyait la prise de Tanger par la Grande-Bretagne et proposait les deux solutions suivantes : « mettre à profit les circonstances créées par d’autres, soit pour chercher à compléter notre empire nord-africain…soit pour prendre au Maroc une position militaire telle que notre action diplomatique y trouve une aide » et pour cela, la marche sur Fès par la trouée de Taza, la prise de possession de Tetouan et la main-mise sur le sultan semblait les premières opérations à réaliser . Car la prise de Tanger constituerait un «  casus belli » où le détroit « malgré son importance passerait certainement au second plan ».

     

    Le troisième fascicule supposait le cas de l’occupation du Maroc dans l’hypothèse du consentement des autres puissances européennes. Dans ce cas, l’état-major se montrait plus soucieux de la situation interne de l’Empire chérifien : « toutes les difficultés d’ordre extérieur étant écartées, la seule résistance à vaincre est celle du sultan ». A cet effet, deux opérations étaient prévues : marche sur le sultan et occupation des ports avec le concours de la Marine. Et comme «  il n’est pas douteux que la résistance ne soit facile à rompre », les effectifs à fixer pour les opérations s’annonçaient très importants. Ce qui poussa le colonel Bruneau, commandant le 2°étrangers, d’affirmer que « la conquête du Maroc est une œuvre colossale…une rectification de la frontière serait un avantage sérieux et compenserait les sacrifices faits : la Moulouya comme limite nord de l’Atlas, et l’oued Guir au sud ».

     

    C’est qu’à cette phase critique des affaires marocaines, le gouvernement français de la métropole ne voulant pas céder à l’opinion algérienne qui réclamait « une grande situation à Fès et à Marrakech », et craignant une action militaire incontrôlée à partir de la colonie, s’empressa de décréter qu’ « en cas de guerre étrangère, le gouvernement de la métropole a seul la disposition des forces de terre et de mer de l’Algérie ».

     

    Entre-temps, la diplomatie française était arrivée à se concilier l’Italie et partiellement l’Espagne, mais continuait à se soucier du sort de Tanger. Le ministre de la guerre pour parer à toutes les éventualités, songea principalement à relier l’Algérie à l’Atlantique par l’occupation toute entière du Maroc.  Le capitaine Laras, après reconnaissance, réalisa une intéressante note sur le meilleurs débouché que l’Algérie devrait avoir sur l’Atlantique. Entre les trois embouchures de Bou Regrag, du Sebou, et du Loukos, son choix judicieux d’ailleurs, se porta sur celle de Sebou et ajouta : « C’est à Kenitra qu’il conviendrait d’installer un port de ravitaillement pour notre flotte de guerre ». Un élément commençait à faire l’unanimité, celui de la certitude que la France s’imposera tôt ou tard en « héritière de la dynastie Alaouite » mais les moyens proposés pour y arriver ne coïncidaient pas nécessairement.

     

    Les deux politiques :

     

    Les désaccords entre les différentes conceptions de la politique française à propos du Maroc eurent  autant d’impact sur l’évolution de la situation de l’Empire chérifien que les rivalités entre les puissances européennes à propos de ce pays.  La complexité et l’ambiguïté de la politique française avaient leur origine dans les premiers pas de la colonisation Algérienne.

     

    L’opposition entre les idées d’assimilation et d’association à laquelle correspondait la suppression incohérente des régimes civil et militaire de la colonie qui conduisait au problème des rapports entre l’Algérie et la métropole,et enfin, le contentieux frontalier franco-marocain qui héritait du même coup de ces contradictions, leur donnèrent des dimensions nouvelles. La vocation que se sentait la France à devenir le précepteur de l’Empire marocain accéléra en Algérie le succès de l’idée que l’administration directe, imposée par la métropole, était une aberration. Les Français d’Algérie commencèrent à voir au Maroc un moyen de leur émancipation. Mais la question marocaine était complexe justement par ses deux dimensions frontalière et internationale. Conscient de cela, le gouvernement de la métropole était résolu à ne pas céder à l‘aventurisme et opta pour l’appui d’un Makhzen affaibli mais légitime. Ce choix n’arrangeait pas l’Algérie.

     

    Algérie ou métropole ?

     

    Il n’est pas douteux que les discordes animaient des débats entre les différentes instances politiques françaises à propos des différents problèmes concernant le Maroc. Le 19° corps d’opposait au gouvernement général à propos de la délimitation définitive de la frontière. Le ministère des affaires étrangères ne fut jamais du même avis que le gouvernement général au sujet du rôle de la mission militaire française au Maroc. De même, les autorités de la colonie envisageaient les moyens que n‘acceptaient pas celles de la métropole quand il  fut question de l’expansion saharienne.

     

    Il est vrai aussi, que dans l’ensemble ces forces hétérogènes oeuvraient dans le cadre d’une même vision globale qui était celle d’ouvrir le Maroc à la « mission civilisatrice » de la France. Clémenceau qui critiquait Ferry, arriva au pouvoir en 1902 pour parachever l’œuvre de celui-ci. Jaurès, qui de son côté stigmatisait la pratique coloniale, proposa en 1903 le vote des crédits pour « développer l’œuvre de la civilisation chez les tribus musulmanes du Maroc ». Néanmoins, ces rivalités se cristallisèrent semble-t-il, autour de l’opposition entre Français d’Algérie et Français de la métropole, et continueront jusqu’après l’établissement du protectorat français au Maroc. L’épisode de l’opposition entre Delcassé et Lyautey en fut un des points culminants qui déterminèrent la question marocaine avant le traité d’Algésiras.


    En premier lieu, les Algériens étaient conscients que le Maroc privait l’Algérie du commerce saharien, et que dans l’avenir, « il sera le plus terrible concurrent économique » de la colonie. Aussi, ont-ils été rapidement amenés à considérer l’Empire chérifien comme la continuité de l’Algérie, et n’acceptèrent-ils plus que le gouvernement de la métropole, à la manière de l’âne de Buridan, appelât à « rester à la frontière, l’arme au pied… et de pratiquer de temps à autre, quelques corrections à des tribus insoumises…et quelques inoffensives démonstrations navales »,sans se décider à une conquête définitive.

                                                 

    Le voisinage franco-marocain mettait à profit outre les fructueux incidents de la frontière, la collecte des informations sur l’Empire chérifien. « les 9/10ede notre connaissance scientifique du Maroc sont l’œuvre des Algériens ou de personnages qui ont fait leur apprentissage en Algérie » affirma un haut responsable français. Et effectivement, les autorités algériennes avaient toujours encouragé la pénétration aussi bien scientifique, qu’économique du Maroc par l’intermédiaire des savants et chercheurs, d’explorateurs français qui sillonnèrent le Sahara et le Sud-Ouest marocain ; des commerçants et même des simple aventuriers, tel que Nouguaret, qui bénéficiant d’une permission d’embarquement de céréales, s’adonnait à un fructueux trafic d’armes. Qui ne l’empêcha pas d’entrer aux services secrets de l’Algérie et d’envoyer à Alger des rapports sur la rébellion marocaine.

     

    Participaient aussi à cette ouvre l’école des lettres d’Alger, et les sociétés de géographies, principalement celle d’Oran. Ainsi l’Algérie détenait presque l’exclusivité du domaine de la recherche, ou plutôt de l’espionnage sur le Maroc et entendait le garder. Le comité français du Maroc qui se constitua à la fin de 1903 était présidé par Eugène Etienne,un des proche de Lyautey, et avait pour membres d’éminents «  des Algériens » et affirma que « rien n’importe plus actuellement à notre destinée nationale française que l’avenir du Maroc ».

     

    A cette date, le gouvernement général français attendait patiemment que se calmât l’émotion suscitée par la conquête de Touat et la Saoura, et ne se prononçait pas encore sur la politique qu’il allait entreprendre au Maroc. Cette phase connut une compétition sans précédent entre les différents groupes intéressés au Maroc. Les grandes firmes qui jusque-là observaient avec attention et prudence les affaires marocaines devinrent plus actives et furent sollicitées même par les milieux politiques et plus spécialement par le ministère des affaires étrangères. Ce même groupe sera à l’origine de l’établissement de la compagnie franco-marocaine en 1903 et du consortium bancaire qui imposa l’emprunt à Moulay Abdelaziz un an plus tard.


    «Avant de venir à terme de cette série,il s’avérait souhaitable de retenir ces dates qui résument  clairement les étapes importantes de toute cette histoire :


    1666 : La dynastie des Alaouites, se proclamant de Fatima Azzahra,fille d’Ali Ben aby Taleb, gendre du prophète Sidna Mohamed (sws),instaure le régime monarque et prend le pouvoir, profitant des querelles intestines qui gangrènent les Sa’adiyennes. Sa Majesté le roi Mohammed VI,est  l'un des descends de cette lignée qui règnera et  gardera avec jouissance son existence au Maroc jusqu’à l’infini Incha Allah. Les Alaouites, qui éliront en premier lieu « Meknès » comme capitale du Maroc de l’époque, instaurent le - makhzen- (« le dépôt »), une politique centralisée qui durera jusqu’au protectorat Français imposé au Maroc.


    1844 : Les richesses et l’immobilisme du Royaume du Maroc vont attirer les convoitises de nombreux pays européens, avec à leur tête, les Français qui ont battu les armées chérifiennes qui soutenaient l'Emir Abdelkader à la bataille d’Isly au mois d’août de cette année. Plus au nord, les Espagnols s’emparent de Tétouan –Chaouen,et Al Hoceima,et plus loin encore la région de Nador au Nord-Est du royaume. Le colonialisme est en marche. pour clore,ou plutôt  pour couronner  avec succès les démarches françaises entreprises à cette fin depuis 1837.


    1903 : Bechar, reçu le nom de Colomb, premier officier à avoir fait une incursion dans la région dès 1870. C’est le premier pas vers la création de Colomb-Bechar en 1905- Le Nom de Colomb Bechar entre dans l’usage quotidien, et la petite localité qui reçoit dans la même année la visite du gouverneur général d’Alger, en signe d’officialisation et de prise définitive de la région.Les quelques actions de résistance menées par les tribus marocaines en particulier par les Doui Menia n'aboutiront en rien devant la puissance et la politique des Français qui projetaient d'aller jusqu'au bout pour s'emparer de tous l'Empire chérifien affaibli par l'impuissance et la mauvaise gestion des sultans Alaouites.


    1912 : Le 30 mars, le Maroc abdique : Aprés avoir conquis l'ensemble du Sahara marocain oriental. le Traité de Fès inaugure l’ère du protectorat français et espagnol. Le nord, excepté Tanger qui devient  zone internationale, et le Sahara marocain occidental sont placés sous la tutelle ibérienne, tandis que la France hérite du reste du pays, aprés des actions et tentatives acharnées de deux décennies de résistance dans le Tafilalet  par "Belkacem Nguadi"et dans le Saghro au sud-Est de l'anti-Atlas par "Assou Basslam"».


    Il va de soi, vu ce qui précède, les territoires inclus dans le Sahara marocain occidental sont bel et bien des terres qui appartenaient sans aucune équivoque à l’Empire chérifien amputés par la France pour se servir en plate-forme au traité de Fés, qui donna unilatéralement à la France le droit d’occuper tout le Maroc sous prétexte de protectorat, dont les préparations commencèrent dès 1903 par l’invasion officielle de tout le Touat et la Saoura .dont la capitale est devenue désormais Colomb-Béchar.


    Historiquement, la ville de Colomb-Béchar ne figure en tant que telle sur les cartes qu’après la conquête française en 1903 L’action de la résistance des habitants de la région, les troubles causés, particulièrement par des tribus tampons de Tafilalet, aggravaient la situation sur les confins Algéro-marocains, ce qui conduisit les troupes françaises à intervenir et à installer des postes au sud-est du Maroc.


    Avant l’occupation française, le petit ksar de Bechar ne se différenciait en rien des autres ksars de la région, comme en témoigne la première chronique écrite qu’on possède de la région, celle de Colomb : « l’oued Kénadsa qui descend du pâté montagneux dans lequel est situé ce qu’on appelle les ksours du nord : Moghol, Lahmar, Boukaïs, Sfissifa, Beni Ounif,… ».


    A la différence du Ksar de Kénadsa qui est le siège de la prestigieuse Zaouïa Marocaine « Ziania » (de Sidi M’hamed Ben Bouziane) et par conséquent centre culturel rayonnant sur la région depuis le 17éme siècle, Bechar est un ksar anodin, parmi les autres ksour de la région. C’est en fait la conquête française qui a fait sortir ce ksar de l’anonymat. Longtemps avant une population était installée là.


    Les Berbérophones jardiniers, agriculteurs installés à Ouakda dans le nord de Bechar, les Arabophones et musulmans installés dans le Ksar de Tagda. Les besoins important des effectifs militaires attirèrent des commerçants qui vinrent s’installer aux alentours du poste. Avec l’arrivée du Chemin de Fer, le passage des caravanes vers les pays subsahariens qui trouvèrent un marché. Bechar devient la ville rayonnant sur l’ensemble de la région du sud-ouest de l’Algérie française et même du sud-est marocain


    A défaut de documents écris, ce sont les légendes qui peuvent donner quelques éléments d'informations sur l'origine du vieux ksar de Bechar. Mohamed Ould Cheikh, un écrivain natif de la région, dans son roman « Meriam dans les palmes »  paru en 1936, donne une version de la légende de Bechar. "Les Réquass ( les convoyeurs courriers) des régions avoisinantes venaient recueillir sur le site du ksar de Tagda des nouvelles".


    C'est ainsi que l'on donna le nom de Bechar le qualificatif "Bechar" signifiant celui qui apporte la bonne nouvelle (labchara). Ce qui laisse supposer que la région était une étape importante sur la voie de passage très fréquentée par des voyageurs ou des caravanes véhiculant des nouvelles.  Une autre légende recueillie localement, citée dans un livre, avance que le nom de Bechar viendrait du fait qu'un musulman envoyé, par un Sultan, reconnaître cette région entre le 9éme et le 15éme siècle en aurait une outre pleine d'eau limpide, d'où le qualificatif tiré de la racine "béchara" (donner la bonne nouvelle), qui lui aurait été attribué, ainsi qu'à la région


    Le Sud-Oranais était le point de contact de la pénétration saharienne et de la pénétration marocaine. Dès la conquête des oasis, la France avait été amenée à utiliser la ligne de communication naturelle de la Zousfana et de la Saoura pour relier les régions nouvellement occupées au Sud du département d'Oran. Mais on ne pouvait guère s'établir dans le fossé, c'est-à-dire dans la vallée de la Saoura, sans être obligé de s'assurer en même temps le talus qui le borde, c'est-à-dire la région des Ouled-Jerir et des Douï-Meniai. Aussi, dès son arrivée à Aïn-Sefra, le général Lyautey prépara l'installation à l'Ouest du Jebel-Bechar d'un  poste qui fut créé le 11 novembre 1903,et qui prit le nom de Colomb-Béchar.  Le chemin de fer, poussé avec activité, atteignait Jenien-bou-Rezg en 1900(ce Jnien-Bou Rezg est actuellement le camp d’entraînement militaire du Polisario), Beni-Ounif, à 4 kilomètres de Figuig, en 1903, Colomb-Bechar en 1905. Ainsi, depuis 1900,


    Un officier Français qui devint plus tard le Gouverneur de Bechar,laissa entendre qu’ «  en l'espace de cinq ans, nous nous étions installés dans les oasis sahariennes, puis dans la Zousfana et la Saoura et en dernier lieu à l'Ouest du Bechar jusqu’au lieu dit « L’mrija » une très petite localité située au pied de la Hamada de Guir ».


    C’était un résumé d’histoire du Sahara marocain oriental, mettant en exergue la légitimité des terres marocaines spoliées et les frontières marocaines avec l’Algérie, ce mauvais voisin de toujours, que je développais, selon ma modeste connaissance en la matière. Qui se basait en grosso modo sur le résultat de quelques recherches effectuées sur peu de documentation de référence, soit en internet, soit en livres ou missives concrets .


    Je souhaite sincèrement avoir collaboré avec cela, à démentir les alibis mensongères et  les hypothèses inacceptables des algériens, qui se ventent de dire toujours, et sans aucune honte ,que ces territoires sont des terres purement algériennes, héritées du colon français par sacrifices du peuple Algérien. Position négative envenimant toute entente éventuelle entre nos deux pays. Reste à dire que : l’histoire est pas une prédiction,elle n’est pas du tout facile à déformer, ou à tailler à sa mesure.  La spoliation des terres d'autrui  est un crime qui,doit cesser tôt ou tard. L'Algérie doit revenir à la raison pour son bien, et pour le bon voisinage.


    Alors que le droit marocain sur ces territoires ne pointe point le bout de son nez,ne revètant nullement l'aspect subjonctif ,puisqu'il est légitimement persistant depuis l'antiquité. L'Algérie qui est donc prise à partie, doit raisonner pour sortir de la zone d'ombre de cette affaire primordiale,trés chère au peuple Marocain.Bonne lcture

                                                                                Cordialement,Chihab-25