VI.A l'ombre du trône Marocain (Le gouvernement des affaires corantes)
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Un gouvernement des affaires courantes, ou presque.
Revenant à l'affaire Lachgar-Zaidi..Avant de parler du gouvernement des affaires courantes, je voyait qu'il est encore utile de continuer d'éplucher davantage le leader de l'ex-gauche d'autrefois. Selon Abdelali Doumou, un important dirigeant de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), c’est le ministère de l’intérieur, appuyé par la DST, la police politique, qui ont fait élire Driss Lachgar à la tête du parti lors du dernier congrès. Dans une conversation enregistére par téléphone avec un quotidien Marocain, que, Doumou explique avec moult détails comment M.Charki Draiss, le ministre délégué auprès du ministre de l’intérieur a bien mené ce grand dessin..! Il s’est inscrusté, selon Doumou, dans les débats et a littéralement organisé l’élection de Driss Lachgar au poste de premier secrétaire de l’USFP, alors que ni les militants ni les dirigeants du parti n’en voulaient.
Ce témoignage qui sort de l'enceinte du parti de la rose, ou plutôt, cette grave accusation ne peut être qu'à base de preuves écrasantes, dont dispose M.Doumou, qui ajoutait avec une certaine certitude que M.Draiss se chargeait de dire aux dirigeants nationaux de l’USFP que « le roi voulait Lachgar » à la tête de l’USFP, et dans les provinces, M.Hammouchi, le patron de la DST, transmettait le même message aux élus et responsables locaux du parti. Un parti qui, malgré lui, ne sortira pas grand dans cette affaire censée le placer dans l'ordre de ce qu'on appelle les "partis administratifs".
Si on croit ces propos, le dingue politique, c'est celui qui en croirait que l’ère du choix et de nomination des dirigeants des partis par les démonts de l'ancienne résidence du général Lyauté est révolue avec la nouvelle constitution. Il en aura tort s'il y croit aveuglement, car la démocratie tier-mondiste,ou plutôt la démocratie en général, se pratique et se construit au compte goûttes,tant que notre électorat n'est pas mûr, du fait que l'électeur Marocain, -pas l'électeur noble, celui qui couvre et protége sa dignité-, se contente de déguster dévouement l'argent sale contre sa voix électorale.
La démocratie n'est pas un jeu, ou un moyen si simple pour jongler comme on veut!. C'est une éducation, une pratique politique générale et une valeur ajoutée à une citoyenneté civilisée. Ce n'est pas le cas, que nous vivons, malheureusement aujourd'hui avec les contradictions et l'anarchie politique que nous imposent des apprentis, issus d'une mauvaise élite politique, parue subitement d'un soit-disant printemps Marocain.
L’USFP de Lachgar ?..Depuis qu’il a été élu à la tête de l’Union socialiste des forces populaires lors du dernier congrès du parti, l’avocat Driss Lachgar n’en finit pas d’aller de déboire en déboire. Le parti qui fut jadis l’un des mieux organisés du royaume, n’est aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Juste après l’annonce de la victoire de Driss Lachgar, le parti a volé en éclats. Plusieurs ténors du parti ont préféré se retirer plutôt que de continuer à servir sous la bannière de l'avocat de Aâlioua et l’ancien ministre en charge des relations avec le parlement.
Son concurrent malheureux pour le poste de premier secrétaire de l’USFP, Ahmed Zaïdi, est aujourd’hui le seul patron d’un groupe parlementaire qui ne reconnaît pas l’autorité de Driss Lachgar. De même pour la jeunesse du parti, dirigée par Ali El Yazghi,le fils de Mohamed El Yazghi, qui a annoncé publiquement refuser toute relation avec le nouveau premier secrétaire. Quant au bras syndical -la FDT-, sa figure de proue Abderrahmane Azzouzi a été catégorique : aucun lien avec Driss Lachgar.Tandis que Abdelwahed Radi est condamné à passer sa retraite à l'Américaine, suivant l'orientation et le désir de son conjoint, la concitoyenne de Hilary Clinton.
Dans cette situation singulière, l’USFP officielle se retrouve amputée de ses dirigeants historiques, de la majorité de ses députés, de sa jeunesse et de son syndicat. De quoi donner du fil à retordre au premier secrétaire, nouvellement élu, qui devrait passer plus de temps à remettre de l’ordre d’un parti qui a implosé en mille et un morceaux que de faire de l’opposition au gouvernement de Benkirane et au PJD. Ceux qui ont misé sue Driss Lachgar seraient déjà en train de regretter amèrement leur choix.
Une plaidoirie qui ne fait pas l'innocence..Invité à l’Ecole de gouvernance et d’économie de Rabat, Driss Lachgar y a été de son scoop sur les rapports qu’entretiennent Sa Majesté le Roi Mohamed VI et le gouvernement PJD. Selon lui,et pour montrer qu'il est libre dans ses mouvements et n'est pas sous la tutelle du ministère de l'intérieur, comme d'autres chefs de partis politiques et qu'uniquement tout le monde l'envie,il a osé de dire et de répéter aux journalistes qu'y étaient présents, que :"Le cabinet royal a refusé la première mouture du plan législatif établi par Benkirane, car le Premier ministre donnait un «blanc seing» aux conseillers du souverain concernant la préparation de plusieurs lois organiques.Il ajoutait un anécdote, que le refus aurait été accompagné d’une recommandation ferme, Mr.Le Chef du gouvernement, “Exercez pleinement vos prérogatives!”.
Une Web-tv de gauche dite FAB-tv..Ce qui reste de positif à l'autre coté Usfpiste, les responsable de la Fondation Abderrahim Bouabid parlent un autre langage calme. Ce n’est certes pas la première web-tv au Maroc, un autre qui s'appelle "Yek-tv" existe depuis un moment déjà. Mais la FAB-tv portant le nom de la (Fondation Abderahim Bouaâbid) est spéciale. D’abord parce qu’elle est le porte-voix des fans de cette fondation, ensuite parce qu’elle tend à impliquer le spectateur dans la scène publique au Maroc, en posant les thématiques que jamais les autres chaînes nationales n’oseront aborder.
Le premier lancement de vidéos s’est fait sur Facebook. Très vite, les commentaires ont suivi, les critiques aussi mais surtout beaucoup d’encouragement. C’est que la Fondation Abderrahim Bouabid jouit déjà d’une grande notoriété. Sa web-tv ne peut être qu’indépendante, du moins pour l'instant.
Reconnue pour son engagement en faveur des valeurs démocratiques, La FAB a su tirer le bon enseignement de ce foisonnement désordonné d’images, d’idées, de thématiques et de débat que nous présentent au menu chaque semaine les chaînes: la 2M, la 1ère et Medi1-tv. Elle lance une web-tv avec pour mission de contribuer à la dynamisation du débat public, notamment chez les jeunes du parti de la rose. C’est en effet cette tranche d’âge qui est la plus présente sur le net et sur les réseaux sociaux.
Les émissions de FAB-tv devront permettre au web-spectateur de se forger sa propre opinion sur la situation turbulente politique, économique et culturelle dans le pays et ce à la lumière d’interventions directes d’acteurs effectifs sur la scène publique, ayant accès ou pas aux médias traditionnels. Le but en est d’engager le web-spectateur dans les réformes dont le pays a besoin, en l’amenant à réagir sur le web ou dans l’espace public. Visionner les vidéos sur le site dédié à la web-tv, ou sur facebook, conduit à une conclusion : il n’y a aucune intention de favoriser une orientation ou un mouvement quelconque. L’espace réunit des positions contradictoires, sur des questions très sensibles d’ordre politique, économique ou religieux.
On peut déjà y voir la position de Hamid Chabat, l'homme au sept métiers, sur les interdits religieux, sur son conflit artificiel avec le PJD; de Latifa Jbabdi, militante féministe et femme politique, sur la séparation des pouvoirs à la lumière de la nouvelle constitution, d’Amina Ayach, la présidente de l'Organisation des droits de l'homme, sur l’arabisation, ou encore de Khadija Riyadi, la présidente de l'Association marocaine des droits de l'Homme, sur les Fatwas et leur légitimité face à l’existence du parlement. Reportages, 12 questions à, conférences débats, cercles ou même des face à face. Les produits proposés par FAB-tv sont très diversifiés.
Si le web abonde déjà de mini-reportages improvisés, d’interviews prises à la sauvette ou de séquences volées de conférences, le résultat est souvent incomplet, orienté ou relayé à des fins politiques. La web-tv de la Fondation Abderrahim Bouabid a, elle, cette réputation d’œuvrer pour les valeurs démocratiques qui assurera certainement sa crédibilité et par conséquent son succès loin de l'anarchie qui sévit à l'Etat major de l'USFP aprés l'arrivée improviste "contestée" de Driss Lachgar à la tête du parti de Ben Barka.
L'opposition à nu..Benkirane est décidément un homme heureux et les évènements semblent jusqu’à présent le servir… La raison ? Une opposition châtrée et des adversaires politiques dépourvus de mordant. C’est pour cela que nous voyons le chef du gouvernement venir chaque mois au parlement, l’âme en paix et les sens sereins, un grand sourire aux lèvres, des lèvres qui dégoulinent de plaisanteries, d'humour et de bons mots… Et si un parlementaire, un seul, de l’opposition ose l’attaquer, alors il dégaine son sabre et se met à couper les têtes ici et là ; il a une parade pour chacun de ses contempteurs, un coup pour le ramener à de bons sentiments, pour le faire réfléchir à l’avenir plus d’une fois avant de penser à s’en prendre au chef du gouvernement.Benkirane s'il vient chaque mois chez Ghallab ou chez Biadillah, c'est pour s'entrainer pour mieux gouverner.
-Avec le PAM, Benkirane défouraille sa grosse artillerie, et il dépeint ce parti comme un monstre qu’il faut sans cesse frapper dans une œuvre pie contre l’impie qu’en fait le chef du gouvernement. Celui dit du parti de Bakoury qu’il est le parti de la corruption et de l’absolutisme, que ses chefs voulaient transposer le modèle du Tunisien Ben Ali au Maroc, qu’ils faisaient entrer sans raison aucune les gens en prison, et que par leur faute le « tagine » marocain avait failli brûler un certain 20 février… et donc, pour Abdelilah Benkirane, le PAM est le dernier à pouvoir et devoir ouvrir la bouche, à critiquer ce gouvernement qui est arrivé en sauveur de ce pays contre les turpitudes d’Authenticité et Modernité… Ainsi parle Benkirane.
-Avec l’USFP, le chef du gouvernement a recours à un argumentaire connu, facile et convaincant à la fois. Si les socialistes viennent à l’attaquer, eux qui ont passé 13 ans au gouvernement sans réaliser même pas 10% de leurs promesses, Benkirane leur réplique : « Et pourquoi donc n’avez-vous pas, vous-mêmes, fait ce que vous demandez, alors que vous êtes restés aux affaires plus de treize ans ? Voulez-vous que je fasse tout cela en l’espace d’un an ? Ceci n’est pas bien sérieux, Messieurs… votre propos est donc de parasiter cette expérience gouvernementale et de vous en prendre à ce parti auquel les Marocains ont conféré la première place, dans des élections incontestées ».
-Le RNI, maintenant… Le chef du gouvernement semble l’ignorer un peu, car il s’agit d’une formation d’opposition qui ne sait pas comment faire de l’opposition ; le RNI est ouvert à tous les vents et donc exposé à tous les maux. Et si jamais un mot échappe ici ou une critique fuse de là, de la part de Mezouar, Benkirane réagit alors avec la plus grande violence, s’abat sur lui comme un fauve en lui rappelant le scandale des primes et indemnités dont il est le héros, en ramenant sur le devant de la scène ce « putsch » entrepris par le président du RNI, avec le soutien du PAM, contre un homme correct qui était à la tête des Indépendants, Mustapha Mansouri.
Puis, dans la foulée, Benkirane revient sur cette expérience mort-née du G8… Après cela, le parti, qui n’a pas du tout été créé pour vivre ce genre de situation, se met en boule et court aux abris ; puis, ses membres vont dans les salons et les colloques internationaux se répandre en discours d’opposition dans lesquels Mezouar apeure tout le monde de l’épouvantail islamiste, met en garde ses auditeurs contre l’esprit barbare de ces mêmes islamistes et la menace qu’ils font peser sur les immenses avancées réalisées par le RNI et d’autres partis qui ont dirigé le pays des dizaines d’années durant sans réussir en réalité autre chose que le mettre en soins intensifs pour cause de crise cardiaque et cérébrale aussi…
-Venons-en maintenant à l’UC, et à certains perturbateurs au parlement : pour eux, Benkirane réagit au cas par cas, par exemple, le chef du gouvernement a poussé dans les cordes Driss Radi, le président du groupe de l’UC, ce parti en voie d’extinction politique. Acculé, Radi, un conseiller auquel est versée chaque mois une confortable indemnité que nous payons de nos poches, n’a rien trouvé de mieux à faire que de se dénuder et se montrer torse nu devant les citoyens d’abord, le gouvernement ensuite et, troisièmement, devant ses collègues parlementaires, et tout cela pour bien établir qu’il ne s’est pas engraissé et que l’accusation de corruption portée contre lui en filigrane dans les propos de Benkirane n’a pas de raison d’être.
Ainsi donc, ce très honorable conseiller de Sidi Slimane dans le Gharb a pensé qu’en montrant son ventre (presque) plat à l’Assemblée nationale et à la télé qui diffusait toute la scène en direct, il allait convaincre tout le monde de son innocence, de sa pureté, de la blancheur de ses desseins et de ses mains. M. Radi se fiche de son monde s’il pense que cet acte affligeant et burlesque le laverait des soupçons auxquels a fait allusion le chef du gouvernement, qui possède assez de moyens et d’instruments pour se permettre de lancer de telles accusations contre l’un des grands barons électoraux du pays. Mais, bien évidemment, rien n’empêche l’élu d’aller en justice contre le chef du gouvernement pour insultes et diffamations… rien ne l’empêche, non, s’il est persuadé que les dires de Benkirane sont infondés. Mais, en aucun cas, un député ou conseiller ou quoi que ce soit d’autre n’a le droit de se dévêtir au parlement et de transformer cette institution législative en une chose qui évoque un bain-maure (hammam beldi) où on ôte ses vêtements avant d’aller aux chambres de «chaud» et de froid.
Est-ce donc cela, l’opposition qui devra affronter Benkirane et son parti, l’opposition qui devra freiner l’irrésistible avancée programmée du PJD aux élections à venir ? Est-ce donc cela l’opposition à laquelle la constitution a donné davantage de pouvoirs dans le domaine du contrôle de l’action gouvernementale ? Cette opposition renforce le gouvernement au lieu de l’affaiblir… Cette opposition est en train de convaincre les adversaires – en plus des amis – du PJD qu’il n’existe pas de véritable alternative à ce parti, du moins dans la situation actuelle… et que le gouvernement, malgré ses défauts et ses tares, est bien meilleur qu’une opposition qui se dénude au parlement, sans même cette feuille de vigne pour protéger ce qui lui reste de pudeur.
Et c'est pour cela les pseudo-ministres MM. Mohamed ElWafa-PI et Lahcen Daoudi-PJD, les éducateurs présumés d' «Akeir Ezzamane» de nos générations, qu'on les voit ici en joie. Il leur en manquent que, Bent Si Allal pour le premier, et la vieille Gauloise pour le second, pour bien boucler la scène, et animer gratuitement la foule. Un geste charlatan équivalent à l'émission télévisée "Al HalQa" ce qui ne fait que botter largement le derrière de l'exécutif.
Un gouvernement de "Ma'chae Allah", qui lui faut un chien de guidage..Lorsque l'on considère, en profondeur, cette peur du chef du gouvernement de s'approcher de trop près des poches des riches, nous comprenons mieux, mais en allant en profondeur, vraiment et réellement. Et du fait que notre chef du gouvernement est passé maître dans l'art de transformer ses peurs en "courage" politique, il s'est décidé à recourir encore et toujours au discours, au Verbe, pour persuader les populations qu'il vaut mieux "maintenir une certaine distance" avec les riches car ce sont eux qui font tourner la machine économique, et que s'il leur fait peur ou même les inquiète avec cette histoire d'impôt sur la fortune, ils risquerait de tout arrêter, et la roue de l'économie avec.
Cette justification de Benkirane n'est pas entièrement fausse, mais il ne s'agit là que de la partie visible de l'iceberg. Quant à la véritable explication, elle consiste en cela que ces riches que Benkirane craint tant sont aussi et surtout les patrons des banques et des compagnies d'assurances, en plus de leur plus ou moins grande participation dans le capital social des grands groupes financiers du pays.
2012 Année blanche pour un gouvernement des affaires courantes...Quand, à la fin de l’année dernière, la presse avait qualifié en deux petits mots – « année blanche » – l’action du gouvernement sur une année, cela avait mécontenté nos ministres, barbus ou non ; et alors, le ministre de la Communication, Mustapha el Khalfi, avait fait une sortie remarquée où il avait égrené les réalisations et les performances de son gouvernement, promettant des jours radieux, mais à venir dans l’avenir, prédisant solennellement que les chantiers ouverts ici et là n’allaient produire leur fruit qu’en fin du mandat du gouvernement en 2016. Las…il nous suffit d’analyser les faits sur les 14 derniers mois – l’âge de ce gouvernement – pour nous rendre compte combien il piétine sur place, et dans quelle mesure il est en train de se transformer en gouvernement chargé quasi exclusivement de la gestion des affaires courantes, un gouvernement transitoire, en attendant la nomination d’une autre équipe qui, elle, prendrait et gérerait les grandes décisions… le genre de décisions que le bon peuple sentira dans son quotidien, dans sa poche, dans sa santé, dans son logement, sa dignité, ses médias, ses écoles, son administration, sa sécurité, sa diplomatie…
Survolons donc ce gouvernement et scrutons son action et nous vérifierons par nous-mêmes si elle est limitée aux affaires courantes ou pas…
Un éxécutif pantouflard..L’état actuel de l'Etat Marocain est fauché, le business tourne au ralenti, les banques n’ont plus de sous, des PME virent du monde, d’autres mettent carrément la clé sous le paillasson… C’est la crise. Une crise comme on n’en a jamais vécu. Et son paroxysme coïncide avec l’arrivée aux affaires du nouveau gouvernement dirigé par Abdelilah Benkirane. Ce serait injuste, voire malhonnête, de le rendre responsable de cette situation. Il en a hérité, il ne l’a pas créée. Mais c’est son job aujourd’hui de nous sortir de là, ou du moins de faire de son mieux pour aider l’économie à traverser cette période de vaches maigres en limitant la casse. Il s’est présenté aux élections, il les a gagnées, il a été nommé, personne ne l’a obligé… C’est donc à lui d’assumer. Mais là, force est de constater qu’on ne voit pas Benkirane se démener avec son équipe dans tous les sens pour régler des problèmes, pour gérer ces dossiers chauds qui surgissent chaque jour.
Prenez le cas du défaut de paiement de l’ONEE (Office National d'Eau et d'Electricité), qui met aujourd’hui en péril des centaines d’entreprises du secteur de l’électricité. On n’a pas vu le Chef du gouvernement convoquer le ministre de l’Energie, le patron de l’Office public, les représentants des sociétés concernées à une réunion marathon pour en sortir avec une solution. Un Driss Jettou l’aurait fait. Il aurait même trouvé le moyen de gentiment forcer la main aux banquiers pour soutenir ces boîtes et les aider à traverser cette mauvaise passe. Un autre cas parlant est celui du secteur de l’audiovisuel. Depuis l’adoption des cahiers des charges des chaînes publiques, c’est le flou total. Les sociétés de production sont au chômage technique en attendant que Mustapha El Khalfi prenne la peine de représenter sa copie devant le Conseil de gouvernement, puis devant la HACA afin de permettre une reconduction de certains programmes. Pourtant, cela fait un mois que le Secrétariat général du gouvernement l’a avisé de la nécessité de cette retouche réglementaire. Et, entre-temps, au moins deux Conseils de gouvernement se sont tenus.
Ce manque d’action gouvernementale et de réactivité réglementaire nous renvoie l’image de ministres pantouflards. Doucement le matin. Pas trop vite le soir. Des décideurs qui prennent tout leur temps avant d’agir, inconscients que le pays est dos au mur et que désormais chaque seconde compte. Et c’est valable pour tous les départements. La primature en tête. D’ailleurs, pourquoi un Benkirane n’est-il pas allé jusqu’au bout de son projet de réforme de la Caisse de compensation ? Certes, on lui a mis des bâtons dans les roues : un rapport sécuritaire pour le prévenir que les gens allaient descendre dans la rue si les prix augmentaient (le scoop !), une sortie médiatique d’un allié pour l’accuser de tentative d’achat de voix. Et ça a suffit pour que Benkirane fasse le dos rond. Comme s’il attendait le premier prétexte pour faire marche arrière et renvoyer le projet de réforme à l’année prochaine, inchallah…
Bref, on ne sent pas cette hargne chez Benkirane et chez sa team et sa trame de se battre tous les jours. De se tuer à la tâche pour faire bouger les choses. Eux préfèrent plutôt se gargariser à nous vendre leur vision d’une société parfaite où corruption, impunité et rente seraient éradiquées. C’est louable ! C’est nécessaire ! Mais ce n’est pas une raison pour tout arrêter. On peut essayer de réformer en avançant. On ne peut pas se permettre le luxe dans ce contexte de crise de tout remettre à plat. On n’a pas besoin aujourd’hui de professeurs de médecine pour théoriser au sujet des maux de notre société. On a surtout besoin d’urgentistes capables d’arrêter l’hémorragie, de sauver des emplois, de rassurer des investisseurs, de donner de la dynamique. Trois ans et demi encore à tenir avec Benkirane, c’est long, très long… Mais c’est le revers de la démocratie. Et c’est un passage obligé pour notre pays dans sa nouvelle ère !
Inutile de parler réforme..Les cahiers des charges de l’audiovisuel public de Mr.El Khalfi sont passés comme un nuage d’été au-dessus des têtes des généraux de la télé publique. Les Marocains n’auront aucunement remarqué que les choses ont changé, ni même qu’elles changeront un jour à venir.
La diplomatie de Mr.Otmani qui maîtrise bien l'art de parler à chaque occasion, dort en faisant la grâce matinée… sauf que cette fois, elle dort sur le côté gauche, si j'ose jumeler le PJD et le PPS, après un long sommeil sur le côté droit… Le palais royal, ou plutôt, le gouvernement à l'ombre vient de couper ce sommeil et de combler les vacances qui touchaient certaines ambassades restées veuves sans ambassadeur depuis des années. Le ministre des Affaires étrangères appartient à un parti qui conteste l’intervention de la France au Mali, alors même que son collègue de l’Intérieur chante les louanges de cette même intervention…Fin, donc, de cet éditorial, sans que nous ayons achevé cette histoire de gouvernement de gestion des affaires courantes… Conclusion : attention à la meute des loups qui s’en prennent toujours aux brebis sans défense…
Réformer par le cycliste et l'avocato..Nous avons ainsi pu observer comment Hamid Chabat, et au lieu qu’il ne propose des idées de réforme de la Justice, a demandé que ce département soit retiré au PJD. Et donc, c’est aujourd’hui la tête de Mustapha Ramid qui est réclamée, et non celui de la corruption, de l’inféodation du judiciaire au politique et de la lenteur et de l’injustice qui marquent nos tribunaux.Que veut-il ce Chabat du gouvernement Benkirane? Telle est la question la plus fréquente sur toutes les lèvres, Pas bien sûr, la réforme de la justice dans son vrai sens!. La réponse serait que le nouveau leader du parti de Si Allal veut récompenser ses partisans par quelques portefeuilles ministériels, à ceux qui l'ont aidé à décrocher le Secrétariat général du parti, dans le même temps, il veut liquider en parallèle le reste de l'héritage d'Al Fassi des positions influentes.
Il en va de même pour Driss Lachgar, qui a promis de mener une lutte féroce contre le gouvernement ; et ainsi, au lieu de faire montre de fermeté pour la réforme de la justice, voilà que cet homme menace de quitter le dialogue national parce que le ministère de la justice n’a pas donné suite à ses nombreuses demandes d’élargissement, en tant qu'avocat, de son ami Khalid Alioua.Bonne lecture.Chihab25
A suivre...