V.-A l'ombre du trône Marocain (Les 12 mousquetaires PJD)
Suite..
Les douze mousquetaires du premier gouvernement PJD
Les contradictions Chabatistes..Le Secrétaire général du parti de l’Istiqlal, M. Hamid Chabat, continue de bousculer la donne politique, il vient de déclarer que l’alliance de sa formation avec le PJD s’achèvera en 2016, à la fin donc de la présente législature, comme si la chose revenait à une sorte de mariage de confort (ou de plaisir)… Chabat, le cycliste redéssine, à mon avis les séquences d'un film libanais où des jeunes avaient une certaine préférence pour les femmes veuves,ou divorcées, avec lesquelles il passaient quelques instants, avant de leur remettre leur dû, et mettre fin à la courte relation au terme de la courte union…La politique que veut suivre M.Chabat n'éxclu pas son savoir faire, hérité de son ancien métier de cycliste qui mélange la colle aux bléssûres des chambres-à-air avec le dressage des jantes par serrage et ajustage de rayons, et graissage des roues-libres des vélos.
La déclaration du leader Istiqlalien dénote d’une fine intelligence car en disant ce qu’il a dit, il a fixé l’âge et la durée de son alliance avec le PJD à l’exacte période qui reste à ce gouvernement quand, techniquement, il y sera mis fin par l’annonce des élections législatives à venir ; le scrutin se tiendra, donnera naissance à une nouvelle carte politique et donc à de nouvelles alliances et de nouveaux rapprochements, entre l’Istiqlal, le PJD et bien d’autres encore. Mais, en tout état de cause, la coalition qui naîtra de tout cela sera de nature différente à celle que nous vivons actuellement.
Ces propos étonnants de M. Chabat sont intervenus à un moment crucial de la majorité gouvernementale, où la lutte fait rage entre deux partis, mais cette fois non entre Istiqlal et PJD mais entre MP et PJD. Le conflit a éclaté entre ces deux partis à l’issue du scrutin partiel organisé le 28 du février dernier dans cinq circonscriptions, dont deux ont été remportées par le MP, et une pour chacun des autres partis de la majorité (PJD, Istiqlal et PPS).
Hamid Chabat ne laisse passer aucune occasion de livrer son opinion sur les alliances, telles qu’elles sont universellement connues, où chaque partenaire doit coordonner son action avec les autres et où les autres acteurs se doivent de prendre des décisions communes, et s’y plier. Or, selon le nouveau dirigeant de l’Istiqlal, le rapprochement électoral qui a eu lieu entre PJD et PPS n’est pas celui de la majorité mais de deux seulement de ses éléments. Chabat conteste donc cette alliance électorale qui a permis au n°3 du gouvernement, le MP, de prendre l’avantage sur le n°2, l’Istiqlal. Question numérique, donc…
En politique, un plus un peut tout donner sauf deux… Et ce que veut dire M. Chabat est que les 5 sièges en jeu lors de cette partielle auraient pu être équitablement répartis entre les partis de la coalition gouvernementale, mais il semblerait que M. Benkirane n’ait pu résoudre cette équation quelque peu difficile. Mais là aussi, nous sommes face à un mariage de confort, sauf que cette fois c’est entre l’élu et son fauteuil, un confort, un plaisir qui ne dure que l’espace de cinq années…
Le PJD cherche d’autres alternatives..Apparemment, cette situation pousse le PJD à chercher d’autres alternatives au cas où Chabat mettrait ses menaces à exécution. C’est une véritable course contre la montre que mène le PJD pour trouver une solution au "dilemme" que lui a imposé Hamid Chabat depuis son accession au secrétariat général du Parti de l’Istiqlal. Ce dernier a, en effet, réclamé à maintes reprises un remaniement ministériel et a menacé récemment de se retirer de la coalition gouvernementale.
Selon certains médias, c’est Abdallah Baha, le ministre d'État sans portefeuille et la «boîte noire» de Benkirane, qui mène des tractations avec l’UC 'l'Unuin Constitutionnelle) qui dispose de 23 députés à la Chambre des représentants et le RNI(le Rassemblement Nationale des Indépendants) qui en a 52 pour les convaincre d’intégrer le gouvernement de Benkirane au lieu et place du parti de l’Istiqlal qui dispose de 60 députés.
Un responsable de l’UC qui a requis l’anonymat dans une déclaration à «Libération» tranche «On n’a reçu aucune offre officielle à ce propos. Certes, il y a des contacts entre les deux partis au niveau du Parlement, mais cela ne signifie pas qu’il y ait des négociations à ce sujet». Cependant, ce responsable reste ouvert à toute discussion, mais non sans conditions, car il ne s’agit pas d’entrer ou de sortir du gouvernement. Il y a des rites d’entrée et de sortie qu’il faut absolument respecter. On ne cherche pas seulement les sièges. Selon nous, la question qui se posera est la suivante : sur quelles bases on devrait intégrer le gouvernement ?», précise la même source.
En 2011, l’UC voulait à tout prix s’arrimer à la majorité actuelle et il est même resté dans l’expectative jusqu’à la formation de l’actuel cabinet où il ne s’est vu octroyer aucun maroquin. Le cas du RNI reste difficile à appréhender. En 2011, ce parti a refusé catégoriquement de participer à un gouvernement présidé par le PJD, même si certains cadres de ce parti se sont prononcés en faveur de cette participation.
Mais une question se pose : le RNI acceptera-t-il ce qu’il a refusé il y a un an ? Qu’est-ce qui a changé depuis pour qu’il change de position ? le journal Libération, organe de l'USFP a tenté de recueillir l’avis des dirigeants du RNI, mais ce fut silence radio. Cependant, selon une source bien informée contactée par ce journal, la question de la participation du parti au gouvernement Benkirane reste encore ouverte. Et certains responsables du RNI optent pour l’intégration de leur parti à la suite d’un éventuel remaniement ministériel. «Ces responsables veulent couper l’herbe sous les pieds du Parti de l’Istiqlal surtout que la relation entre les deux partis était conflictuelle lorsqu’ils formaient, avec d’autres partis politiques, la coalition gouvernementale», précise la même source.
Si le PJD passe à l’opposition?.. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, commence à désespérer de la coalition gouvernementale qu’il conduit, perdant peu à peu son optimisme quant au gouvernement qu’il dirige depuis maintenant plus d’un an. Devant un parterre de conseillers de son parti, il a évoqué pour la première fois l’éventualité d’un départ du PJD de la présidence du gouvernement. Il disait : « Que peut-il donc bien se produire si nous devions passer à l’opposition ? ». Voilà pour le côté politique… Sur un plan plus personnel, Benkirane a été puiser dans le "répertoire de Chafiî" pour montrer son désintéressement et aussi sa préparation à un affrontement éventuel avec ses adversaires, rappelant ainsi que s’il vit, il aura toujours une bouchée de pain pour se sustenter et que s’il venait à mourir, il trouvera bien un trou pour y être enseveli.
Le chef du gouvernement n’a pas parlé directement du conflit qui oppose le gouvernement à des centres de décision autres que le sien, mais il y a fait plusieurs fois allusion, de manière chaque fois différente, indiquant que ces centres ont des voix qui portent leurs idées, des causes qui les animent, des résultats qu’ils entrevoient et des solutions qu’ils peuvent mettre en place.
Ainsi donc, Chabat n’est pas le problème principal qu’il doit affronter, le leader de l’Istiqlal n’étant que cet arbre qui cache la forêt. Le problème réside en fait et en réalité dans cette entente à réaliser avec d’autres centres d’influence au sein de l’Etat. Cela n’est plus un secret pour personne, sinon Benkirane n’aurait eu nul besoin d’évoquer l’éventualité qu’il quitte la primatie pour s’en retourner sur les bancs de l’opposition, de même qu’il n’aurait pas parlé du soutien populaire à son expérience au pouvoir, si les gens voyaient en cet Exécutif un défenseur de leurs intérêts. Nous sommes donc aujourd’hui face à la plus grave crise qu’affronte le gouvernement depuis son installation, voici un peu plus d’une année. Que faire donc, M. Benkirane, pour sortir de cette configuration de crise ?
Le chef du gouvernement entrevoit une solution qu’il a exprimé exactement de la manière suivante (la vidéo est visible sur le site du PJD) : « Si Sa Majesté me demande de partir, je partirais » ; puis, sans doute pour atténuer la force et l’impact de ces propos, il a ajouté : « Dans tous les cas de figure, je resterai aux côtés du roi, car vous connaissez mes convictions constantes au sujet de la monarchie ».
Benkirane lance donc la balle dans le camp du palais royal, et affirme être tout à fait disposé à remettre les clés si le roi le lui demandait, bien que le souverain ne dispose pas des pouvoirs constitutionnels pour démettre le chef du gouvernement. En revanche, le roi a la possibilité de dissoudre le parlement et de convoquer de nouvelles élections, anticipées, afin de dégager une nouvelle majorité, un nouveau parti vainqueur et donc un nouveau chef du gouvernement, mais à travers les urnes, et seulement les urnes.
En disant ce qu’il a dit, Abdelilah Benkirane privilégie une solution politique, mais ni légale ni constitutionnelle, car la loi fondamentale confère au chef du gouvernement, lui aussi, le droit de dissoudre le parlement et d’appeler à des élections avant l’heure, s’il venait à être convaincu qu’il ne peut plus gouverner avec une majorité cohérente et homogène qui lui permettrait de solutionner les problèmes du pays sans anicroches ni accrochages. Ces élections serviraient aussi au chef de la majorité gouvernementale pour savoir si le peuple est toujours derrière lui ou s’il a décidé de changer l’équipe qui conduit sa destinée au niveau exécutif.
Mais, on s’en souvient, lors de sa première sortie télévisée, aussitôt après sa désignation à la tête du gouvernement, Benkirane avait dit à une journaliste que « s’il ne peut plus assumer ses responsabilités gouvernementales, il renoncerait et s’en irait» Fin de citation.
Aujourd’hui, le discours a changé… Benkirane lie son départ à une demande royale dans ce sens. Ceci est une évolution par rapport à ce que vous vous étiez fixé comme conduite en cas de problèmes, M. le chef du gouvernement… Et puis, n’oublions pas qu’une grande partie des problèmes de Benkirane viennent de sa propre décision de mettre de côté la constitution pour régler les problèmes qui surviennent et les crises qui éclatent. La plupart du temps, Abdelilah Benkirane trouve des solutions en dehors de ses attributions et des institutions constitutionnelles, et cela n’a jamais aidé en rien le perfectionnement des instruments offerts par la constitution et la toute jeune expérience que le chef du gouvernement pleurait, affirmant que ce n’était absolument pas une partie de plaisir.
Benkirane est passé maître dans l’art de dire avec une certaine légèreté les choses les plus importantes et les plus sensibles, mais en agissant ainsi, il se réserve une porte de sortie de secours, dans le cas où ses propos déplairaient ou susciteraient un mouvement d’humeur ici ou là. Il fait ainsi preuve d’intelligence, mais aussi d’adaptation à l’environnement complexe au sein duquel il évolue. L’exemple de cela est fourni par cette comparaison qu’il a osée avec une cérémonie de circoncision – visant bien évidemment le tumulte de la note (!) qui lui remettait Chabat. La situation qui est la nôtre aujourd’hui me fait penser à celle «d’un enfant qu’on s’apprête à circoncire, en plein milieu du vacarme des tambours et des trompettes, bien qu’il n’y ait pas de corrélation entre l’acte opéré sur l’un et la fête animée par les autres. Si les gens s’occupent trop des tambours, ils ne pourront plus prêter une grande attention à l’enfant qui subit son opération ».
Le chef du gouvernement a toutefois pris le soin de demander aux journalistes de ne pas sortir la métaphore de son contexte, et c’est exactement ce qu'ils ont fait en lui disant : « Ne vous occupez pas des flonflons autour du gouvernement, contentez-vous d’identifier leurs auteurs, et concentrez-vous sur ceux qui veulent circoncire le gouvernement ; c’est là que vous devez regarder pour voir et comprendre ce qui se passe exactement.
Revenons à la réalité. Voici quelques jours, deux sœurs se sont noyées dans un cours d’eau proche de Larache, l’une était âgée de 21 ans, l’autre de 14, parce que personne n’avait prévu de construire un pont reliant les deux rives. Les deux défuntes travaillaient à Tanger et, à l’occasion de Aid ElMouloud, avaient décidé de rendre visite à la famille, du côté de Larache… sauf que l’oued avait un avis contraire et s’est chargé de les garder sur son lit.
C’est cela, cette réalité que nos politiques veulent nous cacher à travers leurs pitreries de si mauvaise facture que ça en devient une insulte à l’intelligence des Marocains. Hamid Chabat est le Secrétaire général du parti de l’Istiqlal et Abbas el Fassi était le député de Larache cinq années durant, c’est-à-dire dans la région même où n’existe pas ce pont qui aurait pu sauver les deux jeunes filles en reliant les douars de la région au monde extérieur… Abbas n’avait jamais visité sa circonscription depuis sa « victoire » électorale, tout le monde connaissant l’histoire de son succès face à son adversaire… Mais Chabat a appelé Benkirane à débattre et a oublié d’appeler son parrain Abbas à aller à Larache.
Quant à Benkirane, il est le chef du gouvernement, et à ce titre sait que les démons et les crocodiles ne peuvent en aucune manière l’empêcher de rendre visite aux coins reculés du pays, là où il n’existe ni ponts, ni écoles ni hôpitaux. Il sait lui, que dans l’oued qui a emporté la vie des deux malheureuses, il n’y a pas de crocodiles, mais plutôt une grande corruption… car le budget qui devait servir à la construction de ce pont a été englouti voici bien longtemps par des voleurs que lui, Benkirane, connaît parfaitement. Seulement voilà, au lieu de les démasquer et de dévoiler les noms de leurs semblables, il a choisi de s’engager dans la voie de l’amuseur public qui divertit et qui distrait. Et c’est pour cette raison qu’il a lancé aux gens de Davos que le Maroc est un pays splendide, magnifique. Quel est donc ce pays magnifique, splendide, ou deux jeunes personnes dans la fleur de l’âge se noient dans un fleuve parce qu’aucun pont n’a jamais été construit dessus ?
La démocratie vue par ses adversaires..Par chance, la démocratie a ses principes et son cadre déjà définis théoriquement et appliqués effectivement dans le monde à travers les trois grandes vagues de démocratisation, avant que la 4e ne touche les pays arabes ; et par chance aussi, et en dépit des différences et des contextes culturels et sociaux, le fondement principal de la démocratie – la volonté populaire et l’élection des gouvernants – est resté intact et inamovible.
Mais les paradoxes viennent, comme toujours, du monde arabe, et plus précisément des pays qui ont connu des mouvements de contestations populaires, en l'occurence.. Tunisie, Lybie, Egypte, Yemen, La Syrie en déflagration actuellement et l'Algérie ultérieurement Incha Allah. Bien que chacun de ces pays garde ses particularités et a imprimé son rythme propre à l’instauration d’un système démocratique et à la définition des règles de fonctionnement politique. Cependant, les comportements de certaines forces ramènent sur le devant de la scène la question de l’assimilation démocratique par elles et, plus précisément, de la nature des fondements de la légitimité démocratique.
Ainsi, au Maroc, bien que les tensions soient moins crispées, personne ne comprend plus certaines formations d’opposition qui se sont mises à émettre des pensées confuses reflétant une réelle difficulté d’assimilation du concept de la démocratie, voire montrent un abandon de la logique même de ce concept. Ainsi donc, il existe dans l’opposition des partis qui remettent en cause la réforme de la Compensation parce que, disent-ils, le gouvernement ou certaines de ses composantes pourraient profiter électoralement de la politique d’aide directe aux pauvres et aussi parce que, disent-ils encore, ce projet de réforme toucherait au pouvoir d’achat des populations, et essentiellement les classes moyennes.
Ces attitudes contradictoires – bien qu’elles soient de moindre intensité que celles ayant eu lieu en Egypte, en Tunisie et en Lybie – laissent croire à un véritable problème d’assimilation de l’idée de démocratie et la difficulté d’accompagner une expérience démocratique à l’élaboration de laquelle les partis affichant ces attitudes n’ont pas participé, pas plus qu’ils ne sont intervenants dans sa réalité.
Le fondement de base veut en théorie que quand un gouvernement lance une politique ou entreprend une mesure, il le fait dans une logique réformatrice qui aboutit nécessairement, toujours théoriquement, à un regain de popularité de ce gouvernement et des partis qui le composent… de même que l’opposition, en critiquant cette politique ou cette mesure, le fait en s’appuyant sur un argumentaire de nature, encore théoriquement, à élargir sa base sociale, et donc électorale, afin d’accéder à son tour, lors des élections prochaines, aux postes de responsabilité.
Le socle théorique et virtuel de la démocratie..C’est cela, donc, le socle théorique et virtuel de la démocratie, du moins telle qu’elle a été appliquée dans les sociétés démocratiques. Aussi, s’opposer à un projet de réforme en avançant des arguments contradictoires avec l’esprit de l’idée même de démocratie pose la question de l’assimilation de cette idée, en plus d’une certaine confusion dans le choix des arguments, tiraillés entre l’attrait populaire d’une réforme et la crainte de toucher à des catégories déterminées – la classe moyenne… Tout cela montre bien un manque de confiance en soi de la part de ces forces d’opposition qui ne se contentent plus de jouer sur un seul tableau (la crainte de popularité de l’adversaire), mais deux (ajoutant l’inquiétude pour les classes moyennes)…
Or, il apparaît que le manque de confiance ait atteint son paroxysme puisque ces partis d’opposition brandissent un troisième argument qui est celui de leur non implication dans cette réforme par le gouvernement. Autrement dit, ces formations disent : nous ne laisserons pas le gouvernement bénéficier d’un soutien populaire en raison de sa politique, et pour cela, nous essaierons de convaincre les électeurs que cette politique touche à leur pouvoir d’achat(l'exemple de M.Daedeaâ du FDT au sujet du prix de la bière), et dans le cas où cela ne suffirait pas et que nul ne soit vraiment persuadé qu’il y a là atteinte au panier de la ménagère, alors nous dirons que ce gouvernement ne nous a pas impliqués dans sa décision sur ce dossier très sensible de la Compensation !
En conclusion, le cas de notre pays, à des degrés divers, montre bien la crise des oppositions politiques et la vacuité de leur discours, en plus de leur non assimilation de la logique démocratique, si ce n’est leur incapacité à s’adapter à ses règles. Ces formations sont donc très loin de pouvoir adopter un comportement qui aille avec la nouvelle donne politique en leurs Etats majors respectifs.
Les deux poids et deux mesures de l'USFP..Donc, quand Mohamed Achaâri de l'USFP, regrette la participation des socialistes au gouvernement Jettou, serait-il en train de regretter par la même occasion que ses camarades et lui aient défendu en ce temps la stabilité politique du pays?
Mohamed Achaâri sera resté 9 ans au gouvernement, et il en aura connu trois successifs… Ses regrets auraient été plus facilement admis s’ils étaient intervenus à la 5e, 6e ou même 7e année de sa présence au gouvernement, mais qu’il reste 9 ans au gouvernement et qu’il attende cinq ans après en être sorti pour venir faire part de ses regrets d’y être entré en 2002, puis qu’il réagisse à l’échec de sa motion présentée lors du dernier congrès de l’UFSP, dans ce cas, il faudra une sérieuse dose d’amnésie à l’opinion publique pour qu’elle donne suite aux propos du personnage.
Il ne faut pas oublier non plus que Mohamed Achaâri, en qui la presse avait perdu à son entrée au gouvernement une plume d’une rare finesse, dans la narration et dans l’humour le plus caustique, avait cédé – avec ses pairs – aux appels de sirènes du gouvernement et avait aussi – toujours avec ses camarades – avalé la couleuvre de la mise à l’écart d’el Youssoufi ; tous ces socialistes avaient donc accepté d’entrer dans un gouvernement technocrate, en dépit de la pole position qu’avait occupée leur formation aux législatives.
Et ceux qui n’avaient pas eu la chance d’accéder au gouvernement avaient été largement dédommagés par des hautes fonctions dans des grandes administrations et/ou entreprises publiques ; Ahmed Lahlimi avait hérité du HCP (Haut Commissariat au Plan) et Khalid Alioua avait atterri au CIH(Crédit Immobilier et Hotélier), les deux personnages ayant été à ce moment la matière grise principale sur laquelle s’appuyait Mr. Abderrahmane el Youssoufi.
Mais la roue a tourné, et voilà qu’aujourd’hui Khalid Alioua, ancien porte-parole du gouvernement, est en prison pour des accusations se rapportant à la dilapidation de l’argent public. Son avocat n’est autre que Driss Lachgar, le nouveau patron de l’USFP et aussi le ci-devant président de la commission d’enquête parlementaire sur le CIH, au sujet duquel Alioua est incarcéré.
Durant leur passage dans les trois gouvernements, ou quatre, les socialistes avaient été en charge de ministères très sensibles en rapport direct avec les vies et les existences des gens. Il serait honnête et équitable de reconnaître à Benkirane qu’en arrivant à la présidence du gouvernement, il aura trouvé l’héritage de l’USFP. Et c’est pour cela que le chef du gouvernement a bien raison de dire qu’il ne peut solutionner en un an ce qui a été vicié de longues années durant, d’entières décades pour être plus précis.
Et lorsque les élus socialistes entreprennent d’épingler Benkirane sur tel ou tel sujet, dans tel ou tel département, il leur rappelle allusivement que ce qu’il a trouvé en arrivant, c’est ce qu’ils avaient laissé, eux, en partant, que cela soit dans le domaine de la Justice, ou de l’éducation ou des finances. En effet, la situation actuelle de la pauvreté, de l’analphabétisme, du déficit public, du chômage, du sous-développement en matière de la recherche et de l’université, tout cela est un legs des socialistes et de leurs alliés, du temps où ils «gouvernaient» ; et la même chose s’applique aux autres députés des autres partis qui crient fort au parlement contre Benkirane et ses hommes et femmes.
Les socialistes ont abandonné El Youssoufi car ils voulaient rester au gouvernement dont ils ont appris à goûter les délices ; et aujourd’hui, ils abandonnent le dernier bastion socialiste après qu’ils aient empêché le maire d’Agadir, Tarik Kabbaj, d’accéder au Bureau politique, en raison de ce qu'il aurait pu provoqué de "bruit" lors des festivités de l'allégence à Tétouan.
L’USFP, dans sa version El Youssoufi, s’est terminée, étroitement liée à cette idée de l’incarcération de Khalid Alioua pour abus de biens sociaux. Et voilà qu’aujourd’hui, on voit comment des dossiers sont en train d’être préparés pour moult dirigeants du PJD, en prévision de leurs jugements futurs et de l’implication du PJD dans des scandales de dilapidation des deniers publics : Belkora, l’ancien maire de Meknès ; pour falsification et trafic d’influence : Moaâtassim, l’actuel chef de cabinet du chef du gouvernement ; pour trafic de drogue et évasion fiscale : Abdelmoula, l’ancien maire de Tanger ; pour meurtre: Moh Rejdali, l'ancien maire de la ville de Temara pour prolifération de bidonvilles et corruption.Et pourquoi pas éventuellement l'implication pour diffamation,des deux gamins gâtés du PJD, Aftati et Hamieddine à cause de déclarations excessives et imprudentes qu'ils distribuent à tort et à travers.
Toutes les décisions prises par le parti de Benkirane depuis qu’il est arrivé au «faîte du pouvoir» sont de nature à éroder sa popularité et à réduire son influence sur les populations… Augmentation des prix, plus d’impôts, aggravation de la criminalité, croissance de la dette interne et externe, baisse des revenus touristiques, élévation du nombre des accidents de la route, plus de chômeurs… tous les indicateurs sont passés au rouge, en seulement un an.
En contrepartie, ce que le parti trouve à dire pour justifier sa crucifixion est de dire et de redire, et d’insister qu’il est là pour sauver le pays et garantir la stabilité de l’édifice… le même argument qu’avançaient les ministres socialistes pour expliquer leur position au gouvernement, et parmi eux Mohamed Achaâri.
Voilà pourquoi Benkirane et ses amis peuvent se rassurer quant à leur maintien en poste durant les quatre années qui restent pour la fin de leur mandat. Ils peuvent même être sûrs qu’ils rempileront, une fois leur temps arrivé à terme. Le centre de chimiothérapie a besoin de temps. Et lorsqu’ils achèveront leurs cinq années, ils en auront cinq autres, en remerciement d’avoir accepté de se faire enlever les dents et de se les être vues remplacées par d’autres qu’ils pourront ôter toutes les nuits, avant de s’endormir, en les mettant dans un verre d’eau…
Les partis qui ont des dents ont une seule alternative face à eux, deux options, pas une seule de plus : soit ils acceptent de se voir briser les dents, soit ils se laissent faire et se les font arracher grâce au puissant somnifère de l’autorité. C’est cela la vraie réalité de l’USFP aujourd’hui, une bouche sans dents pour mordre. Et il est plus que probable que dans dix ans, cela sera également la situation du PJD. Mais au moins, on peut dire que les chefs du PJD ont des barbes qui pourront alors masquer leurs nouvelles dents.Bonne lecture.Chihab25.
A suivre..